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connoître le Messie. Ainsi les preuves de la corruption des hommes et de la rédemption de Jésus-Christ, qui sont les deux principales vérités qu'établit le christianisme, se tirent des impies qui vivent dans l'indifférence de la religion, et des Juifs qui en sont les ennemis irréconciliables.

XII.

La dignité de l'homme consistoit, dans son innocence, à dominer sur les creatures, et à en user; mais aujourd'hui elle consiste à s'en séparer, et à s'y assujettir.

XIII.

Il y en a plusieurs qui errent d'autant plus dangereusement, qu'ils prennent une vérité pour le principe de leur erreur. Leur faute n'est pas de suivre une fausseté, mais de suivre une vérité à l'exclusion d'une autre.

Il y a un grand nombre de vérités, et de foi, et de morale, qui semblent répugnantes et contraires, et qui subsistent toutes dans un ordre admirable.

La source de toutes les hérésies est l'exclusion de quelques unes de ces vérités ; et la source de toutes les objections que nous font les hérétiques, est l'ignorance de quelques unes de nos vérités.

Et d'ordinaire il arrive que, ne pouvant concevoir le rapport de deux vérités opposées, et croyant que l'aveu de l'une renferme l'exclusion de l'autre, ils s'attachent à l'une et ils excluent

l'autre.

Les nestoriens vouloient qu'il y eût deux personnes en Jésus-Christ, parcequ'il y a deux natures; et les eutychiens, au contraire, qu'il n'y eût qu'une nature, parce qu'il n'y a qu'une personne. Les catholiques sont orthodoxes, parcequ'ils joignent ensemble les deux vérités de deux natures et d'une seule personne.

Nous croyons que la substance du pain étant changée en celle du corps de notre Seigneur Jésus-Christ, il est présent réellement au SaintSacrement. Voilà une des vérités. Une autre est, que ce Sacrement est aussi une figure de la croix et de la gloire, et une commémoration des deux. Voilà la foi catholique, qui comprend ces deux vérités qui semblent opposées.

L'hérésie d'aujourd'hui, ne concevant pas que ce Sacrement contient tout ensemble, et la présence de Jésus-Christ, et sa figure, et qu'il soit sacrifice, et commémoration de sacrifice, croit qu'on ne peut admettre l'une de ces vérités sans exclure l'autre.

Par cette raison ils s'attachent à ce point, que ce sacrement est figuratif; et en cela ils ne sont pas hérétiques. Ils pensent que nous exfont tant d'objections sur les passages des Pères cluons cette vérité; et de là vient qu'ils nous qui le disent. Enfin ils nient la présence réelle; et en cela ils sont hérétiques.

C'est pourquoi le plus court moyen pour empêcher les hérésies, est d'instruire de toutes les vérités ; et le plus sûr moyen de les réfuter, est de les déclarer toutes.

La grace sera toujours dans le monde, et aussi la nature. Il y aura toujours des pélagiens, et toujours des catholiques, parceque la première naissance fait les uns, et la seconde naissance fait les autres.

C'est l'Église qui mérite avec Jésus-Christ, qui en est inséparable, la conversion de tous. ceux qui ne sont pas dans la véritable religion; et ce sont ensuite ces personnes converties qui secourent la mère qui les a délivrées.

Le corps n'est non plus vivant sans le chef, que le chef sans le corps. Quiconque se sépare de l'un ou de l'autre n'est plus du corps, et n'appartient plus à Jésus-Christ. Toutes les vertus, le martyre, les austérités et toutes les bonnes œuvres sont inutiles hors de l'Église, et de la communion du chef de l'Église, qui est le pape.

Ce sera une des confusions des damnés de voir qu'ils seront condamnés par leur propre raison par laquelle ils ont prétendu condamner la religion chrétienne.

XIV.

Il y a cela de commun entre la vie ordinaire des hommes et celle des saints, qu'ils aspirent tous à la félicité; et ils ne diffèrent qu'en l'objet où ils la placent. Les uns et les autres appellent leurs ennemis ceux qui les empêchent d'y arriver.

Il faut juger de ce qui est bon ou mauvais par la volonté de Dieu, qui ne peut être ni injuste,

ni aveugle, et non pas par la nôtre propre, qui est toujours pleine de malice et d'erreur.

XV.

Jésus-Christ a donné dans l'Évangile cette marque pour reconnoître ceux qui ont la foi, qui est qu'ils parleront un langage nouveau ; et en effet le renouvellement des pensées et des desirs cause celui des discours. Car ces nouveautés, qui ne peuvent déplaire à Dieu, comme le vieil homme ne peut lui plaire, sont différentes des nouveautés de la terre, en ce que les choses du monde, quelque nouvelles qu'elles soient, vieillissent en durant: au lieu que cet esprit nouveau se renouvelle d'autant plus, qu'il dure davantage. L'homme extérieur se détruit, dit saint Paul (2 Cor., 4, 16), et l'homme intérieur se renouvelle de jour en jour; et il ne sera parfaitement nouveau que dans l'éternité, où l'on chantera sans cesse ce cantique nouveau dont parle David dans ses psaumes (Ps., 32, 5), c'est-à-dire ce chant qui part de l'esprit nouveau de la charité.

XVI.

Les anges la voient encore mieux, et de plus loin; car ils la voient en Dieu même.

Ceux à qui Dieu a donné la religion par sentiment de cœur sont bienheureux et bien persuadés. Mais pour ceux qui ne l'ont pas, nous ne pouvons la leur procurer que par raisonnement, en attendant que Dieu la leur imprime lui-même dans le cœur; sans quoi la foi est inutile pour inutile pour le salut.

Dieu, pour se réserver à lui seul le droit de nous instruire, et pour nous rendre la difficulté de notre être inintelligible, nous en a caché le noeud si haut, ou, pour mieux dire, si bas, que nous étions incapables d'y arriver: de sorte que ce n'est pas par les agitations de notre raison, mais par la simple soumission de la raison, que nous pouvons véritablement nous connoître.

XVIII.

raison doivent être étrangement forts en raison. Les impies qui font profession de suivre la Que disent-ils done? Ne voyons-nous pas, disent-ils, mourir et vivre les bêtes comme les hommes, et les Turcs comme les Chrétiens? Ils ont leurs cérémonies, leurs prophètes, leurs docteurs, leurs saints, leurs religieux, comme

Quand saint Pierre et les apôtres ( Act. 15) délibèrent d'abolir la circoncision, où il s'agis-nous, etc. Cela est-il contraire à l'Écriture? ne soit d'agir contre la loi de Dieu, ils ne consultent dit-elle pas tout cela? Si vous ne vous souciez point les prophètes, mais simplement la ré- guère de savoir la vérité, en voilà assez pour ception du Saint-Esprit en la personne des demeurer en repos. Mais si vous desirez de tout incirconcis. Ils jugent plus sûr que Dieu votre cœur de la connoître, ce n'est pas assez; approuve ceux qu'il remplit de son Esprit, regardez au détail. C'en seroit peut-être assez que non pas qu'il faille observer la loi; ils savoient que la fin de la loi n'étoit que le Saint-ici où il y va de tout... Et cependant après une pour une vaine question de philosophie; mais Esprit; et qu'ainsi, puisqu'on l'avoit bien sans circoncision, elle n'étoit pas nécessaire.

XVII.

réflexion légère de cette sorte, on s'amusera, etc. C'est une chose horrible, de sentir continuellement s'écouler tout ce qu'on possède; et

Deux lois suffisent pour régler toute la répu-qu'on puisse s'y attacher, sans avoir envie de blique chrétienne, mieux que toutes les lois chercher s'il n'y a point quelque chose de politiques : l'amour de Dieu, et celui du permanent. prochain.

La religion est proportionnée à toutes sortes d'esprits. Le common des hommes s'arrête à l'état et à l'établissement où elle est; et cette religion est telle, que son seul établissement est suffisant pour en prouver la vérité. Les autres vont jusques aux apôtres. Les plus instruits vont jusques au commencement du monde.

Il faut vivre autrement dans le monde selon ces diverses suppositions: si on pouvoit y être toujours; s'il est sûr qu'on n'y sera pas longtemps; et incertain si on y sera une heure. Cette dernière supposition est la nôtre.

XIX.

Par les partis, vous devez vous mettre en

peine de chercher la vérité. Car si vous mourez sans adorer le vrai principe, vous êtes perdu. Mais, dites-vous, s'il avoit voulu que je l'adorasse, il m'auroit laissé des signes de sa volonté. Aussi a-t-il fait; mais vous les négligez. Cherchez-les du moins; cela le vaut bien.

Les athées doivent dire des choses parfaitement claires. Or, il faudroit avoir perdu le bon sens pour dire qu'il est parfaitement clair que l'ame est mortelle. Je trouve bon qu'on n'approfondisse pas l'opinion de Copernic: mais il importe à toute la vie de savoir si l'ame est

mortelle ou immortelle.

XX.

ceux qui ont assez d'esprit pour voir la vérité, quelque opposition qu'ils y aient.

Les sages parmi les païens, qui ont dit qu'il n'y a qu'un Dieu, ont été persécutés, les Juifs haïs, les Chrétiens encore plus.

XXII.

Je ne vois pas qu'il y ait plus de difficulté de croire la résurrection des corps et l'enfantement de la Vierge, que la création. Est-il plus difficile de reproduire un homme que de le produire? Et si on n'avoit pas su ce que c'est que génération, trouveroit-on plus étrange qu'un enfant vint d'une fille seule que d'un homme et d'une femme?

XXIII.

Il y a grande différence entre repos et sûreté de conscience. Rien ne doit donner le repos, que la recherche sincère de la vérité; et rien ne peut donner l'assurance que la vérité.

Les prophéties, les miracles mêmes et les autres preuves de notre religion, ne sont pas de telle sorte, qu'on puisse dire qu'elles sont géométriquement convaincantes. Mais il me suffit présentement que vous m'accordiez que ce n'est pas pécher contre la raison que de les croire. Elles ont de la clarté et de l'obscurité, pour Il y a deux vérités de foi également conséclairer les uns et obscurcir les autres. Mais la tantes: l'une, que l'homme, dans l'état de la clarté est telle, qu'elle surpasse, ou égale pour création, ou dans celui de la grace, est élevé le moins, ce qu'il y a de plus clair au contraire: au-dessus de toute la nature, rendu semblable de sorte que ce n'est pas la raison qui puisse à déterminer à ne pas la suivre ; et ce n'est peutêtre que la concupiscence et la malice du cœur. Ainsi il y a assez de clarté pour condamner ceux qui refusent de croire, et non assez pour les gagner; afin qu'il paroisse qu'en ceux qui la suivent c'est la grace, et non la raison, qui la fait suivre; et qu'en ceux qui la fuient, c'est la concupiscence, et non la raison, qui la fait

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Dieu, et participant de la Divinité; l'autre, qu'en l'état de corruption et du péché, il est déchu de cet état, et rendu semblable aux bêtes. Ces deux propositions sont également fermes et certaines. L'Écriture nous les déclare manifestement, lorsqu'elle dit en quelques lieux: Deliciæ meæ, esse cum filiis hominum. (Prov., 8, 31.) Effundam spiritum meum super omnem carnem. (JOEL, 2, 28.) Dii estis, etc. (Psal., 81, 6.) Et qu'elle dit en d'autres : Omnis caro fœnum. (Is., 40, 6.) Homo comparatus est jumentis insipientibus, et similis factus est illis. (Ps., 48, 15.) Dixi in corde meo de filiis hominum, ut probaret eos Deus, et ostenderet similes esse bestiis, etc. (Eccles., 3, 18.)

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la nôtre. Il n'est rien de cela aux exemples des | les péchés sont péchés, est seulement parcepaïens: nous n'avons point de liaison à eux; comme la richesse d'un étranger ne fait pas la nôtre, mais bien celle d'un père ou d'un mari.

XXV.

On ne se détache jamais sans douleur. On ne sent pas son lien, quand on suit volontairement celui qui entraîne, comme dit saint Augustin; mais quand on commence à résister et à marcher en s'éloignant, on souffre bien; le lien s'étend, et endure toute la violence; et ce lien est notre propre corps, qui ne se rompt qu'à la mort. Notre Seigneur a dit que, depuis la venue de Jean-Baptiste, c'est-à-dire depuis son avènement dans chaque fidèle, le royaume de Dieu souffre violence, et que les violents le ravissent. (MATTH., 11, 12.) Avant que l'on soit touché, on n'a que le poids de sa concupiscence, qui porte à la terre. Quand Dieu attire en haut, ces deux efforts contraires font cette violence que Dieu seul peut faire surmonter. Mais nous pouvons tout, dit saint Léon, avec celui sans lequel nous ne pouvons rien. Il faut donc se résoudre à souffrir cette guerre toute sa vie; car il n'y a point ici de paix. FJésus-Christ est venu apporter le couteau, et non pas la paix. (MATTH., 10, 34.) Mais néanmoins il faut avouer que, comme l'Écriture dit que la sagesse des hommes n'est que folie devant Dieu (1 Cor., 5, 19), aussi on peut dire que cette guerre, qui paroît dure aux = hommes, est une paix devant Dieu; car c'est cette paix que Jésus-Christ a aussi apportée. Elle ne sera néanmoins parfaite que quand le corps sera détruit; et c'est ce qui fait souhaiter la mort, en souffrant néanmoins de bon cœur la vie pour l'amour de celui qui a souffert pour nous et la vie et la mort, et qui peut nous donner plus de biens que nous ne pouvons ni en demander, ni imaginer, comme dit saint Paul. (Eph., 3, 20.)

XXVI.

Il faut tâcher de ne s'affliger de rien, et de prendre tout ce qui arrive pour le meilleur. Je crois que c'est un devoir, et qu'on pèche en ne Je faisant pas. Car enfin, la raison pour laquelle

qu'ils sont contraires à la volonté de Dieu : et ainsi l'essence du péché consistant à avoir une volonté opposée à celle que nous connoissons en Dieu, il est visible, ce me semble, que, quand il nous découvre sa volonté par les évènements, ce seroit un péché de ne pas s'y

accommoder.

XXVII.

Lorsque la vérité est abandonnée et persécutée, il semble que ce soit un temps où le service que l'on rend à Dieu en la défendant, lui est bien agréable. Il veut que nous jugions de la grace par la nature, et ainsi il permet de considérer que, comme un prince chassé de son pays par ses sujets a des tendresses extrêmes pour ceux qui lui demeurent fidèles dans la révolte publique, de même il semble que Dieu considère avec une bonté particulière ceux qui défendent la pureté de la religion, quand elle est combattue. Mais il y a cette différence entre les rois de la terre et le roi des rois, que les princes ne rendent pas leurs sujets fidèles, mais qu'ils les trouvent tels: au lieu que Dieu ne trouve jamais les hommes qu'infidèles sans sa grâce, et qu'il les rend fidèles quand ils le sont. De sorte qu'au lieu que les rois témoignent d'ordinaire avoir de l'obligation à ceux qui demeurent dans le devoir et dans leur obéissance, il arrive, au contraire, que ceux qui subsistent dans le service de Dieu lui en sont eux-mêmes infiniment redevables.

XXVIII.

agitations de l'esprit, mais les bons mouCe ne sont ni les austérités du corps, ni les vements du cœur, qui méritent, et qui souCar enfin il faut ces deux choses pour sanctiennent les peines et du corps et de l'esprit. tifier: peines et plaisirs. Saint Paul a dit que ceux qui entreront dans la bonne voie trouveront des troubles et des inquiétudes en grand nombre. (Act., 14, 21.) Cela doit consoler ceux qui en sentent, puisque, étant avertis que le chemin du ciel qu'ils cherchent en est rempli, ils doivent se réjouir de rencon

que dans le ciel, est si pleine de satisfactions, qu'elle en remplit et l'entrée, et le progrès, et le couronnement. C'est une lumière si éclatante, qu'elle rejaillit sur tout ce qui lui appartient. S'il y a quelque tristesse mêlée, et sur-tout à l'entrée, c'est de nous qu'elle vient, et non pas de la vertu; car ce n'est pas l'effet de la piété qui commence d'être en nous, mais de l'impiété qui y est encore. Otons l'impiété, et la joie sera sans mélange. Ne nous en prenons donc pas à la dévotion, mais à nousmêmes, et n'y cherchons du soulagement que par notre correction.

trer des marques qu'ils sont dans le véritable | La véritable piété, qui ne se trouve parfaite chemin. Mais ces peines-là ne sont pas sans plaisirs, et ne sont jamais surmontées que par le plaisir. Car de même que ceux qui quittent Dieu pour retourner au monde ne le font que parcequ'ils trouvent plus de douceurs dans les plaisirs de la terre que dans ceux de l'union avec Dieu, et que ce charme victorieux les entraîne, et, les faisant repentir de leur premier choix, les rend des pénitents du diable, selon la parole de Tertullien: de même on ne quitteroit jamais les plaisirs du monde pour embrasser la croix de Jésus-Christ, si on ne trouvoit plus de douceur dans le mépris, dans la pauvreté, dans le dénuement et dans le rebut des hommes, que dans les délices du péché. Et ainsi, comme dit Tertullien, il ne faut

pas croire que la vie des Chrétiens soit une vie de tristesse. On ne quitte les plaisirs que pour d'autres plus grands. Priez toujours, dit saint Paul, rendez graces toujours, réjouissez-vous toujours. (I Thess., 5, 16, 17, 18.) C'est la joie d'avoir trouvé Dieu, qui est le principe de

la tristesse de l'avoir offensé, et de tout le changement de vie. Celui qui a trouvé un trésor dans un champ en a une telle joie, selon JésusChrist, qu'elle lui fait vendre tout ce qu'il a pour l'acheter. (MATTH., 15, 44.) Les gens du monde ont leur tristesse; mais ils n'ont point cette joie que le monde ne peut donner, ni ôter, dit Jésus-Christ même. (JOAN., 14, 27 et 16, 22.) Les bienheureux ont cette joie sans aucune tristesse ; et les Chrétiens ont cette joie mêlée de la tristesse d'avoir suivi d'autres plaisirs, et de la crainte de la perdre par l'attrait de ces autres plaisirs qui nous tentent sans relâche. Ainsi nous devons travailler sans cesse à nous conserver cette crainte, qui conserve et modère notre joie; et, selon qu'on se sent trop emporter vers l'un, se pencher vers l'autre pour demeurer debout. Souvenez-vous des biens dans les jours d'affliction, et souvenezvous de l'affliction dans les jours de réjouissance, dit l'Écriture (Eccl., 11, 27.), jusqu'à cé que la promesse que Jésus-Christ nous a faite de rendre sa joie pleine en nous, soit accomplie. Ne nous laissons donc pas abattre à la tristesse, et ne croyons pas que la piété ne consiste qu'en une amertume sans consolation.

XXIX.

Le passé ne doit point nous embarrasser, puisque nous n'avons qu'à avoir regret de nos fautes; mais l'avenir doit encore moins nous toucher, puisqu'il n'est point du tout à notre égard, et que nous n'y arriverons peut-être jamais. Le présent est le seul temps qui est

véritablement à nous, et dont nous devons user selon Dieu. C'est là où nos pensées doivent être principalement rapportées. Cependant le monde est si inquiet, qu'on ne pense presque jamais à la vie présente et à l'instant où l'on vit, mais à celui où l'on vivra. De sorte qu'on est toujours en état de vivre à l'avenir, et jamais de vivre maintenant. Notre Seigneur n'a jamais de vivre maintenant. Notre Seigneur n'a pas voulu que notre prévoyance s'étendît plus loin que le jour où nous sommes. Ce sont les bornes qu'il nous fait garder, et pour notre salut, et pour notre propre repos.

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