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rer, de rehausser et aussi de discipliner la littérature. Elle fut faite d'une réunion d'hommes de lettres qui se tenait, de 1627 à 1635, chez Conrart, et à laquelle on donna, par lettres patentes, une existence officielle, un but déterminé, celui de veiller à la conservation de la bonne langue, et le titre d'Académie française. Elle ne se composa d'abord que d'une trentaine de membres, puis le nombre quarante fut atteint en 1637 et fut toujours maintenu.

A peine née, et encore incomplète, l'Académie eut à juger dans une querelle littéraire. Le Cid ayant eu un grand succès et ayant été attaqué et même défendu avec passion, le cardinal chargea l'Académie, qui montra qu'elle ne s'en souciait pas, mais qui dut céder, de décider entre le Cid et les Observations de M. de Scudéry sur le Cid. Elle décida, avec une suffisante impartialité, contre les deux adversaires, rejetant un grand nombre des observations assez ridicules de Scudéry, en retenant comme justes quelques-unes, et peut-être trop, s'inclinant pour finir devant le succès et le suffrage du peuple qui est l'argument décisif en pareil cas et rendant hommage au génie de Pierre Corneille. Ni le public, ni les ennemis de Corneille, ni Corneille, ni le cardinal qui en voulait à ce moment à Corneille et qui eût souhaité plus de sévérité, ne furent satisfaits. Il en résulta une bonne chose, c'est que l'Académie depuis ce temps ne reprit jamais l'office de juge littéraire et se contenta (ce qui lui donne, sans la compromettre, une suffisante autorité) de travailler au dictionnaire, de récompenser les écrivains de mérite et de secourir les écrivains pauvres par des prix d'académie, et d'approuver le talent des auteurs de premier ordre en les recevant presque tous.

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Elle prit une importance considérable à partir de 1650, et depuis, toujours attaquée par la nouvelle génération littéraire qui n'en est pas encore, la recevant peu à peu dans son sein, et attaquée de nouveau par la suivante, elle est, se trouvant toujours l'objet de toutes les attaques et de tous les voeux, la plus vivante toujours et toujours la plus en lumière de toutes les réunions littéraires.

Le monastère de Port-Royal fut encore un centre, non seulement philosophique, mais littéraire, et son influence fut grande sur l'esprit littéraire de tout le XVIIe siècle. Les Jansénistes qui le fondèrent s'appelaient ainsi de Jansenius, théologien flamand qui avait sur la doctrine de la grâce des opinions particulières, sur tout le christianisme une philosophie relativement nouvelle et sur la morale une austérité et une rigueur inaccoutumées.

Son disciple Duvergier de Hauranne, abbé de SaintCyran, fonda, dans la vallée de Chevreuse, un monastère ou plutôt une cité de pieux solitaires, les uns prêtres, les autres laïcs, tous pénétrés de ses idées. Il y eut trois Port-Royal, qu'il ne faut pas confondre, au XVIIe siècle : la cité de solitaires dont nous venons de parler, dans la vallée de Chevreuse; dans la même vallée, un monastère de femmes connu sous le nom de Port-Royal des Champs; un monastère de femmes à Paris, barrière Saint-Jacques, connu sous le nom de Port-Royal. Au XVII siècle quand on dit : « Port Royal », on désigne d'ordinaire le couvent de femmes à Paris; quand on dit : « Port-Royal des Champs », on désigne le couvent de femmes de la vallée de Chevreuse; et quand on dit : « Ces Messieurs de Port-Royal » ou « les Solitaires », on veut entendre la cité janséniste de la vallée de Chevreuse. Nous n'avons à nous occuper que de cette dernière.

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