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A partir du milieu du siècle, il n'y eut plus un seul roi de l'esprit public; il y en eut deux, et qui, comme on peut croire, ne s'entendaient guère : Voltaire et Rousseau.

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Jean-Jacques Rousseau, qui était né à Genève peu après le commencement du siècle, mais qui tarda jusqu'à quarante ans à répandre sa pensée parmi les hommes, ébranla très fortement les esprits dès qu'il commença écrire. Ses premiers ouvrages étaient à la fois très conformes aux sentiments secrets du temps et très opposés à ses pensées ordinaires, ce qui leur donnait à la fois la force d'une opinion déjà partagée et le charme du paradoxe. Profondément convaincu de la bonté naturelle de l'homme et persuadé que la société l'avait gâté, il était aussi optimiste au fond que tous ses contemporains et, du reste, trouvait tout mal dans le monde tel qu'il était sous ses yeux, ayant ainsi tout l'avantage du satirique et flattant toutes les idées ou de révolte ou de réforme qui flottaient dans l'air du siècle. Tout cela attira l'attention du premier coup. Le Discours sur les lettres et les arts, tendant à prouver que la culture intellectuelle est funeste à l'humanité, le Discours sur les causes de l'inégalité parmi les hommes, enveloppant beaucoup d'idées justes dans une théorie singulière, hasardeuse et provocante, firent connaître immédiatement le nom de Rousseau et attirèrent des réfutations qui ne le firent connaître que davantage.

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D'après le buste de Houdon, gravé par Ingouf (1779).

Puis vint la Lettre à D'Alembert sur les spectacles, qui attaquait le divertissement favori du siècle, rappelait les hommes à la pratique des plaisirs simples et des mœurs rustiques, avec une verve tantôt sarcastique, tantôt éloquente, et annonçait décidément au monde qu'un grand écrivain, et particulièrement un grand orateur, chose inconnue depuis cinquante ans, venait de naître.

Plus encore un roman passionné, qui est en même temps un poème rustique et familial, et en même temps une satire des mœurs mondaines, et en même temps un beau sermon sur la vertu, la Nouvelle Héloïse, mettait toutes les femmes du côté de « Jean-Jacques » et révélait qu'un poète de plus, et souvent merveilleux, venait d'en trer dans la littérature française. A tout cela s'ajouta plus tard le Contrat social, traité politique qui est comme la Bible du gouvernement démocratique; un roman pédagogique aussi chimérique que le Télémaque, mais brillant, curieux, divertissant, contenant comme tous les autres livres de Jean-Jacques, des idées neuves, des idées intéressantes et même des idées justes : l'Émile, fatras souvent, système contradictoire plus d'une fois, œuvre inspiratrice et qui fait penser à chaque instant, et féconde en véritables progrès.

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Plus tard, enfin, les dernières œuvres, parues pour plupart après sa mort, Lettres écrites de la Montagne, Rêveries d'un promeneur solitaire, et surtout les Confessions, mettaient le sceau à cette gloire qui est une des plus grandes et des plus vivantes, des plus continuellement renouvelées et renaissantes qui soit dans l'histoire de toutes les littératures. Rousseau est à la fois un esprit puissant et séducteur qui captive et enchaîne par ses défauts mêmes quand il ne subjugue pas par la force au

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LETTRE DE J.-J. ROUSSEAU A MADAME DE LESSERT

moins apparente de sa logique. Il a tellement et secoué et bercé à la fois l'ancien monde qu'il semble, l'avoir tué sans cesser de le caresser. Il lui a prouvé qu'il était absurde et l'a enivré de théories, de rêves, de déclamations séduisantes et de phrases qui étaient des strophes. Cet écrivain qui était un musicien, ce philosophe qui était un poète, ce moraliste qui était un romancier, ce prêtre laïque qui était un libertin, et ce mage qui était un magicien, était surtout un enchanteur, dont les idées avaient sur les hommes la force qu'ont d'ordinaire les passions, parce qu'elles étaient toutes, en effet, mêlées de sentiment et de passion ardente et fougueuse. Les idées de Rousseau sont comme des idées sensuelles.

Son influence a été immense sur la morale, et même sur les mœurs, sur l'éducation, sur la politique.

Pour ne parler que de la littérature, Rousseau est une révolution littéraire. Avec lui le sentiment reparaît en maître là où depuis près d'un demi-siècle ne régnait que l'intelligence. La littérature devient épanchement du cœur, qui n'était depuis longtemps qu'expression de l'esprit. Poésie, éloquence, lyrisme s'installent dans la prose même, alors que depuis longtemps ils n'avaient plus place même dans les vers. C'est un grand élargissement de l'horizon.

Il y en a un autre. L'introduction de l'esprit des littétures septentrionales n'est pas une invention de Rousseau; avant lui, Voltaire avait importé les idées anglaises, Diderot vanté et imité Sterne et Richardson; mais, plus que personne, Rousseau habitua les âmes françaises à sentir un peu à la manière des Allemands et des Anglais, et ceci encore étendait le champ un peu restreint jusqu'alors de l'intelligence et surtout de l'imagination française.

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