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point ceux qui n'improvisent pas, Diderot a des tendances matérialistes, et croit en général que le meilleur pour l'homme est de s'abandonner à la bonne loi naturelle. La philosophie épicurienne qui, contenue par tant d'obstacles de toutes sortes, n'avait eu au XVII° siècle et même au XVI qu'un caractère littéraire et des expressions littéraires, toujours voilées encore, se déclare enfin avec Diderot comme conception d'ensemble et même comme système. Diderot peut être considéré comme le père intellectuel de d'Holbach et d'Helvétius, encore qu'il ait refuté le livre de ce dernier ou plutôt certaines erreurs de ce livre.

L'épicurisme qui, du reste, n'est nullement le système d'Épicure, mais ce qu'on nomme du nom d'épicurisme était le fond du tempérament même de Diderot. Diderot était, comme tout le monde d'ailleurs, mais plus particulièrement, de ceux qui, en exposant leur système, ne font qu'expliquer leur caractère. Sa nature, avec tous ses défauts, était, en somme, trop bonne, généreuse, hospitalière et prodigue, pour qu'il ne crût pas, doctrine extrêmement dangereuse, qu'il n'y avait rien de meilleur que de se confier à sa nature.

Ses idées littéraires sont novatrices, aventureuses, pleines de chimère et d'irréflexion, mais fécondes, comme presque toujours les idées qui viennent d'une riche imagination. Il a soutenu avec une extrême énergie la cause de la comédie larmoyante, du drame, de la pièce de théâtre en prose exposant les aventures tragiques des hommes de la classe moyenne. A ce titre, Sedaine et Beaumarchais lui-même relèvent de lui. Ses idées ont eu une immense influence en Angleterre, en Allemagne (Lessing) et même en France.

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FRAGMENT D'UNE LETTRE DE DIDEROT

Comme critique artistique, il a inventé la critique artistique par ses fameux Salons. Il lui a donné tout d'abord le caractère littéraire qu'elle a peut-être trop gardé, expliquant plutôt le sujet d'une toile que sa facture, et les émotions qu'une toile lui donnait plutôt que ce pourquoi elle était belle; mais, quelque effort qu'on puisse et qu'on doive faire dans un autre sens, il y a à parier que la critique artistique sera toujours ou littéraire ou technique, et qu'elle pourra bien être littéraire sans être intéressante, mais qu'elle ne pourra guère être technique sans être ennuyeuse.

Comme romancier et novelliste, Diderot a une imagination un peu déréglée et désordonnée, des inégalités extrêmes, mais un don de peintre extraordinaire et un sens de l'être vivant que personne n'avait eu à un pareil degré avant lui dans la littérature française et qui n'a été atteint que très rarement depuis.

Ce réaliste rempli d'imagination est aussi vrai que Le Sage et aussi coloré que Saint-Simon. On peut regretter, même au point de vue strictement littéraire, que ces récits souvent merveilleux soient gâtés par une manie de libertinage qui était, chez Diderot, comme une obsession et qui est souvent extrêmement désobligeante. Diderot est aussi naturellement de mauvaise compagnie qu'il est naturellement déclamatoire.

Ses ouvrages dramatiques sont excessivement faibles, et l'on peut se demander comment un pareil romancier a été aussi creux et aussi plat dramatiste. Il faut songer, d'abord, à la supériorité, incontestable, à notre avis, de l'art dramatique sur tous les autres arts; à ceci de plus qu'une pièce de théâtre est le seul ouvrage qui ne puisse pas être improvisé et être bon; à ceci enfin, que

Diderot, en écrivant des pièces, a surtout songé à prouver ou à persuader quelque chose et à faire des sermons, ce qui est la plus mauvaise condition du monde pour faire de bons drames. Aussi la moins mauvaise de ses pièces estelle Est-il bon? est-il méchant? où il a enfin songé à peindre quelqu'un, à savoir lui-même. Diderot est un des plus puissants cerveaux de notre histoire littéraire. Il a remué énormément d'idées, et l'on peut dire qu'il les a touchées toutes. Il a laissé des ouvrages considérables et des ouvrages très amusants; il a attaché son nom à la grande œuvre de l'Encyclopédie, après y avoir attaché sa personne avec une ténacité extraordinaire et infiniment méritoire; il a eu la plus grande influence sur le théâtre, sur la littérature, sur l'art, sur la philosophie, sur la morale, sur l'esprit public et sur les mauvaises manières.

A sa suite marchent Helvétius et d'Holbach. Aussi à l'écart de lui que possible, médite et réfléchit Vauve

nargues.

Helvétius, qui était le Mécène des philosophes du XVIIIe siècle, voulut être leur rival. Il donna au public, qui l'accueillit avec transport, un livre intitulé de l'Esprit, qui était comme un manuel de philosophie matérialiste. Assimilation de l'homme aux animaux; l'homme composé uniquement de passions; égalité naturelle, même intellectuelle, de tous les hommes, qui n'est détruite que les imperfections de l'état social et qui sera rétablie par une réforme de la société; morale fondée uniquement sur l'intérêt telles étaient les idées essentielles de ce livre, qui, selon Mme du Deffand, « disait le secret de tout le monde ». Il laissa après sa mort un autre ouvrage qui, sur bien des points, n'est qu'une sorte de réédition ou de transposition du premier, et qu'il avait intitulé De

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l'homme, de ses facultés et de son éducation. C'est celui que Diderot a réfuté, s'attachant surtout à l'idée si chère à Helvétius, que tous les hommes ont naturellement autant de génie les uns que les autres, doctrine certainement hasardée, mais assez naturelle chez un homme qui n'avait pas plus de génie que n'importe qui.

D'Holbach, autre Mécène des gens de lettres, très respectable philanthrope et qui a eu cet honneur que tout le monde a voulu le reconnaître dans le Wolmar de la Nouvelle Héloïse, collaborait à l'Encyclopédie et écrivit un livre, le Système de la Nature, où collabora Diderot. C'est un livre dirigé principalement contre l'idée de Dieu, et l'on y trouve presque littéralement la formule célèbre plus tard de Proudhon : « Dieu, c'est le mal. >> Toutes les croyances, non seulement chrétiennes, non seulement religieuses, mais spiritualistes, y sont poursuivies avec une obstination qui semble tenir de la fureur. Voltaire crut devoir le réfuter, n'aimant pas qu'en impiété ou en audace philosophique on allât ni plus ni moins loin que lui. D'Holbach, par la platitude même et la grossièreté intellectuelle de ses théories, est plus que Voltaire, plus que Diderot même, le père de toute la philosophie et de toute la polémique antireligieuse de la fin du XVIII° siècle et de la première moitié du XIX.

Vauvenargues ne fut qu'un moraliste, mais un moraliste très distingué, très pur, très élevé et très noble, et qui, du reste, avait plus d'esprit philosophique en lui que bien des écrivains prétentieusement salués du titre de philosophes dans le même temps. Officier distingué, contraint par la faiblesse de sa constitution de renoncer aux fatigues des campagnes, il se réfugia dans la méditation et dans les lettres, et écrivit quelques écrits tendres et mélanco

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