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je ne sais quelle douce lenteur, je ne sais quelle langueur de grâces qu'aucune expression ne peut rendre. »

helas to je pouvons au moing esperer de ne plus faire cespuese fuis depolé "'D'avoir fait ! trop heureux trop heureaux : mais geutêtre qu'avant la fin dujour je ferai et voudrai faire les mêmes chops dons j'ai maintenant tant dehouse

erd 'horreur : & funeste victoire: o louanges

que je ne puis ferofoir, et que four de

cruels reproches de ma folic

FRAGMENT DU MANUSCRIT DES <<< AVENTURES DE TÉLÉMAQUE » PAR FENELON

N'exagérons point pourtant, n'insistons pas trop sur cette langueur et cet amollissement, et tout en recon

II.

ΙΟ

naissant que le caractère ordinaire du style de Fénelon est la grâce tendre, sachons bien qu'il n'est pas incapable de force, que le grand mot souvent attribué à Bossuet et digne de lui : « L'homme s'agite et Dieu le mène » est de Fénelon, et de Fénelon aussi cette vigoureuse peinture : « Les hommes, gâtés jusque dans la moelle des os par l'ébranlement et les enchantements des plaisirs violents et raffinés, ne trouvent plus qu'une douceur fade dans les consolations d'une vie innocente; ils tombent dans les langueurs mortelles de l'ennui, dès qu'ils ne sont plus animés par la fureur de quelque passion... »

Fénelon reste un des penseurs les plus ingénieux, une des plus aimables et brillantes imaginations, un des meilleurs écrivains dont nous puissions être fiers.

L'éloquence chrétienne baissait un peu, tout en restant singulièrement distinguée avec Fléchier et Massillon. Fléchier, qui, d'un prénom prophétique, s'appelait Esprit, avait commencé par l'Hôtel de Rambouillet dont il avait vu le mourant éclat, par des épîtres galantes et des petits vers. Devenu sermonnaire, il continua d'être charmant, mais devint sérieux. Ses oraisons funèbres surtout furent remarquées, celle de Madame de Montausier, qui lui revenait de droit, celle de Turenne, celle de MarieThérèse, etc. Son style très travaillé, savant, symétrique, antithétique, ne sent guère l'éloquence véritable et la profonde inspiration. Villemain l'a appelé l'Isocrate français. Son meilleur ouvrage n'a été publié que bien longtemps après sa mort. Ce sont les Mémoires sur les grands jours tenus à Clermont en 1665. C'est un récit à la fois piquant et grave des répressions qu'on dut faire à cette époque des exactions des seigneurs d'Auvergne, et c'est un chapitre d'histoire infiniment instructif en même temps

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qu'un ouvrage très vivant, très bien conduit et écrit dans la meilleure langue.

Massillon fut le dernier grand orateur de la chaire du XVII siècle, et même de toute la période qui va du XVIe siècle à 1830, le dernier de cette pléiade chrétienne (Du Perron, le Père Joseph, Bossuet, Bourdaloue, Fénelon, Fléchier, Massillon) "qui a honoré si grandement l'Église catholique. Oratorien, professeur de rhétorique dans plusieurs établissements de l'Oratoire, il fut toujours oratorien et professeur de rhétorique. Il prêcha en province d'abord, à Paris ensuite, avec un très grand succès. Il fit des oraisons funèbres restées célèbres, celle du prince de Conti, celle du Grand Dauphin fils de Louis XIV, celle de Louis XIV dont le début : « Dieu seul est grand, mes frères », a jeté sur le nom de Massillon plus de gloire que tout le reste de son œuvre. Il prêcha, devant Louis XV enfant, ces sermons si agréables et si touchants qui ont été réunis sous le titre de Petit Carême et où se remarque le pathétique sermon sur le petit nombre des élus.

C'était avant tout un écrivain et un artiste. Il a peu d'idées. On a dit de lui: « Le plan du monument est mesquin, mais les bas-reliefs sont superbes. » Son style rappelle, avec plus de mollesse, celui de Racine, que du reste il a beaucoup étudié, car les rapprochements de Louis XV et de Joas dans le Petit Carême sont innombrables. Le caractère distinctif de ce style, qu'il serait très dangereux d'imiter, est l'abondance facile des images brillantes exprimant la même idée. Le caractère distinctif de la prédication elle-même de Massillon est l'oubli à peu près complet du dogme et le souci constant de prêcher la morale. Il y a du XVIIIe siècle dans Massillon, de la « sensibilité », du pathétique, qui, sans encore être de

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