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censure, dans chaque âge, dans chaque sexe, dans chaque état.

XLI. Vous n'aurez une canaille, ni en haut, ni en bas, si l'arrogance et les bassesses des grands et des riches ne peuvent échapper au mépris public; si les petits et les pauvres sont sauvés de la misère par le travail ; des besoins et des vices de la misère, par cette protection éclairée, qui n'avilit jamais, qui améliore toujours.

XLII. Le temps n'est plus où l'on pouvait écarter de l'organisation des empires ces commodités de la vie; ces pompes de la société, qu'amènent les richesses, les sciences, les arts, et l'association des peuples par le commerce. Il faut aujourd'hui les admettre. Mais on peut aujourd'hui en corriger le mal, en perfectionner le bien.

tes, ni

XLIII. Tout ceci ne se fait ni par précepcommandement; mais l'acpar par tion de tout le régime public; par une action toujours forte, quoique souvent inaperçue.

REPRISE DES PENSÉES DÉTACHÉES.

LXXV. L'honneur (non pas celui des monarchies, mais celui de la société humaine), veut que les hommes s'imposent, entre eux, de ces actions, où la loi craindrait de se compromettre, en les prescrivant.

LXXVI. Le courage, dans le bien même, a besoin de sagesse et de mesure.

LXXVII. Le cours des opinions ne doit pas être plus violenté que celui des choses.

LXXVIII. La vraie philosophie, comme la bonne administration, mûrit toutes ses réformes.

LXXIX. On s'aperçoit plutôt des changemens qu'elle opère, que des secousses qu'elle a données,

LXXX. Un digne amour de la gloire, nous attache encore plus intimement à la vertu; et met un intérêt de plus dans la sévérité de notre conscience.

LXXXI. Nos mœurs invitent le philosophe à cette sagacité, à qui rien n'échappe; elles

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lui demandent aussi cette indulgence, qui tempère la censure.

LXXXII. L'humeur, en exagérant tout, ne juge rien, ne corrige rien.

LXXXIII. Les jeunes gens les mieux nés ont un grand attrait pour tout ce qui est énergique et austère. Cette disposition entretient en eux cet enthousiasme du bien, qui est la vertu et le bonheur de leur âge.

LXXXIV. On peut se sauver des tristes découvertes sur les hommes, par une défiance vague et indéfinie, qui n'ait rien d'offensant pour personne, ni de douloureux pour nousmêmes.

LXXXV. La retraite, en vous désintéressant sur le vain bruit de la renommée, vous attache plus vivement à la gloire, dont le pressentiment réfléchi est une possession anticipée.

LXXXVI. C'est elle qui nous met en société avec les grands hommes de tous les genres, de tous les temps.

LXXXVII. C'est elle qui nous unit plus in

timement à nos amis, soit qu'elle les rassemble, soit qu'elle nous en sépare.

LXXXVIII. Où la pensée se reporte-t-elle avec plus de charme vers les personnes qui nous sont chères? Où le cœur s'épanche-t-il mieux, soit dans les longues confidences, soit dans les correspondances assidues? Où la vue, inespérée, d'un ami fait-elle palpiter le cœur d'une plus douce joie?

LXXXIX. Il faut beaucoup vivre avec nousmêmes, pour bien jouir et des sentimens que nous donnons, et de ceux que nous

recevons.

xc. Il faut savoir secouer le poids importun des cousins et des cousines; et surtout des voisins de campagne; mais sans rebut ni mépris: l'indulgence et la bonté rapportent plus, et valent mieux qu'un goût difficile.

XCI. J'aime à voir un homme d'esprit, qui sait vivre avec les pauvres d'esprit ; c'est d'ailleurs le meilleur parti qu'il ait à prendre.

XCII. Les pauvres d'esprit sont plus faciles à supporter que les prétentieux d'esprit.

XCIII. L'ami, que nous avons retrouvé dans les jours de l'abandon, est le plus touchant des bienfaiteurs.

XCIV. L'expérience ne nous éclaire souvent, que pour nous donner des regrets: c'est un trésor que nous amassons, sans en jouir.

xcv. Celui qui met de l'artifice dans ses discours, éveille la défiance.

XCVI. Les mœurs simples donnent un jugement sain, plutôt qu'un esprit crédule.

XCVII. La probité soupçonne le mensonge; partout où elle ne trouve pas sa propre franchise.

XCVIII. Entre le sanctuaire de la divinité et celui de la justice, il y avait, chez certains peuples, un lien inviolable, rempli de la majesté du ciel, et environné de la crainte de la terre; c'était l'autel du serment. Là, qui eût osé mentir? Un peuple était le témoin; Dieu, le garant.

XCIX. Les préjugés, qui faussent ou ré

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