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peut venir que de leur système entier ; quelques bonnes lois, isolées, succombent à la résistance des mauvaises mœurs.

XII. Un des grands points à chercher dans les lois, c'est leur influence sur les

mœurs.

XIII. Le temps de régénérer les mœurs est celui où l'on régénère les lois.

XIV. La source des bonnes mœurs est dans les bons penchans de la nature.

xv. Le principe des mauvaises est dans les goûts factices de l'extrême civilisation.

XVI. Les mœurs de la civilisation perfectionnée, doivent raccorder le bonheur individuel avec le bien public, que les vices de la barbarie et de la mauvaise civilisation ne savent que séparer.

XVII. La grande civilisation égare et redresse, à la fois, la raison du citoyen il faut opposer les causes qui la redressent à celles qui l'égarent.

XVIII. Les jouissances de la grande civilisation nous écartent de la nature; les lu

mières et le bon goût, dans la grande civi-. lisation, nous y ramèneut.

XIX. Un bon ordre social épure les passions, par les lumières de la raison développée.

xx. Ce n'est point par les vrais plaisirs, c'est par les faux que l'homme se déprave.

xxi. Les bonnes mœurs s'affermissent par le bonheur simple et vrai, qui en résulte.

XXII. Les bonnes mœurs admettent quelque chose de la splendeur des monarchies, dans la simplicité des républiques.

Alors, accordant les extrêmes, par le juste milieu, elles peuvent s'approcher de la corruption, sans y tomber; elles savent ý s'y prêter et s'en défendre.

XXIII. Retranchez peu aux désirs de la nature. Avilissez les habitudes de la mollesse, les fantaisies de la vanité.

XXIV. Tournez les sciences et les arts vers de grands objets ; et ils épureront la société, en la décorant.

xxv. Les siècles de la philosophie ont des

vertus, qui leur sont propres : l'humanité, la sociabilité, la philanthropie, la bonté réfléchie; et un plus grand attrait vers les belles âmes.

XXVI. A tout prendre, jamais les nations. de l'Europe, et surtout la nation française, ne valurent mieux, que de l'époque de 1780 à 1789.

XXVII. Les égaremens, les fureurs, les atrocités de la révolution ont reproduit, par l'ancienne ignorance et un nouveau fanatisme, les temps antérieurs.

XXVIII. L'action propre de la philosophie a fini avec l'assemblée constituante; et sa constitution fut des circonstances, et non de la direction du siècle.

XXIX. Dès qu'une fois, les lumières ont pu constituer une chose publique, vous avez un moyen de rattacher au bien les fortes passions; par qui tout va, à qui tout obéit.

xxx. Les lumières mettent en honneur les nobles intentions, les hautes pensées. Faites-en des institutions; et le cours social

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repoussera insensiblement tout ce qui est petit, vil et lâche.

XXXI. L'opinion publique est la direction. des temps éclairés. Ce n'est pas une opinion populaire; mais celle des plus instruits et des mieux intentionnés. De sa nature, elle prévaut sur le gouvernement, avant d'avoir gagné la multitude; parce que, sans elle, les gens en place n'ont plus de crédit, ni les affaires plus de sûreté.

XXXII. Le règne de l'opinion publique mine d'abord, renverse enfin celui des corruptions et des préjugés.

Il est la preuve, la force et la gloire d'un gouvernement supérieur.

la

XXXIII. Les hommes sont faits pour être menés par des spectacles: ne négligez pas pompe et l'éclat dans les institutions, qui manquent encore de la consécration des temps.

XXXIV. Les lettres et les arts sont une des puissances des grandes sociétés : associez-les aux œuvres de la législation.

XXXV. Les siècles éclairés rapprochent les

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talens des dignités, et mettent le mérite pauvre au-dessus de la richesse. Honorez les talens, distinguez le mérite; et vous aurez un noble ressort, pour mener les hommes, la considération.

XXXVI. Il y a des peuples singulièrement tournés vers ce qui est aimable: appelez les vertus même à ce caractère; c'est une perfection et une puissance de plus.

XXXVII. Lorsque les femmes ont obtenu leur place dans la société, attachez-les au bien public, en en faisant les témoins, les juges et la récompense du mérite. Leur instinct cultivé les passionne de tout ce qui

est beau et bon.

XXXVIII. Vous aurez des vertus publiques, en donnant tous leurs droits aux talens, aux services, aux belles qualités.

XXXIX. Vous aurez des vertus privées, avec des institutions de famille.

XL. Vous aurez les vertus de chaque âge, de chaque état, avec des associations où l'on se regarde, où l'on se considère, où l'on se

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