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Préférence des petits hospices aux grands hópi

taux.

1. La religion chrétienne a porté la piété pour les malheureux, jusqu'à former des âmes pour la sainte fonction de les soulager. C'est particulièrement les femmes qu'elle y a appelées; comme pour faire un plus doux présent aux misères humaines, en les confiant à une sensibilité plus délicate.

II. Telle devrait être l'inscription des établissemens de la miséricorde publique :

On ne vous demande ni de quelle religion, ni de quel pays, ni de quelle condition vous êtes; si vous avez fait le bien ou le mal. Vous êtes pauvres et souffrans; entrez, venez confier vos douleurs à une charité, inspirée par le Père Universel; et attendre, avec résignation, ce que la nature vous réserve.

III. Autant la pitié est douce, quand elle vient à nous; autant elle est amère, même dans ses secours, quand il faut l'implorer.

IV. Lorsqu'un pays n'a pas encore de grands hôpitaux, c'est que les malheureux

n'ont encore été délaissés ni de leurs parens ou leurs maîtres, ni de leurs amis ou leurs voisins.

v. Voulez-vous ne plus rien faire, ne plus rien sentir pour les malheureux; livrezles à la pitié publique.

vi. Ne voyez-vous pas, que lorsqu'un grand hôpital est fondé, chacun se dégage des liens de parenté, d'amitié, de confraternité, de voisinage? On devient dur, en raison du peu qu'on paie; on croit n'avoir plus à répondre de rien, même à son propre

cœur.

VII. J'ai peu de confiance dans cette banale charité, qui n'embrasse toutes les misères que pour ne s'attacher à aucune ; et qui les rassemble, comme si elles ne pouvaient s'adoucir, qu'en présence les unes des autres.

VIII. Un grand hôpital ne m'annonce que des riches sans entrailles, des pauvres sans asile; et une police, qui ne veut pas les laisser mourir sur un fumier.

Ix. Les misérables, pour qui seuls peut exister un pareil établissement, en ont une

telle frayeur, que les lois auraient pu en faire une peine très-réprimante.

x. Dieu, qui vous laissez toucher aux calamités humaines, rendez-nous assez miséricordieux, , pour retenir nos pauvres et nos infirmes près de nos secours et de nos soins: que la charité publique ne soit plus la dispense, mais la surveillance des charités particulières !

XI. Un écrivain n'a souvent que ses pensées à offrir dans le soulagement des misères humaines; il acquitte sa dette, lorsqu'il en trace le tableau, et qu'il y répand les mouvemens et les voeux de son âme.

Mœurs, sous l'aspect politique (*).

1. Qui peut assigner des bornes à la législation? L'homme lui appartient : elle sait ́également exalter ses passions ou les amortir; le retirer de la civilisation par des mœurs farouches, ou l'orner de tous les dons de la

(*) Ce morceau est tiré d'une esquisse sur ce sujet, que l'auteur ne se flatte pas de pouvoir achever.

sociabilité. Elle le forme ou le déforme, à

son gré.

11. Les moeurs sont les manières de se conduire dans les diverses relations.

Elles sont réputées bonnes ou mauvaises, d'après les idées que le public s'est faites ou qu'il a reçues, à ces égards.

On ne s'entend guère sur ce qu'on doit appeler de bonnes ou de mauvaises mœurs.

On s'entend mieux sur les vertus et les vices; le rapport entre le principe et le but y est plus facile à saisir.

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y a des vertus et des vices, qui se rapportent au public; d'autres aux particuliers.

Ily en a de propres à chaque âge, à chaque état, à chaque situation.

Cela est à bien distinguer.

IV. Il ne faut pas s'attacher à obtenir de l'homme, ni du citoyen, toutes les vertus ensemble.

v. C'est assez de lui inspirer celles qui conviennent à son age, son sexe, son état, sa situation. Celles-ci le conduisent à d'autres.

VI. Les bonnes mœurs ne sont pas les mêmes dans une grande et dans une petite nation; dans un peuple, riche de tous les avantages de la civilisation ; et dans un peuple pauvre de tous ces besoins, qui poussent la barbarie vers un état plus favorable.

Source de méprises pour les moralistes.

VII. Il est des choses, qui paraissent vices et désordres; et qui n'en sont pas, sous tous les rapports.

Plutôt modérer, que détruire de tels vices ou désordres.

VII. Les siècles, qu'on appelle corrompus, peuvent avoir des qualités meilleures, que celles de la rudesse des mœurs grossières.

IX. Nul gouvernement ne peut se soutenir et s'améliorer, que par les vertus et les qualités qui lui sont propres.

x. Il y a une intime liaison entre les bonnes lois et les bonnes mœurs; avec cette différence, que les bonnes mœurs périssent, sans les bonnes lois; et que les bonnes lois amènent les bonnes mœurs.

XI. Mais

"e action des bonnes lois ne

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