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nouveau poids, un nouveau développement aux idées saines, se jettent dans les idées absurdes et odieuses; comme étant la pâture naturelle d'un talent faux et mauvais. Ce choix est plus forcé, qu'il ne le paraît.

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VIII. Si la religion, qui répand tant de consolation dans le cœur de l'homme, en lui offrant, au-delà du tombeau, la récompense de ses vertus, et en prolongeant ses destins dans l'éternité, est le plus grand bienfait du créateur de l'univers disons plus; si la religion est, sinon la source, du moins le meilleur appui de la morale; s'il importe que les devoirs des gouvernans et des gouvernés trouvent une sanction de plus dans les promesses et les menaces d'une autre vie; si les ministres des cultes puisent, dans les principes de leur état et dans les exemples qu'ils se transmettent, la nécessité et l'habitude de se regarder comme les pères des pauvres et les amis des malheureux; aux yeux du chrétien, aux yeux du philosophe aussi, les hommes, chargés de répandre les secours et les bienfaits de la religion, exercent une réelle magistrature,

d'autant plus sacrée que, par essence, elle doit être désarmée de tout pouvoir civil; et ce serait une injustice, une ingratitude, une immorale inconséquence, de ne pas les soutenir, dans toutes leurs vertus, par les soins protecteurs du gouvernement et par tous les respects de la société.

IX. Sans doute, les richesses ne sont favorables ni aux vertus, ni aux talens; mais l'indigence leur convient-elle davantage? Elles les dégrade, si elle ne les corrompt pas. Le mérite, comme le bonheur, n'est en sûreté, que dans une décente médiocrité.

x. La sagesse politique n'a rien de bon, qu'une piété saine et éclairée n'adopte et ne

consacre.

XI. L'homme est naturellement religieux; il est né pour la crainte et l'espérance; il a besoin de croire et d'aimer.

XII. Les vertus, nées de la religion, se cachent dans la religion même.

XIII. Ames viles, qui n'estimez que le triste et morne repos de la servitude, dé

trompez-vous. L'homme libre jouit de ses continuels sacrifices à la chose publique ; de cette indépendance, que lui donne ou lui promet son amour pour les lois; de sa haine même pour la tyrannie.

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XIV. Ceux qui connaissent tout ce que patriotisme verse de délices dans le cœur du bon citoyen, ne plaignent pas son sort, quel qu'il soit.

xv. Les lois cruelles et les lois bienfaisantes se manifestent également dans tout un empire. Le sol en porte l'empreinte; les visages les réfléchissent.

XVI. C'est le malheur de toutes les institutions, qui ont subi les altérations du temps, sans recevoir une réforme courageuse, de s'infecter d'abus toujours croissans, qui, un jour, renverseront les institutions mêmes.

XVII. Représentons toujours ce qui est juste et ce qui serait bon. Que les circonstances permettent ou non de l'établir, il faut toujours en remplir et la mémoire et la conscience des hommes.

XVIII. Peut-on se contenter de gémir sur

des maux, qu'on pourrait déjà corriger, du moins soulager? C'est là le honteux courage des gens indifférens au bien; le vœu secret ou la doctrine publique de ceux qui le redoutent.

XIX. Le législateur ne doit pas s'en tenir à de petites réformes; l'administrateur n'en doit négliger aucune.

xx. Si l'administrateur ne trouve pas assez de puissance, pour le bien qu'il médite, dans la place qu'il remplit; qu'il l'accroisse de cette autorité personnelle, la plus grande force de l'homme public.

XXI. On aime à voir, dans l'administration, la sagesse d'un chef, qui prépare et entraîne tout; et son autorité qui se retire.

XXII. La fidélité est bien belle envers l'éminente grandeur, devenue le plus profond désastre.

Elle est plus belle encore, quand, durant l'éminente grandeur, elle n'était qu'un zèle éclairé et courageux.

Il ne manque rien à la beauté de ce de

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voir, quand la récompense du ministre devait être la catastrophe même du monarque.

XXIII. Cette vénération, que les hommes justes et libres professent pour les hautes et antiques races, précipitées des trônes par les révolutions, n'est point un autre sentiment, que celui par lequel ces mêmes hommes, dans d'autres temps, attaquaient les erreurs et les abus du pouvoir suprême.

XXIV. Toutes les dignités doivent respect au mérite; les grands s'élèvent eux-mêmes par les honneurs qu'ils lui rendent.

xxv. Il est des hommes qui marchent dans la vie, sans savoir ni ce qu'ils sont, ni ce qu'ils doivent devenir; qui peuvent être tout et moins que rien ; à qui leurs qualités diverses peuvent être aussi funestes que favorables; ce sont les princes, durant les troubles politiques.

XXVI. Aux époques de la décadence, lorsque l'importance politique s'est éloignée d'elles, les grandes familles d'autrefois n'ont plus de distinction que par une dignité particulière dans tous leurs rapports et leurs procédés.

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