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XLVIII. Regagnez, par des égards sages et adroits, ceux que vos succès fatiguent.

XLIX. Les égards sont la composition du mérite, avec la jalouse médiocrité.

L. Ne vous annoncez pas comme un homme plus occupé à reculer les autres, qu'à s'avancer lui-même.

LI. Défiez-vous de cette espèce d'enthousiasme, qui tient plutôt d'une tête exaltée que d'une âme sensible.

LII. Méritez les conseils de sages amis, non par une déférence servile, mais par une attention reconnaissante.

XLIII. Restez ferme sur votre conviction; mais ne la tenez pas hors de l'atteinte des ébranlemens qu'on lui porte.

LIV. Les brillantes facultés de la jeunesse ont leur terme. Sachez les remplacer, d'avance, par les présens de l'âge mûr. Amassez, pour votre vieillesse, une savante expérience, qu'elle dépensera glorieusement.

LV. Ce sont aussi les vertus de cet heureux âge, qu'il faut prolonger dans les autres. Ah!

conservez, nourrissez sans cesse en vous cette aimable sensibilité, qui ne peut considérer l'honnête sans attendrissement; le beau sans enthousiasme ; qui accepte une vérité nouvelle comme un bienfait; paye d'un sentiment d'amour tous les plaisirs qu'elle reçoit; et a besoin d'épancher l'admiration. Ce caractère devrait annoncer l'homme de talent, comme la bienfaisance annonce l'homme vertueux.

PENSÉES

ET RÉFLEXIONS.

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LIVRE SECOND.

OBSERVATIONS MORALES ET POLITIQUES.

1. DANS les choses corrélatives, où est un besoin, est un droit ; où un droit, un devoir. Ce sont là les éternels fondemens de la morale, sur laquelle repose tout l'ordre public.

11. Il y aurait un excellent livre à faire en métaphysique et logique, en politique et morale. Ce serait une explication de toutes ces qualités de l'âme, que nous appelons vertus et vices, qui en contiendrait, à la fois, l'analyse, l'histoire et le tableau (*).

(*) Ce grand et beau travail a été commencé glorieusement par plusieurs écrivains du dix-huitième siècle ; notamment par Saint-Lambert.

J'offre aussi, dans ce recueil, un essai de ce genre: voyez ci-dessous le morceau : de la générosité.

III. Celui qui écrit des ouvrages dramatiques, n'y produit pas, à des traits sensibles, les caractères de son âme. Suivant ses personnages, il adopte, tour à tour, le vice et la vertu ; à chaque instant, il change de formes et de passions.

IV. Le moraliste se montre tout entier; bien moins encore dans ses maximes, que dans la manière de les exprimer. La morale, sortie du cœur, a un accent auquel on ne se méprend pas.

v. La Bruyère a dit: Il y a un goût dans l'amitié, auquel ne peuvent atteindre les gens nés médiocres. Je dirai de même : il y a une élévation, une fierté, une délicatesse dans quelques vues, quelques impressions morales, qui ne sont pas à portée des âmes viles et fausses.

VI. En traçant d'aimables sentimens, nous pensons aux personnes qui nous les ont inspirés ceux qui sont dignes de les adopter, savent aussi pour qui ils les recueillent dans leur cœur.

VII. Des esprits incapables d'ajouter un

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