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la parent de la gloire de leur prince; ils tent son joug avec orgueil et reconnaissance. « Je l'ai vu, me disait un de ses plus dignes admirateurs(*), dans ces lignes où il parais>> sait le dieu de la guerre; le feu du génie bril» lait encore dans ses yeux; mais son corps >> fléchissait sous le poids des années; et déjà » les ombres de la mort s'amassaient autour de » çette tête glorieuse. Resté, presque seul, de >> cette génération d'hommes éminens, qui dé>> corèrent notre siècle, il ne semblait plus >> nous appartenir; et quelque chose de som»bre et de triste rendait plus profonde la » vénération qui m'attachait à sa vue. Au » moins, j'ai pu le saluer à son déclin; et >> mes souvenirs seront enrichis de ces impressions, que nous laissent les regards et » les paroles d'un grand homme. >>

(*) Le comte de Guibert, qui, quelques mois après la mort de Frédéric, en a fait un très-bel Éloge; un des écrits remarquables de cet époque. Cet Éloge fournit tous les développemens des faits indiqués dans ce portrait.

མ་་་་་བབབས་་་

MALESHERBES.

VOICI Ce que j'écrivais, il y a quelques années, à la fin d'un Éloge historique de M. de Malesherbes; très-précieux par les faits, et intéressant par le ton et le style; dernier écrit de mon confrère à l'Institut, le respec table M. Gaillard.

«< Et moi aussi, j'ai connu M. de Males» herbes : je l'ai connu, non par des rapports » avec le magistrat, avec le ministre; mais >> au sein de sa famille, au milieu de ses » vieux serviteurs, dans les occupations de » sa retraite, dans les pensées de la solitu>> de; je l'ai connu par le bienfait, sans prix, >> de ses conseils, de son estime, de son » amitié; par le dépôt de ses confidences » intimes; et je puis dire, à mon tour: >> Nul homme ne réunit jamais plus de ver>>tus, de connaissances, plus de beaux faits » et de hautes pensées; un esprit aussi pi» quant et un aussi beau caractère. »>

« Je voudrais, ainsi que M. Gaillard,

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» écarter de lui ces comparaisons, que l'on » a déjà multipliées, avec plusieurs grands >> hommes de l'antiquité; non qu'elles ne >> lui conviennent; mais parce qu'elles dissi» mulent trop sa physionomie distincte.

» J'ai recueilli, dans ma mémoire, les » souvenirs, les impressions de ses entre» tiens, pendant plusieurs séjours à Males» herbes, en tête à tête, avec lui. D'autres >> traceront mieux que moi le grand homme; >> c'est surtout le bon homme que je veux >> montrer; l'homme sans modèle et sans » copie; un de ces êtres originaux, dont il » semble que la nature ait brisé le moule, » après l'avoir employé, une fois. »>

Lors de sa rentrée au conseil d'état, en 1787, il avait bien voulu me choisir, pour rédiger les travaux préparatoires de plusieurs plans de réformes dans les lois, que le roi l'avait autorisé à lui présenter. J'ai encore ces travaux, qui ne sont que d'informes ébauches. Je viens de les examiner; elle demanderaient ce second travail qui reçoit, seul, le style, par l'achèvement et l'épurement des idées ne pouvant plus leur donner ce mérite nécessaire ; j'allais les

brûler; mais je me suis arrêté par la pensée, que je devais conserver les méditations d'un grand citoyen; propres à féconder quelque jour les esprits qui se porteront vers ces objets. Je placerai en tête de ces morceaux, tous assez étendus, quoique non complets, une relation de mes rapports avec M. de Malesherbes; c'est par cette forme simple; et en m'abandonnant à des souvenirs, qui me sont sacrés, que je le louerai, comme il voulait l'être, par la seule vérité. Ce recueil fera un volume dans mes œuvres, en y joignant quelques-uns des écrits de M. de Malesherbes.

En attendant, je crois devoir reproduire l'hommage, que j'avais rendu à cet auguste martyr d'un héroïque dévouement: c'est son portrait dans le plus beau moment de sa vie, celui qui a consacré sa mémoire.

Il est encadré dans la fin d'un de mes écrits sur la révolution. Cet écrit avait pour but une mesure, proposée, pour prévenir l'abominable coup d'état, dit du 18 fructidor. C'est du même écrit que j'ai tiré le morceau ci-dessus, un second Mirabeau, au directoire. Il a pour titre : Adresse au

directoire, sur la réélection du corps législatif, en l'an 5.

On y trouve des réflexions sur le cours des opinions, dans ce temps, qui s'appliquent encore à nos manières de voir et de nous conduire d'aujourd'hui: ce sera, je l'espère, une excuse à l'étendue du mor

ceau.

Je me suis conformé d'ailleurs à deux principes, que j'ai établis, dans une discussion inédite, sur les portraits historiques : l'un, qu'un portrait historique peut trèsbien ne montrer le héros, que sous l'aspect le plus saillant de sa vie; l'autre, que si le portrait fait partie d'un morceau, c'est le morceau lui-même, qui est le portrait. Exemple dans Bossuet: détachez, comme on fait, du tableau des guerres civiles de la Grande-Bretagne, le portrait de Cromwel, vous lui ôtez la moitié de son effet; rendezle au tableau; et vous sentirez tout ce que vous lui ôtiez, en l'isolant.

MALESHERBES.

Je ne sais quel mauvais génie se joue impitoyablement du caractère des Français !

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