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dans ses vertus; et il semble qu'on doit à la morale, de ne louer un tel philosophe, qu'à condition d'en préférer un moins occupé de son repos, dans la recherche et la défense de la vérité; et plus entraîné par les bons sentimens.

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Auteur du roman du Marquis de Roselle (*), et épouse de l'avocat célèbre de ce nom.

La vie d'une femme de bien, qui ne s'est pas trouvée dans des situations extraordires, est rarement composée de faits mémorables. Les bonnes actions y sont de tous les momens ; et s'y perdent dans la paisible succession des mêmes devoirs, toujours fidèlement remplis.

La mode est venue de déshonorer, en quelque sorte, les bonnes actions, en les

(*) J'ai, dans mes morceaux du Critique littéraire, un extrait de ce roman.

inscrivant, fastueusement, dans les écrits publics.

n'a

Certes, c'est bien mal servir la vertu, que de lui prodiguer une récompense, qu'elle pas dû se proposer: et n'est-ce pas troubler son bonheur, que d'y faire entrer de la vanité? Sans doute, il est des actions qui honorent l'humanité, et qu'il faudrait graver sur les monumens les plus solennels; mais il est aussi des vertus plus simples, qu'il faut laisser sous le voile qui les cache; elles font, dans l'intérieur des familles, l'entretien de ceux qui en furent les témoins; leur doux souvenir prolonge et embellit les regrets de l'amitié; voilà leur digne prix; voilà la gloire qui leur est propre.

L'éloge des vertus privées de madame Élie de Beaumont, est dans la tendre estime d'un grand nombre de personnes respectables de tous les rangs, de qui elle a été connue. Celles qui l'ont approchée, de plus près, savent combien son inaltérable douceur; sa politesse vraie et noble; une gaîté animée ; un excellent esprit; une instruction plus solide encore qu'étendue'; une mémoire rare; la connaissance et le goût de presque

tous les talens; une élocution facile; un heureux mélange de prudence et d'abandon; le ton de la meilleure compagnie; et une figure, qui n'était pas celle de la beauté, mais celle de la vertu, rendaient son commerce intéressant. Elles ont pu aussi voir ou éprouver souvent, quel cœur elle avait pour les malheureux, dont l'état de son mari et sa sensibilité l'approchaient, plus qu'une autre; pour les personnes qui étaient dans sa dépendance; pour celles, dont le bonheur était plus particulièrement confié à ses soins et à sa tendresse ; et pour ses amis, qu'elle conseillait, qu'elle soulageait, au moins, par les plus tendres consolations; dont elle s'occupait dans ses heures solitaires; et qui la revoyaient, le lendemain, avec un projet pour leur bonheur, ou un succès, déjà ob

tenu.

Au milieu de toutes les peines qui ont troublé sa vie, elle a eu un bonheur, qui lui convenait bien; celui d'être unie au sort d'un homme, qui devait arriver de bonne heure à une des plus belles réputations du barreau.

Autant il est triste et cruel pour une

femme d'une âme élevée et délicate, d'un esprit distingué, d'appartenir à un mari étranger à toute espèce de gloire et de mérite; autant il lui est doux d'être associé à cette considération, où les talens, les vertus, les services conduisent les avocats du premier ordre. Alors, elle trouve dans sa maison ces nobles intérêts, dont elle a besoin; et elle peut aimer d'avantage un mari, dont elle s'honore. Heureux aussi l'homme de talent, l'homme de mérite, habitué à trouver dans la compagne de sa vie, des idées et des sentimens, qui relèvent son âme; animent son génie; qui voit autour de lui l'estime et l'amitié s'accroître, sans cesse, pour la personne qu'il chérit le plus ; et qui peut, à son tour, se couvrir du respect et de l'intérêt qu'elle inspire!

Qui saura jamais toutes les peines que peut éprouver une femme tendre et sensible, chez qui tous les chagrins sont plus vifs et plus profonds; et qui souffre encore des maux de toutes les personnes qui lui sont chères ?

Mais ces âmes trouvent souvent en ellesmêmes de grandes sources de bonheur. Leur manière d'aimer un père, un fils, un époux,

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