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vent ni frein, pour les contenir, ni règle; pour les terminer.

XXVI. Dans la chose publique, le mélange des sexes fait décider par la crainte ce qui doit être résolu par le courage; il livre au dérèglement des petites passions ce qui demande tout le calme d'une raison forte.

XXVII. Apprenons à ne pas confondre, avec les vieux préjugés, ces antiques notions de l'éternel bon sens.

XXVIII. Est-ce à dire que les femmes sont nulles dans la chose publique? Non, car elles co-existent dans les individus de l'autre sexe, qu'elles aiment davantage par la protection qu'elles en reçoivent, et la douce influence d'une innocente séduction.

xxix. Il n'en est pas de même des droits civils. Sous tous les aspects, les femmes y sont appelées.

xxx. Ne sont-elles pas faites

pour connaître tout ce que la loi accorde, tout ce qu'elle refuse?

Pour soumettre leur conduite à la direction publique?

Pour fuir le mal, rechercher le bien; aimer la vérité, repousser l'erreur?

Pour remplir tous les devoirs, acquérir toutes les vertus, qui naissent de la continuelle extension des relations sociales?

Or point de devoirs, sans des droits. Les droits, attachés à ces devoirs, naissent donc de leur destination naturelle et sociale.

XXXI. L'état des femmes, dans l'ordre social, détermine leur part dans la culture de la science humaine.

XXXII. Je demande si tous les devoirs des femmes n'exigent pas de l'instruction? Si la connaissance des lois n'est pas nécessaire à l'exercice de leurs droits?

Si les arts ne sont pas les guides de beaucoup des occupations, qui leur sont propres? Si les sciences ne peuvent pas souvent étendre leurs facultés?

Si leurs agrémens ne s'ennoblissent pas d'une participation à nos connaissances?

XXXIII. Je demande si cette frivolité, où on a voulu les réduire, n'est pas le plus honteux écueil de leurs qualités?

Si l'ignorance n'a pas un plus sot orgueil que l'instruction?

Si le propre de la saine instruction n'est pas d'épurer tout, d'ajouter aux vertus, d'améliorer le caractère, d'embellir jusqu'à la modestie?

XXXIV. Tout, dans l'organisation sociale, demande de l'accord et de la proportion.

xxxv. Lorsque les hommes sont grossiers, les femmes doivent être ignorantes. Sans cela, elles obtiendraient un empire, que la nature leur dénie.

xxxvI. Par la même raison, lorsque les hommes sont éclairés, les femmes doivent être instruites. Sans cela, elles seraient au dessous des aimables services, les hom

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mes ont le droit de leur demander.

XXXVII. Ce qui fut convenable dans les époques de la primitive simplicité, ne le serait plus dans les siècles de la grande civilisation.

XXXVIII. Sans les lumières, elles n'auraient que les vices de cet état de société; avec les lumières, elles en ont les vertus.

XXXIX. Ouvrons-leur donc l'établissement de l'instruction publique.

Qu'elles y viennent sans aucune gêne, sans le blâme d'ancien préjugé, cultiver leurs talens; qu'elles en partagent les honneurs, comme les travaux.

XL. La nature leur accorde ce droit.
L'ordre public doit l'établir.

L'intérêt de la science humaine le réclame.
L'opinion publique en corrigera les écarts.

LXI. Ici, comme dans tout le reste, leur droit finit où commence une fonction publique; une fonction où une sorte d'autorité est nécessaire.

XLII. C'est ici que cette modestie, qui doit toujours les orner, vient réclamer l'exclusion que j'énonce.

XLIII. Une bienséance impérieuse ne veut pas qu'on voie, sous l'autorité de la loi, une femme entourée d'hommes, l'écoutant comme un maître, ou en recevant des lois dans un conseil.

XLIV. On a vu des peuples placer des

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femmes sur le trône, et leur confier le terrible pouvoir du despotisme.

Mais ces peuples respectaient plutôt dans une reine son sang et son rang, qu'ils ne se prosternaient devant son sexe.

XLV. J'ai dit les fonctions de l'instruction publique, qu'elles ne peuvent partager. Je dois dire celles qu'elles doivent posséder, exclusivement.

XLVI. Tout ce qui regarde particulièrerement leur sexe, son enseignement; la direction de ses moeurs; le soulagement de ses maux; tout cela doit leur être confié; et ne peut être placé dans de meilleures mains.

XLVII. Elles doivent avoir ici, jusqu'à un concours à la législation.

C'est à elles à proposer les plans, ensuite en avoir l'exécution.

XLVIII. Toute société, où elles sont mécontentes, ne peut bien aller.

Tout gouvernement est dégradé par leur avilissement, leur oppression; et surtout par leur corruption, qui a toujours sa cause

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