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que conserver chaque chose à sa place, en donnant la raison pour garantie à l'expérience, comme l'expérience doit devenir celle de la raison, ne sont pas entièrement vaines et oiseuses, comme on pourrait le

croire.

VI. Elles peuvent éclairer sur plusieurs erreurs accessoires; elles peuvent servir à rectifier des choses, dont rien, avant cet n'avait indiqué les véritables

examen,

règles.

vii. D'ailleurs, en législation, comme en philosophie, ne faut-il pas avoir dans l'esprit les motifs évidens et certains de tout ce qui doit rester invariable? C'est là le vice capital du droit civil de toutes les nations, où des principes, bons en eux-mêmes, n'ayant jamais été éclairés par la philosophie, risquent sans cesse d'être mal appliqués, parce qu'ils manquent des explications, qui en fixeraient les effets par les

causes.

VIII. L'homme et la femme sont tellement inséparables, qu'on ne peut les concevoir, existans isolément.

L'assemblage des femmes est le seul, qui ne peut jamais former une aggrégation politique.

Les femmes, dans la société, ne sont jamais que des individus, attachés à des pères, des frères, des maris.

La nature, par ses lois, et la société, par ses institutions, ont rendu ces deux êtres nécessaires l'un à l'autre, en les unissant par leurs différences mêmes.

C'est le besoin, et non une convention, qui les a rassemblés.

Leurs devoirs ne sont pas plus les mêmes, que leurs droits.

Les prérogatives de chacun sont le dédommagement de ses obligations.

IX. Tout est bien, quand ils suivent cette loi. Tout est mal, quand ils s'en écartent.

x. L'homme, fort, indépendant, chargé des travaux, des périls, possède l'empire. Mais cet empire est le prix d'un tendre dé

vouement.

xi. La femme, soumise par besoin, l'est encore plus par reconnaissance. Elle porte, avec amour, une autorité, qui se tempère

dans son action; qui s'amollit, en tombant sur un si doux objet.

XII. Admirons l'économie de la nature ! C'est par l'amour qu'elle se conserve au sein d'une continuelle destruction. Mais l'amour, qui ne rapproche, qu'un moment, les autres espèces, fonde, dans l'espèce humaine, une durable société de soins et de plaisirs; et cet amour est bien mieux affermi sur les mutuels ménagemens, d'une fierté qui se plaît à s'adoucir, et d'une douceur qui jouit de ce qu'elle accorde, que sur l'ombrageuse égalité.

XIII. Voilà ce que demande la raison; et non ce que les hommes ont établi; car ils en ont souvent ordonné, tout autrement.

XIV. Le sauvage, qui traite les femmes, non suivant l'ordre de la nature, mais suivant le penchant des êtres forts à devenir

des

le

oppresseurs; sauvage en fait des esclaves, qu'il condamne à ce qui lui paraît le plus grand des maux, le travail.

xv. Les peuples barbares, qui ont des affaires publiques, sans connaître encore les liens de la société, les relèguent dans leurs maisons, dont ils leur laissent l'empire.

xvi. Les peuples de l'Orient, chez qui toute autorité est un despotisme, méprisant et redoutant leur faiblesse; ne voyant en elles que des êtres voués à une perpétuelle enfance, les renferment pour leurs plaisirs, sous une garde injurieuse et terrible; et ne daignent recevoir d'elles que le service de perpétuer leur race.

XVII. Les nations civilisées, à qui les mœurs domestiques ne suffisent plus, qui cherchent de nouvelles jouissances dans cette communication d'idées et d'impressions, dont leurs loisirs et des goûts plus raffinés leur ont fait des besoins, font des femmes les ornemens de ce commerce, qu'ils ont établi entre eux.

XVIII. Suivant les époques où arrive ce changement, et les principes qui le dirigent, leur association au commerce des hommes, adoucit les mœurs ou les corrompt; ennoblit les âmes ou les dégrade.

XIX. Dans cette nouvelle position, l'ordre naturel n'est nullement renversé à leur égard.

xx. Il

ya, dans la société domestique; une chose intérieure, réservée à la femme; et une chose extérieure, qui ne convient ni à ses facultés, ni à ses inclinations. Ce n'est pas là une exclusion; c'est une destination.

XXI. Réglez autrement les choses; supposez les hommes retenus au dedans de la maison ; les femmes portées au dehors; tout devient choquant et mauvais, parce que tout est déréglé.

XXII. Les hommes, ravalés de la dignité naturelle, perdant l'empire, en conservant la force, ne savent plus qu'être vils et bru

taux.

XXIII. Les femmes, devenues hommes, sont moins que des femmes: elles retrouvent une plus funeste inégalité, parce que celle-ci est un désordre de la société, tandis que l'autre était une institution de la nature.

XXIV. Les enfans, ne distinguant plus, à des traitemens différens, un père d'avec une mère, attendent de l'un ce qu'ils ne peuvent obtenir que de l'autre.

XXV. Les dissensions du ménage ne trou

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