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touffer. C'est la barbarie dans l'inconsé

quence.

XXIII. N'est-ce pas un crime dans des parens, de compromettre la vertu d'un jeune cœur dans les rigueurs d'un mariage sans amour, ou d'éteindre son âme, en désenchantant l'aurore de sa vie?

XXXIV. Lorsqu'en aimant, vous sentez que votre cœur ne se détache de la pas

pas

sion du bien; que le sentiment de vos devoirs ne fléchit pas sous la victoire de l'amour; ne vous reprochez pas votre amour.

XXXV. Des femmes, quelquefois sans honneur, se croient permis d'attaquer dans leur sexe, ce que peut avoir hors des règles communes, l'innocente beauté de certaines conduites.

XXXVI. Les femmes sont plus asservies que les hommes, sous l'amour.

XXXVII. Il est souvent de leur situation, de l'immoler; et non de leur nature, de le dompter.

XXXVIII. Les hommes le croient ainsi; et

lorsqu'ils les tiennent

par

la passion, ils re

gardent comme une rébellion la seule pensée de s'affranchir.

XXXIX. Telle personne ne vous a souvent trahie, que pour n'avoir pas été enchaînée par votre confiance.

XL. L'amour malheureux ne peut se plaire à lui-même, se consoler, qu'en faisant tout encore pour l'objet aimé.

XLI. Les femmes d'un noble caractère épousent un devoir, comme elles sentent une passion; et lorsqu'elles ne peuvent les concilier, elles se décident par ce qui frappe sur leur cœur, plutôt que par ce qui est dans leur cœur.

XLII. Une jeune personne est innocente de l'empire qu'elle obtient sa séduction est dans son innocence.

XLIII. Une séduction, par la naïveté et la candeur, est la plus puissante des séduc

tions.

J

HISTOIRE D'UNE FEMME CÉLÈBRE, (Tracée par elle-même. )

XLIV. J'ADOPTAI une nouvelle existence; je me livrai à l'étude : j'ornai mon esprit; je désirai ce genre de jouissance et de succès; à la société : je cherchai l'art d'y régner dans celui de plaire; je joignis, à quelques grâces naturelles, la dignité des manières, des procédés, de la conduite; l'art des ménagemens entre les passions et les caractères, au tact des convenances entre les âges, les sexes, les rangs divers. On me crut plus aimable, depuis que rien ne m'attachait plus; j'obtins une sorte d'empire, pour remplir le vide d'un seul sentiment; et ne pouvant être une femme heureuse, je devins une femme célèbre (*).

XLV. Un jeune poëte vivait dans une bonne et honnête maison, dont on mariait la fille; ce qui déplaçait toute la famille. Et moi, dit-il, où irai-je? La jeune mariée répond pour tous: Vous irez, où serait allé La Fontaine, si madame de La Sablière avait délogé. C'est un mot de femme.

(*) Tiré de mon roman théâtral.

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XLVI. Il y a des personnes, qui se font hautes et fières, dans la crainte d'être trop bonnes; et qui, en cela, se rendent justice; et ne se trompent pas au mal, mais au remède.

XLVII. Rien de plus aimable, surtout dans une femme, que d'être près de la vanité, par sa position, et d'en être loin, par son caractère.

XLVIII. Nous avons vu, dans l'ancien régime, de grandes dames, qui refusaient, près d'elles, de très-vulgaires honneurs; et qui accordaient leur amitié, lorsque leur amitié était devenue un asile.

Nous avons vu des vanités bourgeoises, mais qui n'auraient jamais dérogé, en nulle

occasion.

XLIX. Dans les rangs élevés, les femmes, surtout, ont plutôt leurs amies au-dessous d'elles, que près d'elles.

L. Les rangs pareils se repoussent. Les distances rapprochent les belles âmes.

LI. C'est dans ces amitiés obscures et silencieuses, que des femmes du plus grand éclat ont souvent montré qu'elles savaient

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aimer; et que, sûres de l'être, elles ont éprouvé ce courage, qui sait déplaire, pour servir.

LII. Les femmes, dans les hauts rangs, sont placées comme des médiatrices entre l'obscurité et la gloire, entre l'oppression et le pouvoir réparateur. Qu'on les passionne de cet aimable emploi; et elles le rempliront, comme d'autres femmes s'acquittent de cette fonction, plus sublime, que la religion leur confie, dans les asiles de toutes les souffrances.

LIII. Tout est bien tendre, bien délicat dans le retour des coeurs: craignez de le manquer par l'impatience de vos vœux, et l'exigeance de vos empressemens.

LIV. La femme, qu'une femme aimera le plus, est celle qu'elle croyait sa rivale et qui s'est refusée à l'être (*).

LV. C'est une femme, qui sait le mieux contenir et dissimuler l'ivresse d'un heureux sentiment, qui vient l'assaillir. Il est là, sur son cœur; mais comme un trésor, encore

Situation de mon roman.

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