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XXVIII. Voici le sens secret de ce mot : les faibles, les op

on fera

les

pour pauvres,

primés, ce que voudront bien accorder les riches, les puissans, les forts.

XXIX. Je demande à tout homme public, dans la cause des faibles et des délaissés, cette fermeté, qui veut tout ce qu'elle doit; et ce courage, qui administre toute la convenable allégeance à toute injuste souffrance.

REPRISE DES PENSÉES DÉTACHÉES.

CXXV. Une âme noble s'affermit dans le courage de son devoir, par la menace d'en devenir la victime.

CXXVI. Les grandes âmes éprouvent plus d'injustice, d'ingratitudes, de déloyautés. Pourquoi cela? On est en sûreté contre elles par leurs généreux dédains sur leurs injures.

CXXVII. Je me lasse d'être dupe. Pour être trop bon pour vous, je ne veux plus être injuste envers moi-même.

CXXVIII. On se défend aisément de toute amertume, dans toutes espèces de ruptures,

quand on peut se replier dans sa conscience, avec une pleine satisfaction.

EXXIX. Après de grandes fautes, la certitude d'une meilleure conduite n'est que dans un jugement sévère de soi-même.

pas

cxxx. La dignité paternelle ne se sépare de l'indulgence paternelle.

CXXXI. Le père qui, avec un fils, adopte comme une règle irrévocable, même un juste ressentiment; qui a fait un pacte avec Ja haine, ne méritait pas un meilleur fils, que celui qui a méconnu ses droits.

CXXXII. Biaiser, finasser, n'être ni dedans ni dehors, est le mauvais jeu des petits esprits et des petites âmes.

CXXXIII. Le silence des gens en place, a quelquefois l'air d'une autorisation; et n'est souvent qu'un piége.

CXXXIV. Excéder ses droits, c'est manquer à ses devoirs.

CXXXV. Que faire avec ces gens, qui, pour n'avoir pas à répondre aux raisons que vous leur présentez, se fâchent par les sottises qu'ils vous prêtent?

CXXXVI. La générosité de certaines gens consiste à donner, avec l'arrière-pensée de reprendre au double.

CXXXVII. La vengeance a un grand avantage avec les beaux esprits; c'est de pouvoir les frapper dans la partie d'eux-mêmes où se porte toute leur âme, dans leurs écrits.

CXXXVIII. Il est insensé de demander de grands sacrifices, si ce n'est à de grandes âmes.

CXXXIX. On gémit dans son cœur d'une victoire sur son cœur; on en gémit longtemps. Néanmoins il s'en élève un noble orgueil, un sentiment consolateur. On s'est éprouvé fort, généreux, égal à un beau devoir; on se sent capable de recommencer; on a sa récompense, dans sa peine.

CXL. Ce qu'on ferait de généreux contre soi, on ne le peut quelquefois à cause d'un autre. Il est des actes de vertu, que la justice ne permet pas.

CXLI. Avec un cœur bourrelé de la crainte de sa disgrâce, un ministre va entendre les plaintes du public. Jugez de son attention et de son intérêt.

CXLII. Si un grand veut vous en imposer, souvenez-vous de ce que vaut un honnête homme.

S'il s'emporte contre vous, contenez son arrogante colère par votre sang-froid.

S'il vous menace de son autorité, défendez-vous par votre conscience.

Et, s'il le faut, soyez sa victime, plutôt que son complice.

CXLIII. Un honnête bourgeois, en sortant d'avec un ministre, disait : Son grand air me faisait peur, d'abord. Mais ses propos m'ont fait bouillir le sang; et je suis devenu aussi fier que lui, à ma façon.

CXLIV. La plus belle vertu n'est point épargnée par la rage frénétique des factions.

CXLV. Avec l'importance des entours, des liaisons considérables et une belle fortune, on se tire de toutes les mauvaises affaires; fors l'honneur.

CXLVI. Fatiguons tous les gouvernemens, pour en arracher les réformes qui les sauvent, et ne les renversons jamais.

XLVII. On ne dissuade

pas

d'un mauvais

soupçon, celui qui ne médite lui-même que

le mal.

CXLVIII. Comme nous traitent ceux qui ne sentent que notre besoin d'eux!

CXLIX. Les bons mouvemens de l'âme valent mieux que les combinaisons de l'esprit, pour sortir des troubles de famille.

CL. La première injustice que l'on reçoit parmi les hommes laisse dans notre âme une impression, qui ne s'efface pas.

CLI. Sortir de l'état dans lequel notre âme s'était moulée, c'est souvent sortir de notre bonheur, et de notre mérite.

CLII. Dans notre ancien régime, la noblesse avait bien su déroger jusqu'à l'opulence des maltôtiers; mais elle dédaignait encore l'alliance des lettres et des arts; tout en faisant vanité de leur commerce.

CLIII. Prendre les choses comme elles sont, et les employer comme les circonstances le permettent c'est la sagesse pratique de

la vie.

CLIV. On préjuge des actions des hom

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