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XXVIII.

Même sujet.

Ne blâmez pas Perrault de condamner Homère,
Virgile, Aristote, Platon :

Il a pour lui monsieur son frère,

G......., N......., Lavau, Caligula, Néron,

Et le gros Charpentier, dit-on.

XXIX.

Parodie burlesque de la première ode de Pindare. A La louange de M. P*** 1.

Malgré son fatras obscur,

Souvent Brébeuf étincelle :
Un vers noble, quoique dur,
Peut s'offrir dans la Pucelle.
Mais, ô ma lyre fidèle,
Si du parfait ennuyeux
Tu veux trouver le modèle,
Ne cherche point dans les cieux
D'astre au soleil préférable;
Ni dans la foule innombrable
De tant d'écrivains divers
Chez Coignard rongés des vers,
Un poëte comparable

A l'auteur inimitable 2

De Peau-D'Ane mis en vers.

XXX.

Sur la réconciliation de l'auteur et de M. Perrault.

Tout le trouble poétique

A Paris s'en va cesser;
Perrault l'anti-pindarique,
Et Despréaux l'homérique,
Consentent de s'embrasser.

Quelque aigreur qui les anime,

Quand, malgré l'emportement,

'J'avais résolu de parodier l'ode; mais dans ce temps-là nous nous raccoiningdames, M. P***, et moi. Ainsi il n'y eut que ce couplet de fait. (BoIL.)

* M. P***, dans ce temps-là, avait rimé le conte de Peau-d'Ane. (BOIL.)

Comme eux l'un l'autre on s'estime,

L'accord se fait aisément.

Mon embarras est comment

On pourra finir la guerre

De Pradon et du parterre.

XXXI.

Contre Boyer et la Chapelle.

J'approuve que chez vous, messieurs, on examine
Qui du pompeux Corneille ou du tendre Racine
Excita dans Paris plus d'applaudissements :

Mais je voudrais qu'on cherchât tout d'un temps
(La question n'est pas moins belle)

Qui du fade Boyer ou du sec la Chapelle

Excita plus de sifflements .

XXXII.

Sur une harangue d'un magistrat, dans laquelle les procureurs étaient fort maltraités.

Lorsque, dans ce sénat à qui tout rend hommage,
Vous haranguez en vieux langage,

Paul, j'aime à vous voir, en fureur,
Gronder maint et maint procureur;
Car leurs chicanes sans pareilles
Méritent bien ce traitement.
Mais que vous ont fait nos oreilles
Pour les traiter si rudement ?

XXXIII.

Épitaphe.

Ci-git, justement regretté,

Un savant homme sans science,
Un gentilhomme sans naissance,
Un très-bon homme sans bonté.

XXXIV.

Sur un Portrait de l'auteur 1.

Ne cherchez point comment s'appelle

• Peint par Santerre.

L'écrivain peint dans ce tableau :

A l'air dont il regarde et montre la Pucelle,

Qui ne reconnaîtrait Boileau?

XXXV.

Pour mettre au bas d'une méchante gravure qu'on a faite de moi.

Du célèbre Boileau tu vois ici l'image.

Quoi! c'est là, diras-tu, ce critique achevé!

D'où vient le noir chagrin qu'on lit sur son visage?
C'est de se voir si mal gravé.

XXXVI.

Aux révérends Pères de ***I ̧ ',qui m'avaient attaqué dans leurs (crits. Mes révérends pères en Dieu,

Et mes confrères en satire,

Dans vos écrits, en plus d'un lieu',

Je vois qu'à mes dépens vous affectez de rire.
Mais ne craignez-vous point que, pour rire de vous,
Relisant Juvénal, refeuilletant Horace,

Je ne ranime encor ma satirique audace ?
Grands Aristarques de Trévoux,
N'allez point de nouveau faire courir aux armes
Un athlète tout prêt à prendre son congé,
Qui par vos traits malins au combat rengagé,
Peut encore aux rieurs faire verser des larmes.
Apprenez un mot de Regnier,

Notre célèbre devancier :

« Corsaires attaquant corsaires

Ne font pas, dit-il, leurs affaires 2.

XXXVII.

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Aux mêmes. Sur mon épitre de l'Amour de Dieu.

Non, pour montrer que Dieu veut être aimé de nous,

Je n'ai rien emprunté de Perse ni d'Horace,

Et je n'ai point suivi Juvénal à la trace :

Car, bien qu'en leurs écrits ces auteurs, mieux que vous,

1 Trévoux.

2 Vers de Regnier. (BOIL.)

Attaquent les erreurs dont nos âmes sont ivres,
La nécessité d'aimer Dieu

Ne s'y trouve jamais prêchée en aucun lieu,
Mes pères, non plus qu'en vos livres.

XXXVIII.

Aux mêmes. Sur le livre des Flagellants, composé par mon frère le docteur de Sorbonne.

Non, le livre des Flagellants

N'a jamais condamné, lisez-le bien, mes pères,
Ces rigidités salutaires

Que, pour ravir le ciel, saintement violents,
Exercent sur leurs corps tant de chrétiens austères.
Il blâme seulement cet abus odieux

D'étaler et d'offrir aux yeux

Ce que leur doit toujours cacher la bienséance,
Et combat vivement la fausse piété,

Qui, sous couleur d'éteindre en nous la volupté,
Par l'austérité même et par la pénitence

Sait allumer le feu de la lubricité.

XXXIX.

L'amateur d'horloges.

Sans cesse autour de six pendules,
De deux montres, de trois cadrans,
Lubin, depuis trente et quatre ans,
Occupe ses soins ridicules:

Mais à ce métier, s'il vous plaît,

A-t-il acquis quelque science?

Sans doute; et c'est l'homme de France

Qui sait le mieux l'heure qu'il est.

XL'.

Contre Mauroi.

Qui ne hait pas tes vers, ridicule Mauroi,

Pourrait bien, pour sa peine, aimer ceux de Fourcroi.

'Rapportée par Brossette, dans ses notes sur la satire III.

I.

Chanson à boire, que je fis au sortir de mon cours de philosophie, à l'âge de dix-sept ans.

Philosophes rêveurs, qui pensez tout savoir,
Ennemis de Bacchus, rentrez dans le devoir;
Vos esprits s'en font trop accroire.

Allez, vieux fous, allez apprendre à boire.
On est savant quand on boit bien :
Qui ne sait boire ne sait rien.

S'il faut rire ou chanter au milieu d'un festin,
Un docteur est alors au bout de son latin:

Un goinfre en a toute la gloire.
Allez, vieux fous, etc.

II.

Autre.

Soupirez jour et nuit sans manger et sans boire,
Ne songez qu'à souffrir;

Aimez, aimez vos maux, et mettez votre gloire
A n'en jamais guérir.
Cependant nous rirons
Avecque la bouteille,

Et dessous la treille
Nous la chérirons.

Si, sans vous soulager, une aimable cruelle
Vous retient en prison,

Allez aux durs rochers, aussi sensibles qu'elle,
En demander raison.

Cependant nous rirons, etc.

III.

Vers à mettre en chant.

Voici les lieux charmants où mon âme ravie

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