La pédante au ton fier, la bourgeoise ennuyeuse, grace. J'entends: c'est pousser loin la modération. Il est temps de conclure; et, pour tout terminer, Lui dire : Eh bien! madame, il faut nous séparer 2; I Correctif léger de tout le mal qu'il a dit des femmes, dans cette satire, que l'on trouvera cependant bien modérée, si on la compare avec celle de Juvénal sur le même sujet. Mais quelle différence aussi de temps et de moeurs! le satirique françois a chargé se tableau: le poëte latin ne l'a pas même offert dans toute sa vérité. 2 Montaigne agite (liv. II, ch. xv) la grande question du divorce. « Nous avons pensé, dit-il, attacher plus ferme le nœud de Nous ne sommes pas faits, je le vois, l'un pour l'autre. Alcippe, tu crois donc qu'on se sépare ainsi? Ce n'est point tous ses droits, c'est le procès qu'elle aime2. « nos mariages, pour avoir osté tout moyen de les dissouldre; <«< mais d'autant s'est desprins et relasché le nœud de la volonté et « de l'affection, que celui de la contrainte s'est estrécy: et, au re<«<bours, ce qui teint les mariages, à Rome, si long-temps en hon« neur et en seureté, feut la liberté de les rompre qui vouldroit : il «< se passa cinq cents ans et plus, avant que nul s'en servist. » (VAL. MAX., I. II, ch. 1, sect. 4.) I C'est la formule même du divorce chez les Romains: Res tuas tibi habeto. ( Digest., tit. de Divortiis et Repudiis.) 2 Ce portrait de la Plaideuse manquoit encore à tant de por traits; et il étoit impossible de l'amener plus ingénieusement. Avec elle il n'est point de droit qui s'éclaircisse, Crois-moi, pour la fléchir trouve enfin quelque voie : I Trait excellent, et qui termine on ne peut mieux cette satire, qui, « quoique plus travaillée, dit La Harpe, que les deux der« nières; quoiqu'elle offre des portraits bien frappés, entre autres << celui du directeur; quoique les transitions y soient ménagées << avec un art dont le poëte avoit raison de s'applaudir, n'est pour<< tant qu'un lieu commun qui rebute par la longueur et révolte par l'injustice.» (Cours de Littérature, part. II, liv. I, ch. x.) SATIRE XI. A M. DE VALINCOUR*. m Oui, l'honneur, Valincour, est chéri dans le monde 1 : Jean-Baptiste-Henri du Trousset de Valincour, né en 1653. Il étoit fort lié avec Racine et Boileau, qui fit sa réputation en lui adressant cette satire. C'étoit d'ailleurs un homme d'esprit et un bon littérateur. Déja membre de l'académie de la Crusca, il fut reçu en 1699, le 27 juin, à l'académie françoise, à la place de Racine, auquel il succéda également comme historiographe du roi. Il avoit recueilli tout ce que Boileau et Racine avoient composé de l'histoire de Louis XIV; rédigé d'importants Mémoires sur la marine, et commencé plusieurs autres ouvrages. Rien de tout cela n'a échappé à l'incendie qui consuma, en 1725, sa maison de campagne de Saint-Cloud: mais on a conservé deux volumes in-folio manuscrits d'œuvres posthumes, dont quelques fragments en vers et en prose ont été successivement insérés dans le Magasin encyclopédique (1805), et dans une édition de la Princesse de Clèves, Paris, 1807, à la suite des Lettres, déja connues, de Valinsur ce roman célébre. cour, Le début du Discours de Voltaire sur la vraie vertu sembleroit, jusqu'à un certain point, emprunté du commencement de cette satire : 2 Le nom de la vertu retentit sur la terre; On l'entend au théâtre, au barreau, dans la chaire; « Nous ignorons, dit Voltaire (Quest. encycl., art. Honneur), Ce forçat abhorré même de ses confrères; Le monde, à mon avis, est comme un grand théâtre, s'il y a beaucoup de galériens qui se plaignent du peu d'égards « qu'on a eu pour leur honneur. » Nous répondrons à Voltaire par l'anecdote suivante. Le duc d'Ossone, vice-roi de Naples et de Sicile, visitant un jour les galères du port, eut la curiosité d'interroger les forçats sur les causes de leur détention. Ils étoient à les entendre, les plus honnêtes gens du monde : un seul eut la franchise d'avouer qu'il eût été pendu, si on lui avoit rendu justice. « Qu'on m'ôte d'ici ce coquin-là, dit le duc en lui donnant la liberté ; il gâteroit tous ces honnêtes gens. » tous, " 'Diogène de Sinope, vulgairement appelé le Cynique, et Cratès son disciple, sont les deux philosophes de l'antiquité sur lesquels on s'est plu à rassembler le plus de contes et de traditions puériles: l'anecdote de la lanterne, allumée en plein jour pour chercher un homme, pourroit bien être du nombre, quoique rappor tée par Diogène Laërce, livre VI. |