FABLE XII. L'Amour et la Folie. Cff. COMMIRE, f. 6, Dementia Amoren ducens. - LOUISE LABBÉ, OEuvres, éd. de 1762, p. 1 à 102: Débat de l'Amour et de la Folie. La Folie et l'Amour jouoient un jour ensemble: Elle lui donne un coup si furieux, Qu'il en perd la clarté des cieux. Femme et mère, il suffit pour juger de ses cris : Et Jupiter, et Némésis 1, Et les juges d'enfer, enfin toute la bande. Me semble chose assez commune: On peut, sans grand effort d'esprit, Que de mouches voit-on dans le siècle où nous sommes ! 1 Némésis. Déesse de la vengeance, qui avait pour mission de châtier les méchants. Son fils, sans un bâton, ne pouvoit faire un pas : Quand on eut bien considéré 1 L'intérêt du public, celui de la partie, A servir de guide à l'Amour. FABLE XIII. Le Corbeau, la Gazelle, la Tortue et le Rat. A MADAME DE LA SABLIÈRE. Cff. Livre des lumières, ou la conduite des roys, composé par le sage PILPAY, indien, 1614, in-8o, p. 193-199, et ensuite p. 226 à 232; Contes et Fables indiennes, seconde partie, chap. II, t. II, p. 262-270, et p. 306 à 314. Je vous gardois un temple dans mes vers : Déjà ma main en fondoit la durée 1 Quand on eut bien considéré, etc. Dans le récit de Louise Labbé, la Folie n'est pas condamnée sans avoir été entendue et défendue: Mercure se charge de sa cause, tandis qu'Apollon plaide celle de l'Amour. Sur ce bel art qu'ont les dieux inventé1, Que dans ce temple on auroit adorée. 2 Sur le portail j'aurois ces mots écrits 5: Au fond du temple eût été son image, ▲ Ce bel art qu'ont les dieux inventé. Apollon était honoré par les Grecs comme le dieu de la poésie. (Cff. suprà, le Meunier, son Fils et l'Ane, III, 1, p. 97, v. 7.) 2 Sur le portail. Ce vers et les cinq suivants ne disent pas grand'chose. Junon et le maître des dieux, qui seraient fiers de porter les messages de la déesse Iris; cela n'ajoute pas beaucoup à l'idée qu'on avait de Mme de La Sablière. Il faut, dans la louange, le ton de la vérité ; c'est lui seul qui accrédite la louange, en même temps qu'il honore et celui qui la reçoit et celui qui la donne. 3 J'aurois ces mots écrits. Inversion vicieuse. 4 Iris. Nom allégorique que le poëte donne à Mme de La Sablière. (V. suprà, les deux Rats, le Renard et l'OEuf, X, 1, p. 450, v. 1. V. aussi Phebus et Borée, VI, 3, p. 235, n. 1.) A ses gages. Idée commune. 6 L'apothéose. Réception parmi les dieux. (V. suprà, les Obsèques de la Lionne, VIII, 12, p. 364, n. 2.) Avec ses traits, son souris, ses appas, 1 Son art de plaire et de n'y penser pas. Voilà un de ces vers qui font pardonner mille négligences. (CHAMFORT.) 2 Même des dieux. Entr'autres Jean Sobieski, qui depuis fut roi de Pologne. 3 Parfumer ses autels. Mlle de Montpensier dit, dans ses Mémoires, avec un dépit non déguisé, « que le marquis de La Fare et nombre d'autres passaient leur vie chez une petite bourgeoise savante et précieuse, qu'on appelait Mme de La Sablière. >> 4 Né du firmament. Les commentateurs relèvent ces quatre rimes masculines comme une négligence. Geruzez fait remarquer, à ce sujet, que le 2e et le 3o de ces vers (car ce cœur, etc.), doivent probablement être supprimés. La Fontaine les aura laissés par distraction après les avoir remplacés par le suivant. Car c'est un mot banni de votre cour, Pour plus de grâce, au devant d'un sujet La gazelle, le rat, le corbeau, la tortue, Le choix d'une demeure aux humains inconnue Mais quoi ! l'homme découvre enfin toutes retraites. Au fond des eaux, au haut des airs, Vint sur l'herbe éventer les traces de ses pas. Dit aux amis restants: D'où vient que nous ne sommes |