FABLE XII. Les deux Aventuriers et le Talisman. Cff. Livre des lumières, ou la conduite des roys, 1644, p. 62. Les Contes et les Fables indiennes de BIDPAï et de LOKMAN, (t. I. p. 247-261). 1 Aucun chemin de fleurs ne conduit à la gloire 1 : J'en vois peu dans la Fable, encor moins dans l'his- ses jambes et ses pieds étaient nus, tant sa misère était grande; et il s'en plaignit au Ciel avec amertume. Ayant fini sa prière, il se retourne et voit un autre pauvre appuyé contre une colonne, et assis sur son séant; il s'aperçut que ce pauvre n'avait point de jambes. Le premier pauvre sortit de la mosquée en rendant grâces aux dieux. » 1 Aucun chemin de fleurs, etc. Ardua per præceps gloria vadit iter. (OVID. Tristo IV.) A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. (CORNEILLE, Cid.) Le Ciel par les travaux veut qu'on monte à la gloire. (ID., Rodogune.) 2 Talismans. Figures et pierres chargées de caractères, auxquelles on attribue des vertus extraordinaires. Le mot talisman dérive de l'arabe telsam, qui signifie figure magique. Firent chercher fortune au pays des romans 1. Son camarade et lui trouvèrent un poteau << Seigneur aventurier, s'il te prend quelque envie « De voir ce que n'a vu nul chevalier errant *, « Tu n'as qu'à passer ce torrent ; « Puis, prenant dans tes bras un éléphant de pierre «Que tu verras couché par terre, « Le porter, d'une haleine, au sommet de ce mont « Qui menace les cieux de son superbe front. » L'un des deux chevaliers saigna du nez 3. Si l'onde Est rapide autant que profonde, Dit-il... et supposé qu'on la puisse passer, 1 Pays des romans. Pays imaginaires. 2 Il voyageoit de compagnie. On n'employerait plus d'une manière absolue cette expression, qui appelle un complément. Pour dire qu'un homme ne voyage pas seul, on dit qu'il est en compagnie; si l'on en nomme plusieurs, on peut dire qu'ils voyagent de compagnie. 3 Ayant au haut cet écriteau. Vers peu harmonieux. 4 Chevalier errant. Chevalier qui allait par le monde chercher des aventures. 5 Saigna du nez. Expression proverbiale pour dire que l'on manque de résolution par la crainte du danger. Saigner dų nez était, en Orient, pendant la peste, considéré comme un symptôme fâcheux, qui faisait craindre la mort à ceux qui l'éprouvaient. Ainsi on lit dans le Décaméron de Boccace: << Non pas comme elle avait fait en Orient, là où quiconque saigne du nez, montrait signe manifeste de mort inévitable.>> Cette locution est employée ici dans le sens figuré. Suivant Geruzez, elle ne s'employerait plus qu'en ce sens. C'est là une erreur. Pourquoi de l'éléphant s'aller embarrasser? Le sage l'aura fait par tel art et de guise 1 Qu'on le pourra porter peut-être quatre pas: [pas Ne purent l'arrêter; et, selon l'écriteau, Un cri par l'éléphant est aussitôt jeté : Le peuple aussitôt sort en armes. Tout autre aventurier, au bruit de ces alarmes, 1 Et de guise. Et de manière. 2 Pygmée. Fort petit. Allusion mythologique. Selon la légende, les Pygmées formaient une peuplade composée d'hommes de taille exiguë. Ces lilliputiens de l'antiquité habitaient la Haute-Égypte, où ils se livraient aux travaux agricoles. 3 Où l'honneur. C'est-à-dire, où sera l'honneur. Ellipse. Il l'emporte. L'auteur aurait bien dû nous dire comment. (CHAMFORT.) Veut vendre au moins sa vie, et mourir en héros. Le proclamer monarque, au lieu de son roi mort. DISCOURS A M. Le duc de la RocHEFOUCAULD (a). Je me suis souvent dit, voyant de quelle sorte En mille occasions comme les animaux : Le roi de ces gens-là n'a pas moins de défauts 1 Fortune aveugle, etc. Audentes fortuna juvat, dit VIRGILE (X, 284). Il semble assez difficile d'accorder cette .proposition avec la moralité de la fable le Renard et le Bouc (V. suprà III, 5, p. 113, n. 5). (a) Cette fable est tout entière de l'invention de La Fontaine. A mis dans chaque créature Quelque grain d'une masse où puisent les esprits : A l'heure de l'affût 2, soit lorsque la lumière Et que, n'étant plus nuit, il n'est pas encor jour 5, Un lapin qui n'y pensoit guère *. Je vois fuir aussitôt 5 toute la nation Des lapins, qui, sur la bruyère, S'égayoient, et de thym parfumoient leur banquet. 1 Et pétris de matière. Obscur. 2 A l'heure de l'affût. Au moment où l'on se poste pour attendre le gibier. 3 Il n'est pas encor jour. Rappelle le sideribus dubiis de JUVENAL. Et le vers d'OVIDE: Ortus erat summo tantum modo margine Phœbus. Ailleurs, La Fontaine : (Ov., Fast., V.) L'ombre et le jour luttoient dans les champs azurés. 4 Un lapin qui n'y pensoit guère. Phèdre dit, en parlant du moineau enlevé par le faucon : Ipsum nec opinum rapit. 4 Je vois fuir aussitôt, etc. Tableau charmant. |