Il met sur pieds sa bête et la fait détaler 1. 4 Se plaint en son patois 2. Le meunier n'en a cure 3; 5 1 Détaler, cff, suprà, le Rat de ville et le Rat des champs (I, 9) p. 26, n. 1. 2 Patois. Se dit proprement du langage du peuple et des paysans, particulier à chaque province. Ainsi, l'on distingue le patois lorrain, le patois normand, le patois liégeois. 3 Cure, se dit dans le style familier, comme synonyme de soin, souci. C'est un latinisme (curæ habere, avoir à cœur). 4 Garçon, style familier: un jeune homme. Ce mot a, jusqu'au XVIIe siècle, presque toujours été pris en mauvaise part; il signifiait homme de basse condition, valet, goujat, libertin. 5 Laquais. Le Dictionnaire de l'Académie rattache ce mot à l'allemand landsknecht, qui signifie spécialement un valet en livrée, qui suit son maître. D'Herbelot (Bibl. orient.) le fait dériver du mot espagnol lacaio, issu lui-même de l'arabe lakiths ou lakaiths, qui signifie enfant exposé, enfant dont la mère est inconnue. Borel, au contraire (Dict. du vieux langage), prétend que laquay ou nacquet, c'est-à-dire page, villageois, paysan, dérive du basque et désigne, en cette langue, un serviteur. Nous croyons que c'est tout simplement le vieux mot roman naquais (nacquet, naquet), qui signifie gens de basse classe, qui suivaient à pied les personnes qui les louaient. Celui-ci se retrouve encore dans RONSARD : « Les autres poètes latins ne sont que les Quand trois filles passant, l'une dit: C'est grand'honte1 Il n'est, dit le meunier, plus de veaux à mon âge : Parbleu! dit le meunier, est bien fou du cerveau Qui prétend contenter tout le monde et son père o. Essayons toutefois si, par quelque manière, naquets de ce brave Virgile. » (Préface de la Franciade.) 1 C'est grand'honte. A la rigueur il ne faut pas d'apostrophe, pas plus qu'il n'en faudrait dans les expressions grand mère, grand route, etc. Ces expressions datent du temps de la langue romane, où l'adjectif grand n'avait qu'une seule forme pour les deux genres. 2 Clocher, de claudicare, boiter en marchant. Style familier. 3 Fait le veau, etc. En parlant d'un jeune homme qui s'étend nonchalamment, on dit, dans le style familier, qu'il s'étend comme un veau, qu'il fait le veau. La fille, terme de mépris; ma fille, terme d'affection. 5 Gloser. Cff. suprà, la Besace, (I, 7.) p. 19, n. 3. 6 Qui prétend contenter. Vers devenu proverbe. La substance de cette pensée se trouve déjà, au xve siècle, dans une lettre de Léonard Arétin. Ce n'était d'abord, dit M. Fournier qu'une phrase de vile prose; mais en faisant son chemin dans le monde, elle se forma, se mit mieux sur ses pieds et * L'Esprit des autres, p. 81. Nous en viendrons à bout. Ils descendent tous deux. Le meunier repartit : Ils usent leurs souliers, et conservent leur âne! devint un alexandrin des plus ingambes. (On ne peut, dit l'alexandrin-proverbe, contenter tout le monde et son père.) La Fontaine n'avait qu'à le prendre tel que le lui présentait la morale des nations. Il ne le fit pas. Dans sa fable du Meunier, son Fils et l'Ane, où il l'emploie, il lui donne ses aises; au lieu de deux hémistiches, il lui en laisse prendre trois : Est bien fou de cerveau ... Qui prétend contenter tout le monde et son père. Se prélassant, affectant un air de gravité, de dignité. Ce mot est emprunté à RABELAIS, qui l'a créé. « Je vis Diogènes, dit Epistemon, revenu des enfers, qui se prélassoit en magnifi-cence, avec une grand'robe de poulpre et un sceptre en sa dextre, et faisoit enrager Alexandre-le-Grand, quand il n'avoit pas bien rapetassé ses chausses.» (Pantagruel, liv. XI, ch. xxx.) 2 La chanson le dit. La chanson dont il est question a été retrouvée, en 1842, paroles et musique, à Orléans, chez un relieur, par M. Le Camus, membre de l'Académie de Cler mont; en voici le dernier couplet : - Adieu, cruelle Jeanne, Quant à vous', suivez Mars, ou Thémiss, ou le prince, 1 Quant à vous. Vous, Racan; car ceci est la réponse que Malherbe fait à son ami, après lui avoir conté l'apologue qui précède. 2 Mars, la carrière militaire. Mars, fils de Jupiter et de Junon, est considéré comme le dieu de la guerre dans la mythologie grecque. Τὸν "Αρην μυθολογοῦςι πρῶτον κατασκευάσαι πανοπλίαν καὶ στρατιώτας καθοπλίσαι, και τὴν ἐν ταῖς μάχαις ἐναγώνιον ἐνέργειαν εἰσηγήσασθαι, φονεύοντα τοὺς ̓απειθοῦντας τοῖς θεοῖς. 3 Themis, la carrière de la magistrature, placée sous les auspices de Thémis. 4 Nullement. Rapprochez de l'apologue de La Fontaine une moralité de ROBERT GOBIN, qui vivait au commencement du XVIe siècle. « Nous lisons qu'il y avoit ung ancien homme qui avoit ung petit fils. Ce bonhomme chevauchoit ung asne, et son fils alloit à pié. Advint que plusieurs les rencontroient et disoient: Ce bonhomme n'est pas saige, car il va sur son asne et laisse aller ce poure enfant à pié, qui est jeune et tendre. Lors le vieillart descendit et fist aller le petit enfant sur l'asne, et alla à pié. Lors ceux qui passoient disoient : Ce bonhomme ancien n'est pas saige, qui va à pié et son fils à cheval. Adonc montèrent tous deux sur l'asne; et lors les passants disoient qu'ils tueroient ce poure asne. Lors descendirent tous deux; et les gens disoient: Ce bonhomme et son fils sont sots, qu'ils ne montent l'ung ou l'aultre sur l'asne. Lors ils prindrent l'asne et le portèrent; et adonc dirent les gens: ceux-là sont abusés qui portent l'asne a les deust porter. Lors dit le vieillart à son fils: Regarde, fils, désormais comment nous pourrons gouverner; car le monde parle et détracte toujours de nous. Ne nous en chaille, mais faisons toujours ce qu'il est bon de faire. » [Le livre des Loups ravissants, ou autrement Doctrinal moral (en vers et en prose), par Robert Gobin *.] * On remarquera que la moralité de Robert Gobin est plus noble et plus vraie que celle de La Fontaine. FABLE II. Les Membres et l'Estomac. Cff. ESOPE, 206, 286; RABELAIS, liv. III, ch. HI; S'il a quelque besoin, tout le corps s'en ressent. De travailler pour lui les membres se lassant, 4 1 Je devais, etc. Ces deux premiers vers sont incorrects. 2 Messer Gaster.— Gaster, l'estomac (note de LA FONTAINE.) Signifie aussi ventre. La Fontaine dit à ce propos : « L'expression de messer Gaster est empruntée à Rabelais. >> Cet écrivain dit, en effet, liv. IV, ch. LVII: « La sentence du satyrique* est vraye, qui dict messere Gaster estre de touts arts le mestre. >> 3 Vivre en gentilhomme. Oisif: ce qui a paru longtemps une marque de bonne naissance. Aujourd'hui, dit M. Géruzez, on tient à paraître occupé, même quand on ne fait rien. Nous peinons. Le verbe peiner a le sens actif (faire de la peine) et le sens réfléchi (se donner de la peine). |