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l'opéra-comique, tenu par le comte de Vaudreuil qui avait une voix de basse chantante. Or, il est avéré que, le 19 août 1785, M. de Vaudreuil représenta Lindor. Cette observation tranche la question en faveur de la comédie.

Dans une jolie plaquette sur le Théâtre de la reine (1), M. Albert Terrade nous apprend, sans indiquer à quelle source il l'a puisé, un fait que je n'ai point connu. « Un beau jour de l'été de 1846 », après dîner, devant Louis-Philippe et toute la famille royale, on joua le Déserteur de Monsigny dans la petite salle de Marie-Antoinette.

Une dernière représentation y a été donnée le lundi 1er juin 1891. Le spectacle fut ainsi composé Menuet et finale de la symphonie en sol de Haydn, la Gageure imprévue de Sedaine, par la Comédie Française, Psyché et l'amour divertissement par le corps de ballet de l'Opéra, le Devin du village, par les artistes de l'Opéra comique. Cette fête eut un trait commun avec celle qui avait eu lieu le 13 avril 1848: les deux fois, il plut à ravage. Lors de la dernière, le sauve-quipeut fut tel que les artistes abandonnèrent sans y toucher un magnifique lunch préparé à leur intention par le Comité de la statue de Jean Houdon, organisateur du spectacle. Les machinistes et les pompiers y firent honneur à leur place.

Cuisine de la reine, garde-meuble.

Un petit détail intéressant nous est fourni par un manuscrit analysé, en 1892, dans le catalogue de la librairie Techener (2). Mme Campan dit que la Reine « ne témoignait de goût particulier que pour son café du matin et une sorte de pain auquel elle avait été accoutumée dans son enfance à Vienne. » On sait qu'en Allemagne le café au lait est pour les femmes ce que la bière est pour les hommes. La reine ne se contentait pas de ce pain viennois : l'Etat des officiers et gens attachés au service de la Reine en 1780, mis en vente par Techener, comprend un cuisinier allemand, aux gages de 2,250 livres, dont personne n'avait parlé jusqu'ici.

(1) Paris, L. Cerf, 1892, in-12, grav., P. 40.

(2) Bibliopolana, Paris, février 1892, p. 1126.

Le musée de Versailles vient de s'enrichir du portrait de Bonnefoy Du Plan, concierge-tapissier de la reine. Il nous offre les traits d'un petit vieux à l'air fûté, vêtu d'un habit de soie grise agrémenté de fourrure noire et de passementerie d'or. Bonnefoy avait été incarcéré pendant la Révolution. Le 4 brumaire an III, sur la réclamation des représentants du peuple du département de l'Aisne, le comité de sûreté générale décida «< que le citoyen Bonnefoy, de la commune du Charmel (Aisne), détenu dans une maison d'arrêt à Versailles, serait mis en liberté, et que les scellés apposés chez lui seraient levés » (1). Que se passa-t-il ensuite? Je ne saurais le dire; mais voici un extrait surprenant des Souvenirs de Gustave Claudin (2): « Mon père avait de fort belles relations. Il me conduisit chez le baron Du Charmel, un de ses amis, qui habitait un hôtel, rue Cadet. M. Du Charmel avait un salon. Il était le fils aîné du baron de Bonnefoy, qui avait été, sous Louis XVI, gardien de Trianon. Ce baron mourut à 94 ans; c'était un petit marquis du xvIIe siècle, l'un des représentants d'un monde aboli. Il était, cela va sans dire, plus royaliste que le roi. » On a reproché à Mme Campan d'avoir trop exalté le rôle des femmes de chambre, mais encore ne s'est-elle pas fait passer pour autre chose. Que dire de ce concierge-tapissier qui se retrouve après la catastrophe baron, et que le bon Claudin prend pour « un petit marquis du xvIII siècle, dernier représentant d'un monde aboli?»

Bibliothèque.

Dans le catalogue de la bibliothèque de Marie-Antoinette à Trianon, j'ai indiqué les ouvrages provenant de cette collection qui sont conservés à Versailles (bibliothèques de la ville, de la préfecture et du lycée). Depuis j'en ai trouvé 43 à la bibliothèque municipale de Périgueux. Ils paraissent y avoir été envoyés à la sollicitation des représentants de la Dordogne et choisis par eux au hasard, quelquesuns parmi les livres illustrés de figures. En voici les titres abrégés en suivant l'ordre des numéros du catalogue imprimé :

(1) Archives de Seine-et-Oise, LI, Ver- (2) Paris, 1884, in-12, p. 7.

sailles, 69.

3 vol.

16. ATTAIGNANT (l'ab. de l'). Poésies, in-12
44. BOISSY (de). OEuvres de théâtre, in-8°. .
58. BRETONNE (Rétif de la). Le Paysan perverti, in-12.
60. BRUEYS ET PALAPRAT. OEuvres de théâtre, in-12.
77. CHABANNES (Rochon de). OEuvres, in-8°
83. CHAMPMESLÉ (de). OEuvres, in-12.

9

4

5

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2

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3

11

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85. CHAPELLE (de la). Les Amours de Catulle, in-12.
86. CHAPELLE (de la). Les Amours de Tibulle, in-12.
101. CRÉBILLON fils. OEuvres complètes, in-12.
108. DIDEROT. OEuvres de théâtre, in-12.
109. DIXMERIE (de la). Contes philosophiques et mo-
raux, in-12.

144. FONTAINE (de la). OEuvres diverses, in-12
147. FONTENELLE (de). OEuvres, in-12.

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151. GAILLARD. Histoire de François Ier, roi de France,

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152. GAILLARD. Histoire de la querelle de Philippe de Valois et d'Édouard III, in-12

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153. GAILLARD. Histoire de la rivalité de la France et de l'Angleterre, in-12.

3

154. GAILLARD. Supplément à l'Histoire de la rivalité, etc. in-12 . . .

4

159. GIRECOURT (le comte de). Essai sur l'histoire de la
maison d'Autriche, in-12 . .

170. GRANGE (Chancel de la). OEuvres, in-12
202. MARIVAUX (de). Le Paysan parvenu, in-12.
205. MARMONTEL. Les Incas, in-8°, fig.
218. MONCRIF (de). OEuvres, in-12, fig.

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220. MONTFLEURY père et fils. Théâtre, in-12 226. MOTTE (Houdar de la). OEuvres, in-12. .

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228. MоUHY (le chevalier de). La Paysanne parvenue,

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232. NADAL (l'abbé). OEuvres mêlées, in-12.

254. PLACE (de la). Théâtre, in-8°

256. POPE (Alexandre). OEuvres complètes, in-8°, fig.

268. REBOULET. Histoire du règne de Louis XIV, in-12. 269. REGNARD. OEuvres, in-12. .

274. ROBERTSON. Histoire du règne de l'empereur

Charles-Quint, in-12. .

(1) Le tome 3 manque à Périgueux.

300-303. TITE-LIVE. Histoire romaine, in-12

325. VIRGILE. Géorgiques, in-8°, fig. 348. Robinson Crusoë, in-12, fig.

365. Le danger des liaisons, in-12.

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382. Histoire du parlement d'Angleterre, in-8°. 395. L'esprit de la Fronde, in-12

412. Histoire du Chevalier du Soleil, in-12.

484. La Philosophie du bon sens, in-12 . 496. Anthologie françoise, in-8°, fig.

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A l'exposition de Marie-Antoinette et son temps figurait le n° 64 du catalogue: BUFFON (le comte de), Histoire naturelle des Oiseaux, in-12, fig., 14 volumes, appartenant à M. Bourselet, ancien libraire, à Bois-de-Colombes.

Dans le fascicule n° 5 du catalogue mensuel de livres rares et curieux (31 mai 1894), la librairie Fontaine annonçait pour le modeste prix de 700 francs le n° 51: BOURSAULT, Théâtre, in-12, 3 volumes. Elle avait encore estimé plus cher (900 francs), le 9 juin 1890, le n° 107: DESPRÉAUX (Nicolas-Boileau). OEuvres, in-12, fig., 4 vol., qui du reste était monté à 1,000 francs lors de la seconde vente de M. Léopold Double (3).

Belvédère.

L'exposition de Marie-Antoinette et son temps a fait connaitre <«< une grande gouache ronde de Blarenberghe, représentant le jardin de Trianon, le salon de musique et la grotte ». - Au premier plan, continue le catalogue, « Marie-Antoinette et ses Dames. A appartenu à la duchesse d'Angoulême et au comte de Chambord qui l'a donnée au duc de Blacas, appartient à M. le duc de Blacas. >>

Le salon de musique s'appelait belvédère du temps de la reine. Sur la gouache de Van Blarenberghe on voit les huit sphinx que j'ai décrits d'après les comptes (4). Autour du pavillon, des dames.

(1) Le catalogue de Périgueux qui m'a fut incarcéré sous la Révolution à la été communiqué en porte 3.

(2) A Périgueux 3 au lieu de 2. (3) Le Petit-Trianon, p. 419, note 2. (4) Pierre Deschamps, sculpteur au ciseau duquel sont dus les bas-reliefs de ce charmant édifice, alors àgé de 64 ans,

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maison de détention de Versailles et mis en liberté par arrêté du Comité de sùreté générale du 13 brumaire an III. Archives départementales de Seine-etOise, LI, Versailles, 69.

regardent à l'intérieur par les fenêtres. Les personnages du premier plan ne sont pas « Marie-Antoinette et ses dames »>, mais Marie-Antoinette, le dauphin, la petite Madame (la duchesse d'Angoulême) et Madame Élisabeth (1), très reconnaissables malgré les petites proportions de la peinture et formant un joli groupe. Ce n'est pas non plus la grotte au fond à gauche, mais le rocher; il existe encore.

A propos de ce rocher, voici une lettre de l'architecte Pierre-François-Léonard Fontaine, membre de l'Institut, successivement architecte de Napoléon Ier et de Louis-Philippe, qui discute la collaboration du peintre Hubert Robert à l'établissement des jardins du Petit-Trianon. Elle a été publiée par M. J. Favier, en avril 1894, dans les Annales de l'Est.

Paris, le 6 avril 1841.

« Madame (Barbelet, petite-fille de Richard Mique), j'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 4 courant. Je vous en remercie de tout mon cœur parce qu'en y faisant réponse selon votre désir, je trouve une occasion de vous offrir le tribut de reconnaissance que je dois à la mémoire de M. Mique, votre ayeul, et de rendre hommage aux talents de cet habile architecte.

« Je n'ai pas dit à M. Vatout que M. Mique avait dessiné, conjointement avec M. Robert, les jardins de Trianon; mais M. Vatout a trouvé, dans la notice que j'ai faite sur ces jardins, la phrase suivante qui ne donne pas à M. Robert plus de part qu'il n'en a eu dans la collaboration des jardins de Trianon et qui, avec celles précédentes de la même notice, laisse à M. Mique la gloire d'avoir fait dans les mêmes jardins, sans l'assistance d'un peintre, le temple de l'Amour, le salon de musique et la salle de spectacle. Voici ma phrase: « Les plantations pittoresques (du Petit-Trianon) qui ont été «faites en place des jardins réguliers de Louis XV, sont également « l'ouvrage de cet architecte (M. Mique), qui, avec l'assistance du « peintre Robert, a mis à exécution la pensée de la Reine. >>

«En 1784, le roi de Suède, étant venu en France sous le nom de comte de Haga, fut reçu et fêté à Versailles. La reine Marie-Antoi

(1) L'exposition de Marie-Antoinette et dame Elisabeth, en bergère, coiffée d'un son temps contenait un portrait de ma- chapeau de paille, par Mme Vigée-Lebrun.

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