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composition amiable et universelle des partis'. Jusqu'à ce qu'on şe soit autrement accordé sur la religion chrétienne 2. Jusqu'à la conciliation chrétienne du dissentiment de réligion 3. Que si, ce qu'à Dieu ne plaise, on ne peut convenir amiablement sur les dissidences religieuses, cette convention ne laissera pas d'être perpétuelle, et cette paix de durer toujours. » Ces clauses et ces vœux, à quoi l'on ne fait point assez attention, représentent le traité de Westphalie comme n'étant qu'une pacification transitoire et préliminaire à une paix définitive, la paix et l'union des esprits et des cœurs dans la même foi, la même espérance et la même charité. C'est à cela que doivent travailler de part et d'autre tous les hommes de bien 5.

Quant à l'empire d'Allemagne, les princes allemands, dociles à la politique française, curent soin d'en diminuer l'unité et la force. L'empereur ne fut plus guère que le chef nominal de l'empire: il n'en pouvait plus régler aucune des affaires sans l'assentiment des états réunis en diète, et à la diète même la majorité des suffrages ne faisait plus loi dans les affaires religieuses. De sorte que l'empire, dans son ensemble, paraissait un char magnifique, mais qui ne pouvait faire un pás, tandis que chaque prince, dans son domaine particulier, était maître absolu de la religion, de la conscience, des libertés politiques et civiles de ses sujets, et qu'il l'a été jusqu'à présent 6.

Quant aux dynasties catholiques d'Autriche et de Bavière, elles gardèrent leurs possessions et y maintinrent la restauration du catholicisme qu'elles y avaient procurée. Aussi, depuis cette époque, les possessions des maisons d'Autriche et de Bavière ont-elles été naturellement paisibles, tandis que les principautés protestantes ressentent toujours un ferment de révolution et d'anarchie. Le duc de Bavière fut confirmé dans sa dignité d'électeur et dans la possession du haut Palatinat. On créa un huitième électorat, dans le Bas-Palatinat, pour le fils de l'ex-électeur palatin Frédéric V.

L'Eglise de Dieu, en déplorant le sort des évêchés et des monastères de l'Allemagne septentrionale, livrés en proie et en récompense à l'hérésie, pouvait se consoler néanmoins de voir l'antique foi des saints Boniface, Kilien, Udalric, Léopold, Etienne, Wenceslas, Jean Nepomucène, finalement consolidée dans la Bavière, la Franconie, le Tyrol, la Styrie, la Carinthie, les deux Autriches, la Hongrie, la Silésie, la Moravie, la Bohême.s

Instrument. Osnab., art. 5, § 25. ́2 § 31. — 2 § 48. — § 14. t. 8, c. 1. — Ibid., p. 247 et seqq..

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Une autre consolation pour les catholiques, ce fut la conversion d'un grand nombre de personnes distinguées du protestantisme, et cela, observe le protestant Menzel, dans des circonstances qui, loin de faciliter leur retour, le rendaient plus difficile. Plusieurs savants considérables dans des pays où le protestantisme non-seulement n'était pas opprimé, mais où il dominait seul, y renoncèrent avec perte de leurs emplois et dé leurs liaisons de famille, perte contre laquelle, parmi leurs nouveaux coreligionnaires, ils pouvaient à peine compter sur un dédommagement, bien loin de s'attendre à y gagner, Tel, ajoute le même historien, tel était incontestablement le cas du jurisconsulte Ulric Hunnius, fils du théologien, professeur de droit et vice-chancelier à l'université de Marbourg, qui, l'an 1625, quitta son poste pour aller à Philippsbourg, sous la protection de l'électeur de Trèves et évêque de Spire, Philippe Christophe, se déclarer publiquement enfant soumis de l'Eglise catholique. Il justifia sa démarche par un écrit latin publié à Heidelberg, l'an 1631, ayant pour titre : Arguments tout-à-fait invincibles et indissolubles, qui ont convaincu et contraint Ulric Hunnius à quitter la secte luthérienne et à professer la foi catholique. Dans une seconde édition, il ajouta une Démonstration évidente que l'archihérésie de Luther a été compilée des hérésies anciennes. Dans cette apologie, qui parut aussi en allemand, il proteste, par tout ce qu'il y a de plus sacré, qu'il a fait cette démarche, non dans l'espoir d'aucune dignité, honneur ni richesse, mais uniquement pour le salut de son âme, et il en appela au témoignage de toute la Hesse, particulièrement de ceux qui l'avaient connu pendant son séjour de seize ans à Giessen et à Marbourg, de quels honneurs et dignités il jouissait comme luthérien, et combien peu on pouvait lui imputer d'avoir changé de religion par intérêt. Il mourut l'an 1636, conseiller de plusieurs princes catholiques. Barthold Nihus, théologien formé à l'université de Helmstadt, avait un emploi à Weimar, lorsqu'il se rendit l'an 1622 à Cologne, y fit profession de la foi catholique, fut supérieur d'une maison d'éducation pour des jeunes gens nouvellement convertis du protestantisme, et devint évêque suffragant de Mayence. Ce qui fit sur lui une impression particulière, comme il s'en expliqua dans une lettre à Calixt, docteur de Helmstadt, fut cette considération que la chrétienté a besoin d'un juge infaillible pour dirimer les controverses, attendu que la sainte Ecriture souffre plusieurs interprétations, et qu'elle ne parle que suivant le sens qu'on lui prête 1.

Menzel, t. 8, c. 17.

TOME XXV.

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Des motifs un peu différents amenèrent la conversion du célèbre philologue Luc Holstein, en latin Holstenius : ce fut, suivant Menzel, une vive répugnance pour la grossièreté qui régnait parmi les littérateurs et les universités protestantes d'Allemagne. Né à Hambourg en 1596, et y ayant achevé ses études, il séjourna plusieurs années en Hollande, en Angleterre, en France, fit un voyage en Italie et en Sicile, lia connaissance et amitié avec les savants les plus célèbres, entre autres avec le Provençal Peiresc, surnommé le procureur général de la littérature, non-seulement à cause de son immense érudition, mais surtout par son zèle ardent et géné– reux à procurer aux savants d'Europe les manuscrits, les livres, les médailles les plus rares, et à leur communiquer ses propres découvertes. Peiresc naquit l'an 1580, d'une mère long-temps stérile, qui promit à Dieu que, si elle avait un enfant, elle lui donnerait pour parrain le premier pauvre qu'on rencontrerait. Elle tint parole. Cet enfant, Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, conseiller au parlement d'Aix, et le protecteur ou l'ami de presque tous les savants et littérateurs de son époque, fut un prodige de pénétration et de science dès ses premières années : le pape Urbain VIII fit prononcer son éloge funèbre à Rome. C'est au milieu de ces communications studieuses avec les savants des divers pays que Holstein se rapprochait du catholicisme. Il écrivait à Peiresc :

« Depuis le moment où je commençai, fort jeune encore, à goûter la philosophie platonicienne dans les ouvrages de Maxime de Tyr, de Chalcidius et d'Hiéroclès, je sentis naître en mon âme un vif désir, d'abord d'approfondir, puis d'éclaircir et de propager, autant qu'il serait en moi, cette divine méthode de philosophie. L'utilité infinie que je retirai bientôt de ces recherches me confirma singulièrement dans cette pensée. En effet, voyant que Bessarion, Steuchus et d'autres philosophes confirmaient, par les écrits des Pères, la doctrine de Platon, je m'enfonçai tout entier dans la lecture des ouvrages où ils ont traité, soit en grec, soit en latin, de cette théologie contemplative et mystique par laquelle l'âme s'élève à Dieu. Cette lecture me conduisit à admirer de toute mon âme la manière solide et divine dont les Pères philosophent; et je me vis placé, à mon insu, presque dans le sein de l'Eglise catholique. Saint Augustin, dans ses confessions, fait de lui-même un semblable récit. Ces contemplations divines élevèrent tellement mon âme à la connaissance de la vérité, l'affermirent tellement, que désormais elle ne se traîna plus autour de ces petites questions et de ces

minutieuses difficultés dont les novateurs ont coutume d'embarrasser l'affaire de la foi'.»

Ce fut vers l'an 1624 que Holsténius, venu en France, où il se lia particulièrement avec le docte jésuite Sirmond, revint à l'Eglise catholique. Le cardinal Barberini, nonce en France, à qui Peiresc l'avait recommandé, le fit son secrétaire intime et son bibliothé– caire, puis l'emmena à Rome, où le pape Urbain VII le créa protonotaire et chanoine, et Innocent X administateur de la bibliothèque vaticane. Il mourut à Rome l'an 1661, renommé par une foule incroyable de travaux d'érudition, mais dont il ne publia qu'un petit nombre de son vivant.

Son neveu, Pierre Lambeck ou Lambécius revint à l'Eglise catholique par une voie semblable. Né pareillement à Hambourg l'an 1628, il montra de bonne heure une grande inclination et aptitude pour les recherches savantes. Holstein, son oncle maternel, lui écrivit de Rome pour le détourner de fréquenter les universités allemandes, à cause des tavernes et des lieux de débauche qui ruinaient l'esprit et la pudeur, et à cause du pédantisme qui y régnait; il lui recommanda au contraire les académies de Néerlande, de France et d'Italie. Conformément à ce conseil, Lambécius fit ses études en France, visita son oncle à Rome, retourna l'an 1660 à Hambourg, sa ville natale, y accepta le rectorat du gymnase, mais le quitta deux ans après et se déclara catholique à Venise. Il mourut en 1680, bibliothécaire impérial à Vienne, où l'empereur Léopold l'honorait de ses bonnes grâces. Son principal ouvrage sont des commentaires ou mémoires sur les manuscrits de la bibiothèque de Vienne, en huit volumes in-folio 2.

En 1653, se convertit également à Breslau le poète chansonnier Jean Scheffler, connu sous le nom d'Ange de Silésie. Il fut médecin du duc de Wurtemberg-Oels, et auteur du Voyageur chérubinique. Il témoigna la sincérité de sa conversion par un grand nombre d'écrits contre le protestantisme, et mourut prêtre l'an 1677, dans le monastère de Saint-Mathias, à Breslau 3.

Une des causes qui contribuaient à ces conversions et à d'autres était le bon exemple de la maison d'Autriche. La piété et les bonnes moeurs y étaient héréditaires. L'empereur Ferdinand III, dont le fils aîné, Ferdinand IV, élu roi des Romains, était mort en 1654, mourut lui-même le deux avril 1647. Il eut pour successeur son second fils, l'archiduc Léopold, déjà couronné roi de Hongrie et

'Biogr. univ., t. 20. Holsténius,

2 Menzel, t. 8, c. 17. – Biogr. univ., t. 23.

5 Ibid.

de Bohême, et qui jusqu'à la mort de son frère se destinait à l'état ecclésiastique. Dès sa première enfance, il montrait une piété extraordinaire. Son plus cher, ou plutôt son unique amusement, était de dresser des autels, de célébrer l'office divin, d'orner les saintes images. Lorsque plus tard son gouverneur voulut mettre des bornes à cette inclination et n'accorder que des demi-heures pour la prière, le jeune archiduc ne cessa de faire des instances que quand on lui eut accordé de nouveau des heures entières. Le père était d'avis qu'il fallait laisser Léopold suivre sa voie, et qu'un jour il serait un excellent prince d'Eglise. Cependant le prince fut si solidement instruit dans les langues et les sciences par les Jésuites Muller et Neidhart, que, quand la mort de son frère aîné changea sa vocation, difficilement un prince de son siècle le surpassait-il en connaissances; avec cela, un jugement sensé lui manquait aussi peu qu'un bon cœur. Il n'avait que dix-sept ans à la mort de son père. Malgré les intrigues de la France et de la Suède, il fut élu empereur le dix-sept juillet 16581. Son conseil et son principal ministre était son oncle Léopold-Guillaume, qui se montra tout ensemble pieux pontife et excellent général d'armée. Mais il mourut en 1662, à l'âge de quarante-neuf ans, d'un mal de poitrine. Les médecins assuraient pouvoir le guérir avec du lait de femmes ; mais le prince, qui était d'une pudeur virginale, ne voulut point user de ce remède, même pour sauver sa vie ?.

Ce qui donnait encore lieu à bien des protestants de se rapprocher de l'Eglise catholique, c'était une nouvelle école de théologie protestante à l'université de Helmstadt. Le chef de cette école était le docteur Georges Calixt: il enseignait que les trois confessions chrétiennes, catholiques, luthériens, calvinistes, étaient d'accord dans les vérités nécessaires, et qu'on pouvait se sauver dans l'une ou dans l'autre. Quelques luthériens rigides le combattirent vivement, mais son opinion n'en fit que plus de bruit et de prosélytes. Le roi catholique de Pologne, Ladislas IV, chef de la branche aînée de la dynastie suédoise de Wasa, voyait avec douleur les dissidences religieuses des Polonais, car il y prévoyait dès-lors le germe d'une grande calamité pour la Pologne entière : c'est en effet ce qui a causé la ruine de la nation et du royaume. Ayant donc appris les opinions conciliantes de Calixt, il procura, l'an 1644, de concert avec les évêques, un colloque dans la ville de Thorn, entre les catholiques et les dissidents de Pologne : le colloque ne se tint que l'an 1645. Calixt s'y posa comme le juste-milieu entre les extrêmes;

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