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livrons depuis si longtemps? A quoi se réduisent tant de recherches, tant de discussions?

Je craindrais de le dire à l'amour-propre, je ne le dirais pas à de faux savans; mais je le dirai à vous, Messieurs. Nous avons expliqué un mot, un seul mot, le mot sentir :

Ou, si j'avais acquis le droit d'espérer qu'à l'avenir on ne confondra plus dans une seule idée le sentiment, l'action et la connaissance, je dirais que nous avons expliqué deux mots encore, le mot agir et le mot connaître.

Combien donc il est vrai que la rectitude de la pensée dépend de la justesse de l'expression; l'art de penser, de l'art de s'exprimer !

Et, pour finir par où nous avons commencé, combien la raison ne doit-elle pas à l'industrie des signes, au bienfait de la parole !

CONCLUSION

DE LA SECONDE PARTIE

ET DE TOUT L'OUVRAGE.

L'analyse de la pensée et l'analyse du sentiment forment deux théories qui tendent vers le même but.

L'une fait voir comment agit notre âme, l'autre comment notre âme est affectée; réunies, elles nous enseignent comment notre âme connaît.

Les sentimens qui nous viennent en foule de tous les points de l'univers, et de toutes les parties de nousmêmes, portent à l'âme sans ordre, sans lumière, les affections de plaisir ou de peine. La pensée agit; elle est attentive, elle compare, elle raisonne. L'esprit démêle et sépare des élémens qui étaient confondus: il les distribue en espèces, dont il détermine le caractère, le nombre, le rang. Déjà brille la lumière le jour a pénétré le chaos, et l'intelligence est créée.

Que fallait-il pour amener de tels objets à une telle simplicité? Il fallait avoir découvert ses principes.

FIN DE LA SECONDE ET DERNIÈRE PARTIE.

FRAGMENS

DE

DESCARTES

ᎠᎬ

MALEBRANCHE

ET DE

PASCAL.

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