N'habite pas longtemps chez les gens séquestrés. Il est bon de parler, et meilleur de se taire ; Mais tous deux sont mauvais alors qu'ils sont outrés. Nul animal n'avait affaire Dans les lieux que l'ours habitait ; Si bien que, tout ours qu'il était, Il aimait les jardins, était prêtre de Flore; Ces deux emplois sont beaux; mais je voudrais parmi Les jardins parlent peu, si ce n'est dans mon livre: Avec des gens muets, notre homme, un beau matin, L'homme eut peur: mais comment esquiver? et que faire? Est le mieux: il sut donc dissimuler sa peur. L'ours, très mauvais complimenteur, Lui dit : «Viens-t'en me voir.» L'autre reprit: «Seigneur, 1. De son côté. 2. De Flore et de Pomone, par la culture des fleurs et des fruits. Comme l'ours en un jour ne disait pas deux mots, D'être bon émoucheur; écartait du visage Que nous avons mouche appelé. Un jour que le vieillard dormait d'un profond somme, Rien n'est si dangereux qu'un ignorant ami ; LE COCHON, LA CHÈVRE ET LE MOUTON. U NE chèvre, un mouton, avec un cochon gras, On s'en allait les vendre, à ce que dit l'histoire. De les mener voir Tabarin (2). Comme s'il avait eu cent bouchers à ses trousses: 1. Charton ou chareton, vieux mot pour charretier, voiturier. (WALCKENAER.) 2. Tabarin était le bouffon gagé d'un nommé Mondor, vendeur de baume et d'onguent, qui avait établi son théâtre sur la place du PontNeuf, du côté de la place Dauphine, au commencement du XVIIe siècle. Les farces qui y furent jouées eurent un succès prodigieux, et servirent à duper et à divertir la cour et la ville. (WALCKENAER.) Ils ne voyaient nul mal à craindre. Le charton dit au porc: « Qu'as-tu tant à te plaindre? Repartit le cochon : s'il savait son affaire, Crierait tout du haut de sa tête (1). Ils pensent qu'on les veut seulement décharger, Mais quant à moi, qui ne suis bon Dom pourceau raisonnait en subtil personnage: LES OBSÈQUES DE LA LIONNE. L A femme du lion mourut: Aussitôt chacun accourut Pour s'acquitter envers le prince De certains compliments de consolation, Qui sont surcroît d'affliction. Il fit avertir sa province Que les obsèques se feraient Un tel jour, en tel lieu; ses prévôts y seraient Pour régler la cérémonie, Et pour placer la compagnie. Jugez si chacun s'y trouva. Le prince aux cris s'abandonna, I. La voix de la tête est la plus aiguë. (GERUZEZ.) Et tout son antre en résonna. Les lions n'ont point d'autre temple. On entendit, à son exemple, Rugir en leur patois messieurs les courtisans. Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents, Sont ce qu'il plaît au prince, ou, s'ils ne peuvent l'être, Peuple caméléon, peuple singe du maître; On dirait qu'un esprit anime mille corps: C'est bien là que les gens sont de simples ressorts (1). Le cerf ne pleura point. Comment l'eût-il pu faire? Bref, il ne pleura point. Un flatteur l'alla dire, La colère du roi, comme dit Salomon, Tu ris! tu ne suis pas ces gémissantes voix! Ce traître à ses augustes mânes. » Le cerf reprit alors: « Sire, le temps des pleurs Votre digne moitié, couchée entre des fleurs, Et je l'ai d'abord reconnue. << Ami, m'a-t-elle dit, garde que ce convoi, 1. Allusion à la philosophie de Descartes qui réduisait les animaux à l'état de simples machines. J'y prends plaisir. » A peine on eut our la chose, Amusez les rois par des songes, Flattez-les, payez-les d'agréables mensonges: LE RAT ET L'ÉLÉPHANT. * E croire un personnage est fort commun en France: SE Et l'on n'est souvent qu'un bourgeois. La sotte vanité nous est particulière. Les espagnols sont vains, mais d'une autre manière: Un rat des plus petits voyait un éléphant Qui marchait à gros équipage. Sur l'animal à triple étage Une sultane de renom, Son chien, son chat, et sa guenon, Son perroquet, sa vieille, et toute sa maison, Le rat s'étonnait que les gens * Fussent touchés de voir cette pesante masse: |