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en zig-zag. Pour nous, si ce trait n'est pas celui de l'Éclair, de ce feu qui jaillit du ciel, c'est-à-dire la foudre, il demeure inexplicable. En tout cas, et en admettant l'exactitude de notre manière de voir, nous trouverions, exprimé dans un seul et même type, le feu solaire ou le soleil dont le cheval est le symbole connu, et le feu fulgurique, double aspect sous lequel le feu céleste fut toujours considéré dans l'antiquité.

C. PEYRON.

REVUE

RÉTROSPECTIVE

DES TRAVAUX ARCHÉOLOGIQUES

Occasionnés par les fouilles du sol des basiliques de Saint-Martin, autour de son tombeau1

ད.

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Travaux archéologiques, depuis la découverte du tombeau de saint-Martin (1860), jusqu'au commencement des fouilles pour la construction de la nouvelle église de Saint-Martin, dite chapelle de secours de Saint-Julien (1886).

Je me propose, dans cette revue, de résumer et commenter les travaux archéologiques, auxquels ont donné lieu les fouilles, exécutées depuis 1860 sur le sol des basiliques de Saint-Martin, autour de son tombeau. J'espère rendre service à l'étude si intéressante de cette question, faciliter ainsi les recherches des archéologues, et hâter la solution définitive des problèmes posés par l'examen de ces belles ruines. Nous regret

1 Mémoire lu à la Société archéologique de Touraine dans les séances des 25 novembre, 16 décembre 1896, 27 janvier, 24 février, 31 mars 1897.

terons toujours, comme nous l'avons déjà dit ailleurs, qu'on n'ait pas fait un examen contradictoire des fondations découvertes, avant qu'elles n'aient été surmontées par de nouvelles constructions; mais heureusement les documents que l'on possède sont nombreux, et on doit espérer, d'ailleurs, que d'autres fouilles seront encore faites. Cette question est donc loin d'être épuisée; elle est pleine d'intérêt, et nous ne pouvons qu'engager les travailleurs à y pénétrer et apporter le concours de leurs lumières.

C'est seulement au commencement du siècle que les derniers coups furent portés à la basilique de SaintMartin, et il ne resta de l'édifice que les deux tours encore visibles (Charlemagne et l'Horloge), et des portions du cloître de la renaissance, conservées dans le couvent des Sacrés-Cœurs-de-Jésus-et-Marie (dit de Picpus). Sur le sol de la basilique démolie, l'État, détenteur des biens ecclésiastiques confisqués à la Révolution, avait tracé, en croíx, deux rues que l'on suit encore, la rue de Saint-Martin d'abord (aujourd'hui des Halles), et la rue Descartes. De chaque côté de ces rues, le sol était aliéné à des particuliers qui y construisirent des maisons. La Commission, dite du vestiaire de Saint-Martin, qui s'était formée en 1854, à Tours, dans un butunique de charité, entreprit cependant de rechercher les plans. de la dernière basilique, déjà difficiles à retrouver. Elle n'avait, au début, entre les mains, que le plan publié en 1822, par Jacquet de La Haye1, mais, après de nombreuses recherches à Tours, à Paris et en Angleterre, elle finit par retrouver, aux Archives municipales de Tours, le plan d'adjudication des terrains vendus par l'État aux particuliers 2.

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1 Jacquet de La Haye. Du Rétablissement des Églises en France, à l'occasion de la réédification projetée de celle de Saint-Martin de Tours (paru chez Egron), 1822.

2 Plan géométral de l'emplacement de la ci-devant église Martin de Tours, 24 ventôse an IX (15 mars 1801). Archives municipales.

Éclairé par ces documents, l'un des membres de la Commission, M. le comte Moisant, put acheter, sur sa fortune personnelle, et à ses risques et périls, les maisons que l'on supposait pouvoir contenir l'emplacement du tombeau de saint Martin, et dans les caves desquelles les premières fouilles ne tardèrent pas à être engagées. C'est donc à la seule initiative de la Commission du vestiaire de Saint-Martin, et particulièrement à la munificence du comte Moisant, que l'on doit tout le mouvement religieux et intellectuel qui s'est fait, depuis 1860, sur ce vieux sol de saint Martin. Les membres de cette petite Commission n'avaient alors qu'un but religieux, celui de retrouver et remettre en vénération l'emplacement du tombeau de Saint-Martin, mais pour éclairer leurs recherches, ils furent obligés de se livrer à quelques travaux archéologiques. La première question, qu'ils durent se poser fut naturellement celle-ci : quel était, dans la dernière basilique, le lieu vénéré comme emplacement du tombeau ? Le petit plan de la basilique1, publié par Jacquet de La Haye dans son mémoire précité, était précis à cet égard, il indiquait le tombeau dans le fond de l'abside, graphiquement et par une légende. Cette affirmation était d'ailleurs confirmée par des vieillards qui vivaient encore et avaient connu la basilique avant sa destruction. Il fut donné, dès 1854, aux membres de la Commission de conférer avec plusieurs de ces vieillards qui leur apportèrent des détails précis sur les dispositions du tombeau et sur le cérémonial du chapitre. Le plan géométral d'adjudication,

1 L'original de ce plan à l'échelle de 2 centimètres par mètre, dressé par l'architecte Jacquemin en 1779, a été retrouvé plus tard par la Commission et lui a été fort utile pour ses recherches subséquentes. Il est aujourd'hui à l'Archevêché. Voici son titre : Plan géométral et détaillé de la noble et insigne église de Saint-Martin de Tours, des chapelles et autres objets qui en font partie, isolés ou détachés des masses étrangères environnantes, levé exactement sur les lieux en 1779, par ordre de Messieurs les commissaires de ladite église. La photographie de ce grand et beau plan forme la planche n° V de ma notice : Les Basiliques de Saint-Martin (1886).

Bulletin archéologique, t. XI.

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retrouvé aux archives municipales de Tours, vint fort à propos pour préciser les maisons qui contenaient l'emplacement du tombeau, et ce fut avec certitude que le comte Moisant put acheter les trois maisons nécessaires, et engager les fouilles qui furent bientôt couronnées de succès.

Jacquet de La Haye avait cependant écrit: Le lieu où fut ce tombeau... est maintenant livré à la voie publique. C'était d'ailleurs, en Touraine, l'opinion générale, même pour les plus érudits, comme M. l'abbé Bourassé, président honoraire de la Société archéologique, que l'emplacement du tombeau était sous le sol de la rue. Mais rien ne put décourager la Commission, et elle persévéra dans ses travaux de recherches.

Quand l'emplacement du tombeau fut rendu à la vénération des fidèles et que la commission eût terminé les fouilles nécessaires pour mettre son authenticité à l'abri de toute critique, elle se fit un devoir de publier une Notice rendant compte de ses travaux1. Cette Notice parut en 1862, et elle est aujourd'hui épuisée. On peut la consulter à la Bibliothèque municiplae de Tours, et à celle de la Société archéologique. Elle est faite particulièrement au point de vue religieux, mais elle contient des documents intéressants pour l'archéologie, particulièrement le procès-verbal de la découverte du tombeau, et les plans des maisons aujourd'hui démolies. Sur le sol occupé par ces maisons, on remarquait déjà des traces de fondations des anciennes basiliques, plus tard mises complètement à découvert. Ces premières fouilles furent entreprises le 2 octobre 1860. Elles eurent de suite pour résultat de dégager le mur d'enceinte de l'abside, au fond duquel devait se trouver l'emplacement

1 Notice sur le tombeau de saint Martin et sur la découverte qui en a été faite, le 14 décembre 1860, par les membres de la Commission de l'OEuvre de Saint-Martin. Tours, imprimerie Mame et Ci 1861. Bibliothèque municipale de Tours et Bibliothèque de la Société archéologique.

du tombeau, d'après le plan de Jacquemin de 1779, et de permettre de tracer l'axe de la basilique, qui devait guider toutes les recherches ultérieures.

Le 28 novembre suivant, M. Lambron de Lignim communiqua à la Société archéologique de Touraine, dont il était le président, l'extrait d'un procès-verbal, découvert dans les archives municipales, qui mentionnait la découverte, le 20 mai 1636, par les chanoines de Saint-Martin, d'une petite voûte sous le tombeau du saint1. Quelques jours après, le 14 décembre, les membres de la Commission, se proposant de dégager le mur d'enceinte de la basilique pour faciliter l'accès des fidèles, trouvèrent, dans l'épaisseur d'un mur de séparation de deux des maisons acquises par le comte Moisant, les restes de ce petit caveau de 1636. Ces restes furent examinés avec beaucoup de soins par plusieurs membres de la Société archéologique, et leur identité ne fut contestée par personne. Cette découverte donna pleine satisfaction à la Commission de Saint-Martin, parce qu'elle fixait, d'une manière certaine, l'emplacement du tombeau de saint Martin.

M. Ch. de Grandmaison, archiviste d'Indre-et-Loire, fut le premier, après la publication de la Notice des membres de la Commission, à rendre compte scientifiquement, de ces importantes découvertes; il le fit au Congrès des Sociétés savantes, tenu à Tours en novembre 18612; il commença également le premier à tirer des conclusions scientifiques des découvertes de la Commission, et sa Notice se termine ainsi : « Il serait sans doute fort à désirer que cet édicule (les restes du petit caveau de 1636) fût le tombeau même dans lequel saint Perpet déposa les reliques de saint Martin, lors de la construction de la

1 Société archéologique de Touraine, séance du 28 novembre 1860 Tome XIII, 1o semestre 1861.

2 Notice sur les fouilles exécutées dans l'abside de l'ancienne basilique de Saint-Martin de Tours en 1860-1861. Mémoires de la Société archéologique de Touraine, tome XIII, 1 semestre 1861.

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