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marbre du Ie siècle représentant une tête de femme; cet objet a été découvert dans l'Hérault.

M. le président offre de la part de l'auteur, M. Gabeau, une brochure intitulée: Le beffroi municipal d'Amboise. Il félicite notre confrère d'avoir eu l'excellente pensée de réunir ainsi tous les documents relatifs à ce beffroi en vue de conserver ce remarquable témoin des antiques libertés municipales. Il insiste sur l'intérêt présenté par cette étude qui renferme notamment une pièce absolument inédite au sujet de la statue de la Vierge ornant le beffroi.

M. Gabeau termine son travail en exprimant le souhait de voir classer et restaurer cet édifice digne d'attention à tous égards. La Société s'associe pleinement à ce sentiment; elle émet le vœu que le beffroi d'Amboise soit inscrit sur la liste des monuments historiques et appelle sur lui la sollicitude toute particulière de la ville d'Amboise et de M. le ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts.

M. l'abbé Girou dépose sur le bureau un consciencieux travail sur les registres de l'église paroissiale de Saint-Martin d'Hommes, au XVII et au XVIIIe siècle. Ce manuscrit comprend cinq volumes de statistique allant de 1603 à l'an VI. Dans le premier, l'auteur constate diverses lacunes; l'ordre chronologique n'a pas été suivi. A partir de 1675, chaque feuillet porte un timbre. En 1693, on rencontre le premier en-tête imprimé. Le lecteur y trouvera la liste des titulaires de la paroisse, des vicaires, des personnages importants, la série des baptêmes, le texte du serment à prêter par les sages-femmes, etc., etc. Ce relevé permet de rectifier une erreur de la liste des anciens curés de cette paroisse donnée par M. de Busserolle. Ce travail est destiné au Congrès des Sociétés savantes.

La Société exprime, par l'organe de son président, toute sa reconnaissance pour les dons qu'elle vient de recevoir.

M. le président expose ensuite tous les regrets que cause à la Société la mort de Mme Blanchot. Mme Blanchot se distinguait par un goût élevé pour toutes les choses de l'esprit et pour les œuvres d'art; sa demeure était un véritable musée dans lequel, avec une bonne grâce charmante, elle permit toujours de puiser pour les Expositions, en particulier pour l'Exposition du Cinquantenaire de la Société archéologique. Mme Blanchot s'intéressait vivement aux travaux de notre Compagnie dont elle faisait partie depuis l'année 1876.

La Société adresse à M. le colonel Blanchot et à sa famille ses plus sincères condoléances, et le remercie du souvenir qu'il se propose de nous laisser en mémoire de Mme Blanchot, sa mère.

Votes. MM. Chollet, Collinet et abbé Pineau, présentés à la dernière séance, sont élus membres correspondants.

M. de Lasteyrie, nommé dernièrement membre d'honneur de notre Société, adresse à ce sujet tous ses remerciements.

Correspondance. Lettre de M. Brey signalant à Paris un établissement où se fait un cours d'archéologie et priant la Société de vouloir bien lui attribuer un de ses volumes comme prix. Cette proposition ne rentrant pas dans le cadre de notre programme ne peut être acceptée. M. Sorin, actuellement en garnison à Caen, témoigne le désir d'être toujours des nôtres malgré son éloignement. Circulaire du ministre des BeauxArts annonçant, pour le 20 avril, l'ouverture de la 21e session des Sociétés des Beaux-Arts des départements et réglant les conditions à remplir pour y prendre part.

Lecture est donnée d'une lettre datée de Stockholm, 2 décembre 1896.

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<«< Monsieur, M. le président de l'Académie royale des BellesLettres, d'Histoire et d'Antiquités, m'a chargé de vous informer qu'une photographie du monument de Descartes placé dans « l'église Adolphe-Frédéric, à Stockholm, vous a été expédiée aujourd'hui par la poste. C'est pour l'Académie un très grand plaisir d'avoir l'occasion d'offrir à votre Société un souvenir «de votre grand compatriote mort en Suède. Le monument a « été exécuté par le plus grand sculpteur suédois, Sergel, «élève de Larchevesque, le célèbre Français établi en Suède. « L'an 1770 indiqué à la légende du monument ne peut se réfé«rer qu'à l'époque à laquelle le prince héritier Gustave (devenu <«<en 1771 roi sous le nom de Gustave III), qui était un des princes les plus éclairés de son temps, a décrété ce monu«ment. Car on sait que Sergel en a apporté le modèle de Rome <<< en 1779 et que le monument n'a été érigé qu'en 1784. Veuillez agréer, etc... Oscar Almgren, conservateur adjoint au Musée <<< national. »

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Cette lettre rectifie ce qui a été écrit et dit au sujet du tombeau érigé en l'honneur de Descartes à Stockholm.

La ville de Moscou a tenu à célébrer, elle aussi, le Centenaire de Descartes, et c'est au milieu d'une assistance pleine d'enthousiasme que des séances littéraires ont eu lieu. Une lettre extrêmement courtoise du président de la Société psychologique de cette ville, en donnant ces détails, ajoute que le portrait de l'illustre Tourangeau a été montré au public et qu'il a fallu donner une seconde séance tellement l'affluence était considérable. La Société est extrêmement sensible à ces témoignages sympathiques donnés par M. le président de l'Académie. royale de Stockholm et par le public lettré de Moscou.

A cette occasion, M. le président rappelle à grands traits le caractère de la célébration du Centenaire de Descartes, que la Société archéologique de Tourainę a menée à bonne fin et dont M. le secrétaire général fera un compte rendu détaillé. Il remercie les notabilités qui ont donné leur patronage, leur appui et leur concours à cette solennité, les membres du Comité d'honneur et du Comité d'organisation dont le zèle a assuré le succès de l'entreprise, et tout particulièrement M. Sully Prudhomme, pour son poème superbe, et nos confrères qui, par leurs conférences aussi remarquables par la beauté du langage que par l'élévation de la pensée et par la profondeur du savoir, ont fait de ces fêtes littéraires une solennité vraiment nationale, digne de notre éminent compatriote. Il n'a garde d'oublier la Maison Mame qui s'est chargée d'imprimer et d'illustrer gratuitement le programme des fêtes.

Communications.

M. le président demande à l'Assemblée de nommer membres d'honneur M. le général en chef, M. le président de l'Académie royale des Belles-Lettres, d'Histoire et d'Antiquités de Stockholm, ainsi que M. Mouchot, ingénieur électricien, à Paris, ancien professeur à Tours, bien connu par ses remarquables travaux scientifiques. La Société accueille par acclamation cette proposition.

M. l'abbé L. Bossebœuf demande à l'Assemblée de vouloir désigner des délégués chargés de la représenter au prochain Congrès des Sociétés savantes, conformément au programme. MM. Ch. de Beaumont, L. Bousrez, de Morry, abbé Girou, L. Bossebœuf, sont nommés délégués.

M. A. Viot signale un curieux immeuble situé rue des Amandiers, no 5, et renfermant un bel escalier en pierre ainsi qu'une superbe cheminée ornée d'armoiries.

M. le comte Ch. de Beaumont s'est proposé d'étudier à fond tout ce que Luynes et les alentours offrent de vestiges anciens. Avec le précieux concours de M. Morize, notre collègue met sous les yeux de la Société un travail considérable appuyé de plans et dessins à l'échelle; c'est d'abord le nom et l'origine de cette localité, son histoire, l'étude de son castellum, de son aqueduc, puis les opinions successivement émises par les anciens auteurs et les érudits. M. de Beaumont parle ensuite du sous-sol du prieuré de Saint-Venant, où l'on rencontre des murs extrêmement épais et des traces d'hypocauste, des fragments de ciment, de marbre sculpté, de poteries paraissant provenir d'une piscine. Etudiant les piles de l'aqueduc romain, notre collègue a constaté des variations dans leur écartement et relevé directement leur hauteur, leurs dimensions; leur mortier, parfois, en raison de sa teinte, a dû être pris pour de la

brique, etc... On comprend de suite tout l'intérêt que présente un travail aussi consciencieux dont notre collègue n'a pu que donner un aperçu et pour lequel M. le président lui adresse ses plus chaleureux encouragements.

M. Ratel continue la lecture de son résumé des discussions scientifiques soulevées par les fouilles opérées pour la construction de la Basilique actuelle de Saint-Martin. M. Le Grix signale la démolition de l'ancienne église de Saint-Pierre-lePuellier, rue Briçonnet.

M. Grimaud nous apprend que le 4 nivôse, an II (1793), la municipalité de Chinon donna le nom de Descartes à la rue où se trouve actuellement le collège. L'hommage des édiles chinonais est le premier de ce genre qui se soit produit en Touraine. M. le capitaine Bonnery rappelle que la grille d'argent placée par Louis XI autour du tombeau de saint Martin valait, d'après les comptes du 23 novembre 1479, 370.000 livres, soit plus de deux millions de notre monnaie. Elle fut enlevée le 8 août 1522 par ordre de François Ier et fondue afin de solder les troupes entrées en Lombardie. Or, notre collègue nous présente un teston qu'il suppose précisément provenir de cette fonte. A l'avers l'effigie de François Ier à droite avec le chaperon et la légende précédée d'une couronnelle : FRANCISCUS: Dei: Gratia: FRANCORUM REX. A la suite une tour désigne le différent de Jean Mesdon, grand maître de la monnaie en notre ville de 1522 à 1525; de même le point secret, placé sons l'I de Franciscus, accuse l'atelier de Tours. Au revers l'écu royal dans une rosace avec la légende: CHRISTUS VINCIT, etc. Cette pièce, du poids de 4 grammes 40, est frappée au marteau et arrondie aux cisailles. Si, comme on l'a maintes fois prétendu, les testons de cette époque représentaient la fameuse grille, ce seraient donc des pièces commémoratives; mais le procès-verbal rédigé en bonne et due forme le jour de l'enlèvement ne suffit-il pas à perpétuer le souvenir de ce fait? N'a-t-on pas confondu avec les pièces génoises frappées de 1515 à 1522 et ornées d'un portail au revers ainsi que nos monnaies dites au châtel tournois? Lors du procès de J. de Beaune, Jean Prévost, commis du roi, reçut de Jean Mesdon 60.000 livres pour l'Ecosse et Louise de Savoie 100.000. De la coïncidence de ces faits, M. le capitaine Bonnery conclut que ce teston, antérieur au décret du 14 janvier 1550, remplaçant le point secret par la lettre monétaire, doit, selon toute probabilité, avoir été frappé directement. avec le métal de la grille de Saint-Martin.

M. l'abbé Peyron transmet à M. le président une lettre ainsi conçue « Monsieur le président, vous écrivant dernièrement an sujet du temple d'Yzeures, j'émettais, assez timidement

d'ailleurs, l'idée que sa construction pouvait remonter à l'époque des Flaviens ou, pour être plus précis, au temps de Domitien. Je me basais, pour cela, et sur la divinité qu'on y adorait, et sur la dévotion toute particulière que cet empereur affectait pour Minerve, et enfin sur la trouvaille d'une monnaie frappée au nom de Domitien.

<«< Dans la dédicace de cet édifice, je voyais donc un acte d'adulation (les Romains du temps de l'Empire n'en étaient pas chiches) de la part de ce Petronius qui le fit élever. Mais cette idée ne fut pas discutée sous prétexte que l'incription parle des divinités des Augustes « Numinibus Augustorum », et que cette formule ne fut adoptée qu'à dater de Marc-Aurèle et de Verus, associé par ce dernier à l'Empire. Il ne faudrait pas cependant oublier que Domitien fut, lui aussi, associé à l'Empire par Titus, de l'an 78 à 81; que Feuardent place à cette époque une série de pièces assez nombreuses, et que si Petronius mentionne les Divinités des Augustes, peut-être l'a-t-il fait avec raison ou du moins poussé par le même motif qui lui fit dédier son temple à Minerve, c'est-à-dire par flatterie pour les empereurs, et plus particulièrement pour Domitien.

«Mais ici, d'après moi, la question se complique, car à la monnaie déjà découverte dans les fouilles viennent s'en ajouter trois nouvelles, et, chose étrange, si j'en crois le rapport que m'en a fait une personne ayant examiné ces pièces, elles appartiendraient toutes à Domitien. Je poserai donc la question suivante : Comment se fait-il que dans les alentours d'un temple dont l'exécution remonterait au temps de MarcAurèle et de Verus on n'ait rencontré jusqu'à présent que des monnaies de Domitien? Et veuillez remarquer que ces monnaies n'ont point été trouvées ensemble, ce qui aurait constitué un dépôt, mais séparément. Elles y ont donc été jetées ou perdues; mais cette seconde supposition ne me paraît guère admissible. <«< On peut donc admettre que, par un usage à peu près. semblable à celui pratiqué de nos jours, on les a jetées au moment même où l'on effectuait les fondations, dans le but d'en conserver le souvenir. Ces pièces fournissent, en effet, avec le nom du prince régnant, une date précise qui, dans le cas dont il s'agit, pourrait être placée entre les années 78 et 81.

<< Que si l'on veut supposer un temple plus ancien existant ou fondé au temps de Domitien, je répondrai que, à ma connaissance, rien, jusqu'à présent, n'étant venu justifier cette opinion, elle demeure à l'état de pure hypothèse. Au reste, et quand bien même on finirait par découvrir des monnaies de Marc-Aurèle, ce qui n'aurait rien de surprenant, étant donnée la date de son règne, cela ne prouverait pas grand'chose, puis

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