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moins; j'ai l'espoir que si vous trouvez que la découverte de M. Guerrapin mérite votre attention, votre compétence et votre érudition auront bientôt résolu le problème.

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Signé: GABEAU. >>

M. le Président félicite M. Gabeau du zèle et du savoir qu'il apporte dans ses communications et adresse à M. Guerrapin les remerciements de la Société.

M. Lhuillier, à propos de la voie découverte récemment à l'angle des rues Descartes et Néricault-Destouches, croit que ce chemin partant de la basilique de Saint-Martin vers le SudOuest ne devait pas être un raccourci destiné à regagner, à PortCordon sur le Cher, la voie romaine de Poitiers au Mans qui aboutissait à la Loire au pont de La Motte; il était plus naturel, pour la rejoindre, de suivre la rue du Change jusqu'à SaintPierre-le-Puellier, où l'on rencontrait la voie consulaire remplacée par les rues actuelles de la Caserne, Colbert, du Commerce, du Grand-Marché, de Lariche, Lamartine et le chemin de Sainte-Anne, jusqu'à Port-Cordon. Mais alors, ajoute notre collègue, quelle utilité, quel but pouvait avoir cette voie?

Le rituel de la Collégiale nous apprend que la procession partant, le lundi de Pâques, de la basilique pour se rendre à l'abbaye de Beaumont-lès-Tours, s'arrêtait, en passant, à la Chapelle de l'Orme-Robert (aujourd'hui Saint-Eloi). Elle devait donc naturellement suivre la voie récemment découverte, laquelle continuait jusqu'à Pont-Cher, puis Joué, domaine galloromain (Gaudiacus) appartenant au Chapitre de Saint-Martin dès l'an 900. Quant à sa création, rien jusqu'ici ne permet de l'attribuer aux Romains, mais si l'on considère qu'elle a été trouvée à 4 mètres au-dessous du niveau actuel de la rue Descartes et que, d'après Ms Chevalier, la basilique du xe siècle a été observée au moment des fouilles à la même profondeur (celle de Saint-Perpet se trouvant à 6 mètres), on pourra en conclure que la voie qui nous occupe est postérieure à l'an 900, date à laquelle Joué est devenu propriété des chanoines de SaintMartin. N'oublions pas d'ailleurs que l'abbaye de Beaumont n'a été fondée qu'en 1007, le prieuré de l'Orme-Robert en 1177, et que Pont-Cher n'est dénommé qu'au xe siècle.

Et puis, ajoute notre collègué, peut-on, au vu d'un tronçon aussi court, déduire avec précision la direction du chemin et affirmer que son parcours ne s'infléchit d'aucun côté ? Je crois donc démontré par les textes, dit en terminant M. Lhuillier 1° que la voie découverte au coin de la rue Descartes traversait le Cher à Pont-Cher et non à Port-Cordon; 2o qu'elle n'était pas un raccord ayant pour objectif la voie de Poitiers au

Mans; 3o qu'elle se dirigeait sur Joué;

4° qu'elle ne traversait que des domaines relevant de Saint-Martin et que, dès lors, c'était un tracé vicinal destiné à relier entre eux les divers domaines d'un même propriétaire.

M. l'abbé Bossebœuf, en réponse à l'exposé qui précède, fait les observations suivantes : M. Lhuillier peut-il appeler démonstrations les hypothèses qu'il a apportées à propos d'une voie qu'il n'a pas vue ? L'identification de Joué, qu'il invoque, est contestée par M. Longnon et le niveau de la basilique de SaintMartin, qu'il allègue, est repoussé par M. Ratel. Des arguments d'une valeur absolument contestée ne sauraient établir solidement une opinion.

L'existence de la voie, que M. l'abbé Bossebœuf a signalée à 4 mètres au-dessous du niveau de la rue Descartes et à laquelle Grégoire de Tours fait allusion à propos de la porte méridionale de la Basilique, est suffisamment motivée par l'affluence considérable des pèlerins qui trouvaient dans cette voie de raccord un chemin plus court pour aller de Port-Cordon à Saint-Martin, qui était alors un des quatre grands pèlerinages du monde entier. Il n'est pas surprenant que cette voie, alors en forme de chaussée au-dessus du niveau ambiant et, depuis, recouverte de quatre mètres de remblai, n'ait pas laissé de traces actuellement visibles dans la vallée de la Loire, tandis que la voie romaine se montre encore sur le coteau du Cher.

Il est tout naturel que l'on ait bâti des villæ et des chapelles le long de ce chemin de communication, à partir de l'époque mérovingienne: tel le prieuré de l'Orme-Robert, dit plus tard de Saint-Eloi par suite, sans doute, du séjour fait par le pieux orfèvre chez une dame dont l'histoire nous a été conservée par le biographe de cet artiste. C'est au moyen âge que le passage de Saint-Sauveur a servi de communication avec la ville même de Tours.

Ainsi donc, suivant l'abbé Bossebœuf, vestiges et documents, tout autorise à admettre le tracé de cette voie, à l'époque méro vingienne, non dans la direction de Joué, ce qui est une simple hypothèse, mais dans la direction de Port-Cordon, lieu de passage, sur le Cher, de la voie consulaire de Poitiers au Mans.

M. le capitaine Bonnery a pris les dimensions de la cloche de Berthenay qui doit remonter à 1481; elle a 0,50 de hauteur sur 0,56 de diamètre à la base, ce qui, d'après Guettier, établirait un poids d'environ 500 kilos en y comprenant les anses. Le battant, du poids approximatif de 17 kilos, présente à sa partie inférieure un pédoncule pour le manier dans un carillon. Le listel porte écrit en gothique: « MIL QATRE CENT QUATRE VINGT UN. MARIE AY NOM QUI TEMPECTE

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FAIT FOUIR DE SI LOIN QUE ON ME PEULT OUIR ». Quatre médaillons ornant l'extérieur de cette cloche représentent l'aigle, le lion, le bœuf et l'ange, symboles des quatre évangélistes. En terminant sa communication, M. Bonnery rappelle que les cloches furent introduites dans les églises à partir de Constantin et qu'au xvIe siècle, les statuts diocésains de saint Charles Borromée prescrivaient cinq à sept cloches pour une cathédrale, trois pour une collégiale, et deux pour une paroisse ordinaire. En vertu d'un décret du 23 juillet 1793, les cloches devaient être mises à la disposition du pouvoir exécutif.

M. le président annonce qu'un portrait de Descartes, placé dans un cadre, sera déposé le 22 décembre à la mairie de La Haye, par les soins des excursionnistes et au nom de la Société archéologique de Touraine.

Parlant de l'église de Saint-Symphorien, examinée par M. Chevalier et par M. Palustre, afin d'en déterminer l'époque, M. le président rappelle que le premier adoptait simplement la date de 1569 inscrite sur une statue placée à l'entrée, tandis que le second faisait remonter le portail à l'époque de François 1er, signalant d'ailleurs le millésime 1531 qui figure dans un cartouche à côté de la porte. Toutefois, si telle est la date de l'achèvement des travaux, quelle est celle du commencement? Une inscription, dont M. l'abbé L. Bossebœuf n'a encore relevé qu'une partie et qu'il se propose de donner bientôt intégralement, fixe ce point et déjà nous pouvons être certains que le portail a été commencé en 1525.

Au sujet d'Amboise, de la rue Joyeuse et du bel hôtel édifié en cette rue, sans doute vers la fin du xv° siècle ou au début du xvio, M. l'abbé Bosseboeuf se demande quel en a été l'architecte ou le possesseur; est-ce bien le duc de Joyeuse? Voici une hypothèse qu'émet notre savant président: On sait que Charles VIII ramena en France une foule d'artistes italiens et parmi eux Fra Jocondo ou Giocondo, habile architecte, auteur de travaux importants à Venise, à Vérone, et collaborateur de Michel-Ange pour la construction de Saint-Pierre de Rome. Giocondo séjourna à Amboise et recevait du roi une pension de 12.000 livres. De même que Passelo a résidé à Château-Gaillard et Léonard de Vinci à Clos-Lucé, ne pourrait-on admettre qu'il a résidé en cet hôtel de la rue Joyeuse; car Joyeuse est la traduction de Giocondo, et voilà peut-être l'origine du nom donné à cette habitation et à la rue.

M. Ratel continue son résumé sur les fouilles de la basilique Saint-Martin et parle de la critique soulevée par M. de Lasteyrie a propos des anciennes fondations. Pendant cette lecture l'Assemblée vote sur l'admission de M. l'abbé Octave Marcault,

présenté à la dernière réunion et qui est nommé membre correspondant. Sont ensuite présentées les candidatures de MM. Louis Chollet, abbé Pineau, à Tours, et Collinet, au château de Chenay, par Athée.

A propos des réparations dont est l'objet la tour de l'Horloge de notre ville, M. le président fait l'historique de ce monument et, en particulier, de la belle salle gothique du deuxième étage. et de l'inscription figurant sur la cloche qui date de 1759. Cette cloche, nommée Saturnin, provient de l'église du même nom qui se trouvait au Carroir de Beaune et ne doit point être confondue avec celle des Carmes, appelée aujourd'hui SaintSaturnin. Le cimetière qui l'entourait est actuellement couvert de nombreuses habitations. Sur une partie de son emplacement, se trouve le jardin de M. Salmon de Maison-Rouge, notre collègue.

Après ces diverses communications, M. L. Bousrez nous montre, à l'aide d'habiles projections, plusieurs ponts et aqueducs anciens, une magnifique cheminée sculptée à Saint-Rémyla-Varenne, ainsi que la statue de la Femme noyée d'Amboise, œuvre d'un sculpteur éminent et qui a fait l'objet d'une intéressante communication cette année.

La séance est levée à quatre heures cinquante.

Le Secrétaire général,

DE LÉPINAIST.

Séance du 27 janvier 1897

PRÉSIDENCE DE M. L'ABBÉ L. BOSSEBOEUF, PRÉSIDENT Lecture du procès-verbal de la dernière réunion. Ouvrages reçus. Bulletin de la Société archéologique et historique de l'Orléanais (tome XI, no 158). Journal des Savants (novembre 1896), avec une étude sur l'ouvrage de M. Boulay de la Meurthe, ancien président, intitulé: Documents sur la Négociation du Concordat, 4 vol. — Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne (2a série, juillet-août 1896). - Bulletin de la Société dunoise (janvier 1897), présentant un chapitre sur saint Solenne, évêque de Chartres, mort à Maillé ou Luynes. Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest (3o trim. 1896), articles curieux sur le canon à la bataille de Crécy et au siège de Romorantin, sur l'occupation de Poitiers par Duguesclin, et sur une donation par celui-ci, datée de Loches, 31 mai 1372. Bulletin de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe (tome XXXV). Revue de

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Saintonge et d'Aunis (XVIIe vol., 1re livraison), contenant une dissertation sur les piles romaines en Saintonge. Bulletin du Musée municipal de Châteauroux (31 déc. 1896). Bulletin de la Commission des Antiquités de la Seine-Inférieure (tome X, 2o livraison), avec étude d'une monnaie mérovingienne d'Amboise, trouvée à Saint-Aubin-d'Epinay et un prospectus du prix de l'argenterie et des étoffes précieuses en 1665.

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Bulletin de la Société académique du Centre (no 4, 1896) donnant la suite de l'histoire de Montrichard. Bulletin de la Société archéologique de Rochechouart (tome VI, no 4), étude sur les forêts d'après les noms de lieux. Bulletin de la Société archéologique du Limousin (tome XXIII): Emblêmes et devises révolutionnaires; bas-relief de la déesse Epona, dit pierre de Saint-Martin »; les Barbou, imprimeurs à Lyon, à Limoges et à Paris; chronique du monastère de Solignac. Bulletin de la Société archéologique du Midi de la France (n° 17): les églises à coupoles d'Aquitaine; la poterie de grès d'Allemagne et des Pays-Bas; travaux au clocher de Saint-Sernin en 1478. Bulletin du Comite des Travaux historiques (1896): poème avec miniatures dédié à Robert d'Anjou par Convenevole de Prato, xive siècle; Saint-Martin de Vertou; documents inédits sur Bayard, d'après le carteggio des ambassadeurs de Mantoue; le P. Mersenne et ses correspondants de France les noms de baptême de la Gascogne, au moyen âge. — Volume du Congrès des Sociétés des Beaux-Arts (1896), avec planches, renfermant une étude sur un prototype inédit de la tapisserie d'Artémise, par M. le comte Ch. de Beaumont, notre collègue; étude sur le premier graveur de l'atlas national de Bouguereau et sur des œuvres d'art d'Oiron, notamment sur un Saint-Jérôme attribué à Andrea del Sarte par notre président.

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Dons. Photographie du monument de Descartes, dû au ciseau de Sergel et érigé à Stockholm; cet envoi est accompagné d'une lettre ci-après transcrite. M. le maire de Tours adresse au Musée un denier Louis XIII et un fragment de grand vase gallo-romain, trouvés dans les fouilles motivées par le nouvel égout du boulevard. M. Mouchot, ingénieur-électricien à Paris, offre une gravure figurant un portrait de Descartes et probablement contemporaine de notre illustre compatriote; il y joint une vingtaine de reproductions héliographiques du même portrait. En souvenir des fêtes du Centenaire, tous ceux de nos collègues qui ont fait le voyage de La Haye-Descartes recevront une de ces reproductions. M. P. Viollet de l'Institut, ayant trouvé un fragment de la généalogie de Descartes jusqu'en 1773, en adresse copie à nos archives. Brochure par M. Ch. de Beaumont, dans laquelle notre collègue parle d'un

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