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SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DE TOURAINE

Séance du 16 décembre 1896

PRÉSIDENCE DE M. L'ABBÉ BOSSEBOEUF, PRÉSIDENT

Le procès-verbal de la dernière réunion est lu et adopté. Ouvrages reçus. Bulletin de la Société archéologique de Bordeaux (3° trim. 1895), contenant un article sur le Mas d'Agenais, où de nombreuses poteries romaines ont été découvertes. Dans le fascicule du 4o trimestre, un chapitre sur les figurines votives. Revue historique, no 124. Bulletin de la Société académique du Centre (juillet-septembre 1896), avec notice sur Montrichard. Bulletin de la Société dunoise (n° 109, octobre 1896), renfermant un inventaire raisonné de Méréglise (Eure-et-Loir), et une étude sur une peinture murale de l'Enfer, datant du xive siècle. — Instruction in Sociology, par M. Daniel Fuleomer. Mémoires de la Société archéologique de Rambouillet (tome XI), avec une notice sur Epernon. Bulletin de la Société archéologique de Carcassonne (tome VIII, 1re partie). Analecta Bollandiana (tome XV, fascicule 4). Mémoires Romania (no 100, octobre 1896). de la Société des Sciences et Arts de Seine-et-Oise (tome XIX), avec étude du château de Versailles sous Louis XV. Annales de la Société d'Emulation des Vosges (72° année, 1896). - Mémoires de la Société des Sciences de la Creuse (tome IV, 2o série).

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Dons. L'Ecole d'Anthropologie de Paris, 1875-1896, par M. Ph. Salmon. Echantillon de plomb mélangé de cuivre, d'antimoine et d'étain, provenant de blocs trouvés dans des excavations fouillées aux Châteliers d'Amboise, offert par M. Gabeau de la part de M. Guerrapin (voir lettre explicative plus loin). Carolus de Charles VII, fragments vernissés du xvI° siècle, autres fragments de l'ancienne canalisation amenant l'eau de Saint-Avertin à Tours (on peut encore voir au fond du Cher les traces de cette conduite qui se dirigeait vers la place de l'Archevêché, puis vers la place de Beaune). Ces derniers objets proviennent des travaux nécessités sur les boulevards par l'établissement de l'égout collecteur, et sont donnés par M. Pic-Pâris, maire de Tours; remerciements de la Société.

M. Gabeau dépose également sur le bureau la copie exacte de l'inscription en relief figurant sur la cloche du beffroi Bulletin archéologique, t. XI.

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d'Amboise, avec estampage d'une monnaie enchâssée dans le métal. M. le président remercie les généreux donateurs et fait savoir que, suivant une lettre reçue du ministère, le 35o Congrès des Sociétés savantes s'ouvrira le 20 avril et sera clos en séance générale le 24. Les formalités à remplir sont indiquées dans cette lettre.

En offrant la copie de l'inscription qui orne, à Amboise, la cloche du beffroi, M. Gabeau donne les détails suivants: Communications. « Le beffroi municipal d'Amboise fut commencé en 1495 par la réédification du portail de l'Amasse, près du moulin de l'Aumône, « où la ville a intencion de faire «< mettre une grosse horloge »; la tour ne s'acheva qu'en 1498; la couverture de la lanterne « où se doit mettre l'horloge »> ne fut terminée qu'en 1500, et l'année suivante, Christophe de Montdhore, fondeur à Orléans, reçut l'ordre d'exécuter la cloche, destinée « à conner heures à chaccun », comme le dit l'inscription que j'ai pu relever en 1895.

« Les comptes de la ville nous apprennent qu'au mois de janvier 1502 il fut alloué à maître Pierre, qui avait fondu cette cloche,31 sols et 3 deniers pour lui avoir une paire de chausses, que René Rousseau, « horlogeur à Langès,» reçut 25 livres et 10 sols tournois « pour ses pénes et sallaires d'avoir abillé et mis à point les mouvements ». Le compte est signé Raymon de Dezest. La cloche seule a 1 mètre de hauteur sur 4 de pourtour à sa base; les habitants fournirent pour leur part seulement 1.196 livres de métal. Une médaille ou une pièce de monnaie que je n'ai pu déchiffrer est enchâssée dans le bronze; quant à l'inscription en lettres gothiques ci-après, elle occupe deux lignes à la partie supérieure de la cloche: « Dedans l'an <«<mil V CT (cinq cent) ung pour conner heures a chaccon << faicte je fu dedans le moys doctobre et contiens le poys de << livrez environ troys mille Par don de meccigneurs de « ranille et du baillif dit Remon de Dezest qui ma done mes << movemens toult prectz.

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« Cette partie du beffroi étant d'un accès très difficile, on n'a jamais relevé cette inscription pour ce motif sans doute, et je suis heureux d'en offrir la primeur à la Société archéologique.

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Voici la lettre par laquelle, le 7 décembre, M. Gabeau annonce la découverte, aux Châteliers, de blocs métalliques gisant dans le rocher, blocs dont un échantillon a été offert à notre musée: « M. Jean-Baptiste Guerrapin, propriétaire, quai des Violettes, à Amboise, possède une vigne aux Châteliers, sur l'emplacement de l'ancien camp des romains. En 1895, ses terrassiers mirent à découvert, à cinquante centimètres de profondeur sous une couche de terre végétale mélangée de débris de roche,

un trou creusé dans le rocher dur et présentant la forme d'un carré de 1,50 environ de longueur, sur un mètre de largeur et un mètre de profondeur se rétrécissant en manière de cuvette.

« Après avoir vidé cette ancienne cavité qui était recomblée, les ouvriers trouvèrent au fond plusieurs blocs de grosseurs différentes et formés d'une matière qui leur était inconnue. Surpris de leur poids, ils prévinrent M. Guerrapin qui, lui-même, étonné de leur densité, de leur aspect et de leur nombre (il y en avait bien cent cinquante kilos) en brisa plusieurs. Dans chacun d'eux, il reconnut, au milieu de matières diverses, la présence de métaux et surtout du bronze et en envoya un fragment à la Monnaie, à Paris, aux fins d'analyse. M. Guerrapin a bien voulu m'autoriser à prendre et à vous communiquer copie de la réponse qui lui a été faite le 6 mars 1896: « L'échantillon que vous m'avez remis est du bronze; il contient envi«<ron: cuivre, 83,5; étain, 10; antimoine, 5; plomb, 1,5; total «100 parties. Signé : A. CAPOUL. >>

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« Au cours d'une précédente visite, M. Guerrapin fut sollicité de donner à la Société un fragment de ce métal pour notre musée; il eut la gracieuseté de nous offrir ce bloc que je vous remets aujourd'hui en son nom et qui ne pèse pas moins de 24 kilos; peut-être cette pièce ne sera-t-elle pas une des moindres curiosités de nos collections.

Mais, quelle est l'origine de ces blocs et quelle pouvait bien être leur destination? La première idée qui m'est venue, c'est que les Gaulois qui, avant les Romains, occupaient cet emplacement, avaient bien pu, surpris par ces derniers, cacher là ce métal avec l'espoir de l'y retrouver après une courte absence. Cependant l'existence d'une masse compacte de scories de fonte de fer constatée à quelques centaines de mètres de la trouvaille de M. Guerrapin, sur l'emplacement de ce même camp, donnait lieu de penser qu'on avait dù établir en cet endroit des ateliers pour fondre les métaux nécessaires à la fabrication des armes, des objets divers et de l'équipement des premiers occupants, et que ces lingots de bronze, riches en métal et mêlés à du charbon et à des matières diverses, étaient le produit d'une fonte incomplète, vu les moyens très imparfaits dont vainqueurs et vaincus disposaient.

« J'ai su depuis que la partie la plus riche en métal et, par conséquent, la plus lourde de ces blocs, se trouvait en dessus (ils avaient donc été disposés ainsi par la main des hommes) et que les parois du trou ne présentaient aucune trace de feu. L'idée d'une cachette redevient donc plus probable, mais la question de l'origine et de la destination reste entière. Je vous signale ces faits que je crois nouveaux, dans notre contrée du

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