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Encore quelques jours, et vous aviez l'espoir de prendre le Pacha même au milieu de son palais; mais dans cette saison la prise du château d'Acre ne vaut pas la perte de quelques jours:

fut nommé roi d'Italie, il dit au général Berthier, dans 'un de ces momens où il causait de tout pour essayer ses idées sur les autres: Ce Sydney Smith m'a fait manquer ma fortune à Saint-Jean d'Acre; je voulais partir d'Égypte, passer par Constantinople, et prendre l'Europe à revers pour arriver à Paris.» (Considérations sur la Révolution française.)

On a long-temps parlé d'un empoisonnement que Bonaparte consomma ou essaya de consommer sur ceux de ses malades qu'il ne pouvait emmener. Voici comme l'ex-empereur le raconte lui-même dans un petit ouvrage qu'on lui attribue (Maximes et pensées du prisonnier de Sainte-Hélène): « Il y avait une centaine d'hommes attaqués de la peste, et qui n'en pouvaient revenir. Obligé de les abandonner, ils allaient être massacrés par les Turcs je demandai au docteur Desgenettes si on ne pourrait pas leur administrer de l'opium pour abréger leurs souffrances; il me répondit qu'il n'était chargé que de les guérir : la chose en resta là. Ils furent en effet massacrés peu d'heures après par l'ennemi. » Je

les braves que je devrais d'ailleurs y perdre sont aujourd'hui nécessaires pour des opérations plus

essentielles.

Soldats! nous avons une carrière de fatigues

et de dangers à courir. Après avoir mis l'Orient hors d'état de rien faire contre nous cette campagne, il nous faudra peut-être repousser les efforts d'une partie de l'Occident. Vous y trouverez une nouvelle occasion de gloire; et si, au milieu de tant de combats, chaque jour est marqué par la mort d'un brave, il faut que veaux braves se forment et prennent rang à leur tour parmi ce petit nombre qui donne l'élan dans les dangers, et maîtrise la victoire.

de nou

préfère cette version à toutes celles qui ont été faites, et cela par deux raisons majeures: la première est que l'on doit écarter de la pensée tout ce qui tend à déshonorer ceux qui règnent ou ont régné sur nous; là seconde, que nous croyons, avec Luiz de Cabrera, que l'histoire des Princes ne devrait être écrite que par eux.

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Instruit par ses frères, avec lesquels il n'a cessé de correspondre, et du véritable état de la chose publique en France, et du profond mépris dans lequel le gouvernement directorial est tombé, le général Bonaparte se détermine à quitter le sol égyptien, pour reproduire aux yeux du monde le grand pas de César franchissant le Rubicon (1).

tir

SOLDATS,

Les nouvelles de l'Europe m'ont décidé à parpour la France; je laisse le commandement de l'armée au général Kléber. L'armée aura bientôt de mes nouvelles. Il me coûte de quitter des

(1) Quelques écrivains, et notamment l'auteur des Victoires et conquêtes, ont rapporté avec trois signatures un ordre par lequel le directoire aurait prescrit au général Bonaparte de quitter l'armée d'Orient pour révenir en France. Non-seulement l'incrédulité publique a fait justice de cette prétendue pièce; mais le désaveu même des signatures apposées m'a a été formellement donné par l'un des trois directeurs dont le nom figure au bas de l'ordre. Or, je suis autorisé à conclure ou que

soldats auxquels je suis le plus attaché; ce ne sera que momentanément, et le général que je leur laisse a la confiance du Gouvernement et la mienne.

les signatures ont été surprises adroitement, ou que la pièce elle-même est totalement apocryphe.

Néanmoins, je ne puis partager l'opinion des gens qui attribuent à l'épouvante le départ précipité du général Bonaparte; et s'il faut pour les convertir m'appuyer de quelque autorité, je leur rapporterai textuellement ce qu'en a dit une dame illustre, dans un ouvrage historique que plus d'un grand homme voudrait avoir fait.

« On a beaucoup répété, dit madame de Staël, qu'en. s'éloignant alors, il avait déserté son armée. Sans doute il est un genre d'exaltation désintéressée qui n'aurait pas permis au guerrier de se séparer ainsi de ceux qui l'avaient suivi, et qu'il laissait dans la détresse : mais le général Bonaparte courait de tels risques en traversant la mer couverte de vaisseaux anglais; le dessein qui l'appelait en France était lui-même si hardi, qu'il est ab¬ surde de traiter de lâcheté son départ d'Egypte. Il ne faut pas attaquer un être de ce genre par les déclamations. communes : tout homme qui a produit un grand effet sur les autres hommes doit être approfondi pour être jugé.»

SOMMAIRE.

Ayant quitté l'armée d'Orient, Bonaparte, qui médite un grand dessein, s'est mis à la tête des forces intérieu es de la France, et prépare les esprits au coup qu`il va frapper. C'est le 18 brumaire (1).

SOLDATS,

Le décret extraordinaire du Conseil des anciens est conforme aux articles 102 et 103 de l'acte constitutionnel. Il m'a remis le commandement de la ville et de l'armée.

Je l'ai accepté pour seconder les mesures qu'il

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(1) Tous les partis s'étaient offerts à lui, et il leur « avait donné de l'espoir à tous. Il avait dit aux jacobins « qu'il les préserverait du retour de l'ancienne dynastie ; « il avait au contraire laissé les royalistes se flatter qu'il « rétablirait les Bourbons; il avait fait dire à Sieyes qu'il « lui donnerait le moyen de mettre au jour la constitu« tion qu'il tenait dans un nuage depuis dix ans ; il avait surtout captivé le public, qui n'est d'aucun parti, par des protestations générales d'amour de l'ordre et de la « tranquillité. »

(Madame DE STAEL.)

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