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Écrasés partout où ils ont voulu résister, les Russes se décident à tenter par un dernier combat la fortune qui les poursuit. L'armée française n'est plus qu'à quinze lieues de Moscou, et si elle n'est battue, la ville chérie des Czars devient sa conquête avant vingt-quatre heures.

Cependant Napoléon s'apprête à vaincre. A peine a-t-il disposé ses légions, que le soleil caché jusqu'alors perce et dissipe tout à coup les nuages dont il est environné. A cette vue, Napoléon ne peut contenir sa joie C'est le soleil d'Austerlitz, s'écrie-t-il aussitôt, et 200,000 braves repètent avec lui: C'est le soleil d'Austerlitz.

SOLDATS,

Voilà la bataille que vous avez tant désirée... Désormais la victoire dépend de vous; elle nous est nécessaire; elle nous donnera l'abondance, de bons quartiers d'hiver, et un prompt retour dans la patrie. Conduisez-vous comme à Austerlitz, à Friedland, à Witepsk, à Smolensk ; et que la postérité la plus reculée cite avec or

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gueil votre conduite dans cette journée; que l'on dise de vous : Il était à cette grande bataille sous les murs de Moskow: c'est un brave (1).

(1) Il ne sera peut-être pas sans intérêt de comparer avec cette proclamation, celle que fit de son côté le général en chef de l'armée Russe. Présentant à ses troupes avec un appareil religieux cette relique que les Russes ont nommée la sainte image, et qu'ils n'invoquent jamais que lorsque l'état est menacé. « Vous voyez, leur dit-il « d'une voix forte et solennelle, vous voyez devant vous & dans cette image sacrée du saint objet de votre adoration, notre devoir de marcher contre le perturbateur ⚫ du monde. Non content de détruire l'image de Dieu « dans la personne de ses créatures, cet archi-rebelle ◄ pénètre à main armée dans vos sanctuaires, les souille ‹ de sang, renverse vos autels et expose l'arche du sei« gneur à tous les genres de profanation. Ne craignez ‹ pas que ce Dieu dont les autels ont été insultés par «ce vermisseau que sa toute-puissance a tiré de la pous«sière, ne craignez pas dis-je, qu'il ne veuille point « étendre son bouclier sur vos rangs, et combattre son « ennemi avec l'épée de Michel.

« C'est dans cette croyance que je veux combattre et • vaincre c'est dans cette croyance que je veux com

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« battre et mourir, et que mes yeux mourans verront

« la victoire. Soldats, je vous le dis, pensez au sacrifice « de vos cités consumées par les flammes, pensez à vos

femmes et à vos enfans qui réclament votre protec«tion; pensez à votre empereur, qui vous considère « comme le nerf de sa force: et avant que le soleil de • demain n'ait disparu vous aurez écrit votre foi et « votre fidélité dans les champs de votre patrie avec le sang de l'agresseur et de ses légions. »

On ne peut juger de l'esprit des deux armées que par les divers ressorts mis en jeu pour les mouvoir.

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Réalisant pour la France ce mot du grand Pompée, qu'il suffirait de frapper du pied pour faire sortir des légions de la terre. Napoléon, vainqueur des calamités de la Russie, s'est reporté avec une armée nouvelle dans les champs fertiles de la Saxe (à Lutzen). C'est là qu'échappés à la fureur des élémens, les illustres débris de la plus intrépide armée sont réduits à se placer comme des vaincus, sous la protection d'une jeunesse qui n'a jamais vu le feu, qu'aucune cavalerie ne seconde, et qui, toute novice dans l'art cruel des combats, ne sait pas même encore observer un alignement. Mais cette jeunesse est française, mais les dangers de, la patrie enflamment son courage, mais elle a sous ses yeux l'exemple des héros, et, pour garant de la victoire, le génie de Napoléon.

SOLDATS,

Je suis content de vous (1); vous avez rempli mon attente, vous avez suppléé à tout par votre bonne volonté et par votre bravoure. Vous avez,

(1) Au commencement de la bataille, l'Empereur avait dit à l'armée: C'est une bataille d'Egypte: une bonne infanterie soutenue par de l'artillerie doit savoir se suffire. A la vue de Napoléon tout brûlé de

dans la célèbre journée du 2 mai, défait et mis en déroute l'armée Russe et Prussienne commandée par l'empereur Alexandre et par le roi de Prusse. Vous avez ajouté un nouveau lustre à la gloire de mes aigles; vous avez montré tout ce dont est capable le sang français. La bataille de Lutzen sera mise au-dessus des batailles d'Austerlitz, d'Iéna, de Friedland et de la Moskowa. (1)

poudre, les jeunes soldats frappaient les airs du cri chéri de vive l'empereur. Il y a vingt ans, dit Napoléon, que je commande les armées françaises, et je n'ai pas encore vu autant de bravoure et de dévouement.

(1) Les 30,000 hommes que les alliés perdirent à Lutzen, ne sont pas le plus miraculeux des titres de l'armée à notre admiration. Dans aucune de ses campagnes l'empereur ne s'était montré si audacieux. Quelle différence entre lui et les souverains qu'il combattait! Tandis que, placés sur une hauteur perdue dans l'horizon, leurs majestés se bornaient à expédier des dépêches, Napoléon semblait avoir établi son quartier-général au foyer même du péril; il voyait et prévoyait tout, commandait et payait d'exemple. En vain l'ennemi concentre sur sa tête des nuées de boulets et de projectiles; en vain tout tombe autour de lui, en vain lui-même s'affaisse sur son

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