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Cette armée qui, avec autant d'ostentation que d'imprudence, était venue se placer sur nos frontières, est anéantie.

Mais qu'importe à l'Angleterre ! son but est rempli nous ne sommes plus à Boulogne, et son subside ne sera ni plus ni moins grand.

De cent mille hommes qui composaient cette armée, soixante mille sont prisonniers. Ils iront remplacer nos conscrits dans les travaux de la campagne.

Deux cents pièces de canon, tout le parc, quatre-vingt-dix drapeaux, tous leurs généraux sont en mon pouvoir: il ne s'est pas échappé de cette armée quinze mille hommes.

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Soldats! je vous avais annoncé une grande bataille; mais, grâce aux mauvaises combinaisons de l'ennemi, j'ai pu obtenir les mêmes succès sans courir aucune chance, et, ce qui est sans exemple dans l'histoire des nations, un si grand résultat ne nous affaiblit pas de plus de 1500 hommes hors de combat.

Soldats! ce succès est dû à votre confiance sans bornes en votre empereur, à votre patience

à supporter les fatigues et les privations de toute espèce, à votre rare intrépidité.

Mais nous ne nous arrêterons pas là: vous étes impatiens de commencer une seconde campagne.

Cette armée russe que l'or de l'Angleterre a transportée des extrémités de l'univers, nous nous allons lui faire éprouver le même sort.

A ce combat est particulièrement attaché l'honneur de l'infanterie française (1): c'est là que va se décider pour la seconde fois cette question qui l'a déjà été une fois en Suisse et en Hollande, si l'infanterie française est la première ou la seconde de l'Europe.

Il n'y a pas là de généraux contre lesquels je puisse avoir de la gloire à acquérir: tout mon soin sera d'obtenir la victoire avec le moins possible d'effusion de sang. Mes soldats sont mes enfans.

(1) Moyen très-adroit de centupler l'ardeur.

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Ivres d'orgueil et de présomption, les Russes s'avancent à grands pas pour venger les bataillons autrichiens que l'armée française a vaincus et dispersés. Ce jour, qui est le 1 décembre, aura pour lendemain l'anniversaire du couronnement de Napoléon ; et déjà les ombres que la nuit déroule sur les campagnes sont, en mémoire de ce grand événement, éclairées par un océan de feux.

SOLDATS,

L'armée russe se présente devant vous pour venger l'armée autrichienne d'Ulm : ce sont ces mêmes bataillons que vous avez battus à Hollabrunn, et que depuis vous avez poursuivis constamment jusqu'ici. Les positions que nous occupons sont formidables, et pendant qu'ils marcheront pour tourner ma droite, ils me présenteront le flanc (1).

(1) Huit jours auparavant, l'empereur passant avec son état-major près des hauteurs de Santon, avait dit aux généraux qui l'entouraient : « Observez bien cette position, messieurs; elle jouera par nos soins un grand

Soldats, je dirigerai moi-même vos bataillons, je me tiendrai loin du feu, si avec votre bravoure accoutumée vous portez le désordre et la confusion dans les rangs ennemis (1); mais si là victoire était un moment indécise, vous verriez votre empereur s'exposer aux premiers coups; car la victoire ne saurait hésiter dans cette journée, surtout où il va de l'honneur de l'infanterie française, qui importe tant à l'honneur de la nation.

Que sous prétexte d'emmener les blessés on

rôle dans l'histoire.» Huit jours à l'avance, il prévoyait donc la situation dans laquelle son génie allait placer l'ennemi. C'est surtout aux traits de cette nature que l'on reconnaît les hommes supérieurs.

(1) L'empereur visitant incognito les bivouacs, fut reconnu et abordé par un vieux soldat couvert de cicatrices: Sire, lui dit ce brave, tu n'auras pas besoin de

t'exposer. Je te promets, au nom des grenadiers de « l'armée, que tu n'auras qu'à combattre des yeux, et < que nous t'amènerons demain les drapeaux et les éten

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« darts de l'armée russe pour célébrer d'une manière « digne de toi l'anniversaire de ton couronnement. »

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ne dégarnisse pas les rangs (1), et que chacun soit bien pénétré de cette pensée, qu'il faut vaincre ces stipendiés de l'Angleterre, qui sont animés d'une si grande haine contre notre nation.

Cette victoire finira notre campagne, et nous pourrons reprendre nos quartiers d'hiver où nous serons joints par les nouvelles armées qui se forment en France, et alors la paix que je ferai sera digne de mon peuple, de vous et de moi.

(1) Mortellement blessé, l'intrépide général Valhubert refusa le secours de ses compagnons d'armes. Souvenez-vous de l'ordre du jour, leur dit-il: si vous revenez vainqueurs, on me relevera après la bataille; si vous êtes vaincus, je n'attache plus de prix à la vie.» Exhalant son dernier soupir, il écrivit à l'Empereur : « J'aurais voulu plus faire pour la patrie et pour vous. Dans une heure j'aurai cessé d'être ; je ne regrette pas la vie, puisque j'ai participé à la victoire. Quand vous penserez aux braves, souvenez-vous de Valhubert..

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