ENCYCLOPEDIE MÉTHODIQUE, OU PAR ORDRE DES MATIÈRES: PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES, DE SAVANS ET D'ARTISTES; Précédée d'un Vocabulaire univerfel, fervant de Table pour tout [Ouvrage; ornée des Portraits de MM. DIDEROT & D'ALEMBERT, premiers Éditeurs de l'Encyclopédie. MÉTHODIQUE. ARTS E T MÉTIERS MÉCANIQUES, DÉDIÉS ET PRÉSENTÉS A MONSIEUR LE NOIR, CONSEILLER D'ÉTAT, TOME CINQUIEM E. A PARIS, Chez PANCKOUCKE, Libraire, hôtel de Thou, rue des Poitevins ; A LIÉGE, Chez PLOMTEUX, Imprimeur des États. M. D C C. L X X X VIII. AVEC APPROBATION, ET PRIVILEGE DU ROI. MERCUR E. (Son emploi dans les Arts. ) LE mercure, autrement le vif-argent, eft une fubftance métallique, d'un blanc éclatant, abfolument femblable à celui de l'argent. Il eft habituellement fluide. C'est, après l'or & la platine, la substance la plus pefante. Ni l'air, ni l'eau, ne paroiffent point faire d'impreffion fenfible fur le mercure. Il n'eft pas plus fufceptible de rouille que les métaux parfaits. Il fe bombe, ou devient convexe à fa furface. Il eft d'une divifibilité prodigieufe, & fe partage en globules parfaitement fpheriques. Il n'a ni faveur, ni odeur. Il eft liquide, & cependant il ne mouille point les doigts lorsqu'on les trempe dedans. Si fa furface fe ternit quelquefois, c'est à cause de la pouffière ou de l'humidité de l'air; mais on débarraffe aifément le mercure de ces matières étrangères, en le faifant paffer à travers d'une toile neuve & ferrée, & le faifant chauffer. Ainfi purifié, il reprend fa fluidité & fa grande mobilité. Le mercure exposé à une chaleur qui excède celle de l'eau bouillante, fe diffipe en vapeurs comme tous les corps volatils, mais sans fe détruire. On s'eft affuré par différentes expériences les plus authentiques, qu'il ne faut au mercure qu'un degré de froid fuffifant, pour le rendre folide & malléable comme les autres métaux. On parvint même en décembre 1759, par un très-grand froid, à Saint Pétersbourg, à figer le mercure, & à l'étendre & à l'aplatir fous le marteau. On a reconnu dans ce métal des propriétés effentielles, qui l'ont fait employer avec fuccès dans différentes préparations prefcrites par la médecine, ou employées par la chirurgie. Le mercure eft auffi d'un grand ufage dans les arts, & c'est ce qui nous autorise à en parler dans ce dictionnaire. Le mercure ne peut contracter aucune union avec les fubftances terreufes, ni avec les terres des métaux, ni avec le fer; mais il s'allie très-bien avec l'or, l'argent, le plomb, l'étain, le cuivre, le zinc, le régule d'antimoine. Il fe combine trèsfacilement avec le fouffre, & forme dans cette combinaifon, foit naturelle, foit artificielle, une fubftance d'un rouge plus ou moins vif, que l'on nomme cinnabre. Les alliages du mercure avec les métaux portent le nom d'amalgames; ils font la plupart d'un ufage important. Les amalgames d'or & d'argent fervent à la dorure, à l'argenture, & pour l'extraction de ces deux métaux parfaits de leur mine. L'amalgame de l'argent fert pour l'arbre de Diane; celui d'étaim, pour l'étamage des glaces, &c. Le mercure, à caufe de fa grande raréfaction, eft auffi employé très-utilement dans la conftruction du baromètre & du thermomètre, ainfi qu'il fuit. Arts & Métiers. Tome V. Partie 1. Pour faire un baromètre, on remplit de mercure un tuyau de verre, fermé hermétiquement par fa partie fupérieure, ayant fon diamètre d'environ un dixième de pouce, & fa longueur au moins de trente-un. On remplit ce tuyau de manière qu'il ne refte point d'air mêlé avec le mercure, & qu'aucun autre corpufcule ne s'attache aux parois du tuyau. Pour y réuffir, on peut fe fervir d'un entonnoir de verre, terminé par un tuyau capillaire, & remplir le tube par le moyen de cet entonnoir. On peut encore chaffer les bulles d'air par deux autres méthodes; la plus ordinaire eft de remplir de vif-argent tout le tube, à la réferve d'un pouce environ qu'on laiffe plein d'air; on bouche avec le doigt l'orifice du tuyau ; on le renverfe, & en faifant promener la bulle, on lui fait entraîner avec elle toutes les petites bulles imperceptibles; après quoi, on achève de remplir le tube. L'autre méthode confifte à faire chauffer un tube, prefque plein, fur un brafier couvert de cendres; on le tourne continuellement ; & la chaleur raréfiant les petites bulles d'air, les fait fortir par l'orifice. Quand on a ainfi rempli le tuyau jusqu'au bord, on bouche exactement, avec le doigt, fon orifice, enforte qu'il ne puiffe s'introduire d'air entre le doigt & le mercure. Enfin, on plonge le tuyau dans un vaiffeau plein de mercure, de façon cependant que le tuyau ne touche pas le fond du vafe. A la diftance de vingt-huit pouces de la furface du mercure, font attachées deux bandes divifées en trois pouces, & ces pouces font fubdivifės en un certain nombre de plus petites parties; enfin, on applique le tuyau fur une planche de bois, pour empêcher qu'il ne fe brife: on laiffe découvert le vaiffeau où le tuyau eft plongé, ou, fi l'on veut, on le couvre, afin qu'il n'y entre point de pouffière; & le baromètre eft achevé. Au lieu de plonger le tuyau dans un vaiffeau, on fe contente fouvent d'en recourber l'extrémité, de forte que le tuyau a deux branches verticales, dont l'une eft beaucoup plus petite que l'autre, & fe termine par une espèce d'entonnoir fort large qui fe trouve rempli de mercure, fur la furface duquel l'atmosphère preffe, & fait monter ou defcendre le mercure du tuyau, d'une manière d'autant plus fenfible, que la variation du poids de l'atmosphère eft plus grande : c'est le baromètre fimple ou ordinaire. Quant au thermomètre, comparez celui d'efprit de vin, avec un thermomètre de mercure: vous les trouverez peu difcordans, affez cependant pour faire remarquer, à certaines diftances, comme de A |