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On a trouvé, il y a environ six semaines, une monnaie d'argent de la ville de Bologne, du treizième siècle, de la plus singulière conservation ; on m'apporta en même temps une médaille de Faustine jeune, moyen bronze, parfaitement conservée.

Hier j'en ai reçu une douzaine environ, qui venoient d'être trouvées, toutes en bronze, dont les époques renferment un espace de temps singulièrement étendu. Ce sont de moyens et petits bronzes assez frustes, d'Auguste, d'Auguste et Agrippa, de la colonie de Nimes, de Vespasien, Domitien, Trajan, Faustine jeune, Gallien, Constantin-le-Grand et Constance II. Il y a une médaille d'Auguste, dont le revers tout-à-fait effacé porte une contre-marque ovale avec les lettres IID. Quelques autres médailles sont tellement effacées que l'on ne retrouve plus rien; mais la forme et le métal indiquent leur date aux deux premiers siècles de l'ère chrétienne.

Voila tout ce que j'ai reçu, mais j'ai pris des mesures pour obtenir à l'avenir ce que l'on trouveroit de ce côté là. Je n'ai du reste encore aucun renseignement sur le lieu précis où ces médailles ont été trouvées ; je sais seulement que c'est à Annemasse ou tout auprès. Genève 3 Avril 1831.

J. DU PAN.

2) Les Shakers de l'Amérique septentrionale. — On conçoit que dans le moyen âge le désir de sortir d'un monde où régnoit l'injustice et la violence, d'acheter la sûreté personnelle et une sorte de liberté au prix d'un peu de contrainte et de quelques privations, ait déterminé beaucoup d'hommes à rechercher la solitude du cloître, et ait multiplié le nombre des couvens; mais les institutions des Etats-Unis, le caractère des habitans de cette république et le climat du pays, semblent faits peu pour favoriser le développement de l'esprit monastique. Cependant on y a vu sortir du sein même du protestantisme une secte que l'on peut considérer comme un véritable ordre de moines; car l'association des Shakers, ou trembleurs, est fondée sur la communauté des biens, sur le célibat et sur la retraite. Beaucoup de voyageurs ont confondu les Shakers avec les Quakers; ces noms ont à la vérité tous les deux la même signifi

cation, celle de trembleurs; mais elle ne convient réellement qu'aux Shakers qui ont fait de la danse une partie essentielle du culte qu'ils rendent à la Divinité.

Suivant l'opinion générale, la secte des Shakers a été fondée en 1768 par une anglaise, Anna Lee, femme d'un maréchal-ferrant. Ayant été mise en prison pendant quelque temps, comme coupable d'une conduite irrégulière, dès qu'elle fut relâchée, elle résolut de quitter l'Angleterre, et partit en 1774 pour l'Amérique, accompagnée de plusieurs de ses adhérens. Etablie d'abord dans l'état de New-Hampshire, elle parcourut ensuite plusieurs autres états de la Nouvelle-Angleterre en prêchant et en cherchant à propager sa doctrine; elle mourut en 1782.

Les Shakers ayant fait du célibat le dogme fondamental de leur secte, ils ne peuvent se recruter qu'en faisant des prosélytes; aussi y mettent-ils un grand zèle; mais quoique le gouvernement ne les gêne en aucune manière, il est douteux qu'ils parviennent jamais à se multiplier beaucoup. On évalue leur nombre à environ quinze cents individus, répartis entre quatre établissemens, savoir, le nouveau Liban et Wiskaguna dans l'état de New-York, Nancok dans celui de Massachusets, et un quatrième dans l'un des états du sud-ouest. Ces divers établissemens ne consistent pas en un seul grand cloître, mais en plusieurs maisons d'habitations, dont chacune renferme un certain nombre d'hommes et de femmes, qui, sans avoir entr'eux aucun lien de parenté ou d'alliance, forment, pour ainsi dire, des familles artificielles. La réunion des deux sexes sous le même toit, a fait naître des soupçons injurieux sur la moralité des Shakers; cependant les personnes qui ont eu occasion de les voir de près, assurent que leur conduite est irréprochable, et qu'ils sont fidèles à leurs vœux. Mais ce qui frappe les voyageurs qui comparent les Shakers avec les frères Moraves et les Quakers avec lesquels ils ont des rapports de mœurs et d'institutions, c'est que les Shakers, hommes et femmes, portent sur leurs visages pâles et dans leurs yeux hagards l'empreinte de la tristesse et de la mélancolie, tandis que les Quakers et les frères Moraves qui n'ont point renoncé aux douceurs du mariage, sont remarquables par l'expression de sérénité qui règne dans leurs traits, et que leurs

femmes ont souvent de la beauté et toujours de la fraicheur. L'étage supérieur des maisons des Shakers est séparé par un corridor assez large, en deux quartiers; dans l'un se trouvent les chambres à coucher des hommes; dans l'autre celles des femmes, chacune avec deux lits; au rez-de-chaussée sont la cuisine et le réfectoire commun aux deux sexes. Sans nécessité urgente jamais un homme n'entre dans le quartier des femmes, ni une femme dans celui des hommes. A l'église et à table, à la promenade comme au travail, les sexes sont toujours en vue l'un de l'autre et pourtant toujours séparés. Les femmes font la cuisine et travaillent à la confection de leurs vètemens; les hommes s'occupent des travaux de l'agriculture, et exercent quelques métiers. Leurs jardins et leurs champs sont cultivés avec soin; leurs maisons construites avec solidité et élégance, sont d'une extrême propreté; bref, tout chez eux porte l'empreinte d'une industrie active et intelligente.

Les femmes sont toutes vêtues de même; leur habit de fête consiste en une robe de soie violette avec une mantille de drap fin, un fichu de batiste, des gants qui vont jusqu'au coude et un grand bonnet de taffetas blanc; le costume des hommes ressemble à celui des Quakers. Dans leurs églises les hommes sont assis en face des femmes. Après un ou plusieurs discours entremêlés de passages de la Bible, les jeunes gens des deux sexes se placent sur deux rangs vis-à-vis les uns des autres, et commencent à danser en s'accompagnant d'un chant qui marque la mesure. D'abord leurs mouvemens sont graves et réguliers; peu à peu ils deviennent plus vifs et plus rapides bientôt ils dégénèrent en contorsions affreuses; au lieu de chant on n'entend plus que des cris inarticulés, et les danseurs ont l'air d'une troupe d'échappés des petites maisons; enfin ils tombent épuisés de fatigue, et ayant à peine la force de se trainer jusqu'à leurs sièges. Quelquefois cette danse reste dans des bornes raisonnables et conserve un caractère de gravité jusqu'à la fin. Toujours elle fait partie du service du dimanche; les réunions qui ont lieu dans la semaine, soni principalement consacrées à l'explication de la Bible.

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Les Shakers partagent les opinions des Quakers et des Mennonites relativement au serment et au service militaire. Ils ont une

espèce de confession auriculaire, et leurs biens sont administrés en commun, à peu près comme chez les frères Moraves.

La secte des Shakers est dirigée par des Anciens qui confessent les simples fidèles, leur imposent des pénitences et leur donnent l'absolution. Ils font intervenir une inspiration surnaturelle dans la plupart de leurs actions. Le North American Review raconte à ce sujet l'anecdote suivante. On demandoit à un jeune Shaker s'il étoit le maître de faire tout ce qui lui plaisoit. « Sans doute, » répondit-il, <«<je puis faire tout ce que l'esprit m'inspire. »>«<Supposons que dans une belle matinée d'hiver tu eusses envie d'aller patiner sur la glace, que ferois-tu?»-« Je dirois à l'Ancien que l'Esprit m'inspire d'aller sur la glace. » -(( -«L'Ancien te le permettroit-il?» » — «‹ Oui, moins pourtant que l'Esprit ne lui dit de m'en empêcher. » — «‹ tu persistois à soutenir que tu as eu une inspiration? » — «‹ Alors l'Ancien me répondroit que mon inspiration est fausse, et que la sienne, qui est la vraie, lui commande de me battre si je ne me mets pas tout de suite à mon ouvrage. (Morgenblatt, 1830 décembre, No 287).

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« Et si

3) Pensées détachées, extraites des manuscrits de Mlle. A. G.

Tel se croit sensible qui n'est qu'irritable. La vraie sensibilité fait le bonheur de ceux qui vous entourent, toutes les autres sont équivoques. Il faut se défier de la sensibilité qui porte à exiger des attentions, des soins, des dérangemens. Elle prend sa source dans une mauvaise disposition de corps ou d'esprit.

L'épine de la sensibilité est l'inquiétude; l'épine de la vivacité est l'impatience; l'épine de l'indifférence est l'ennui, c'est la pire de toutes.

Le bonheur consiste à être content de soi, et le plaisir à être content des autres.

Un ami prudent vaut mieux qu'un ami zélé. Celui-ci vous tire d'un mauvais pas, mais le premier vous empêche de le faire.

Je conviens que la cérémonie est ennuyeuse, mais je la préfère au manque d'égards.

Bien des gens aimeroient les bonnes choses, si elles leur étoient présentées d'une manière agréable. La vertu aimable les passion

neroit, mais ils préfèrent l'amabilité à tout le reste. Ils n'aiment pas ce qu'ils estiment, ils estiment ce qui leur plait. Ce sont des cœurs très-sensibles doués de beaucoup d'imagination, mais dont le jugement est foible. Ces personnes présentent de grandes variétés. Je jouis tellement de la société des personnes vertueuses que je serois quelquefois tentée de dire aux gens: «Je vous remercie de tout le bien que je pense de vous. »

Rien n'est au-dessus du charme sans cesse renaissant de faire plaisir aux autres, mais il est des personnes auprès de qui l'on remplit ses devoirs la raison à la main, si je puis m'exprimer ainsi.

On dit que l'esprit nuit au bonheur; c'est de ces vieilles maximes qui sont bonnes pour consoler ceux qui n'en ont point. Ce n'est pas que je croie que ceux qui manquent d'esprit soient à plaindre; mais je n'aime pas que l'on déprécie les talens que l'Etre Suprême a départis aux humains. L'indulgence et la gaîté se trouvent certainement chez les gens d'esprit.

Les gens qui ne savent pas rester avec eux-mêmes, me paroissent des mendian qui vont de maison en maison pour demander la charité. On pourroit leur dire comme aux véritables mendians : «En travaillant vous vous tireriez d'affaire. >>

La société des parfaits est délicieuse en ce qu'on peut se livrer à toute sa bonté avec eux. Je n'aime point ce qui contraint ce sentiment dans mon cœur.

C'est très-bien d'avoir de l'ordre dans sa maison. Cela contribue à la tranquillité de la vie, mais en parler ne contribue point à l'agrément de la conversation.

Les êtres qui abusent de la complaisance de ceux qui les aiment me paroissent insensibles.

Le plaisir même le plus innocent, lorsqu'il devient un besoin, détruit le charme de l'union domestique.

4) Paupérisme en Ecosse.- Des calculs faits, il y a quelques années, en Ecosse, portoient à cinquante-cinq mille le nombre des individus hors d'état de pourvoir à leur subsistance sans les secours de leurs pa

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