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neveu, seul rejeton de ce grand homme, une représentation. Ils donneront lundi prochain, 10 mars 1760, à son profit, Rodogune, tragédie de Pierre Corneille, et les Bourgeoises de qualité.

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Ils adressèrent aussi la lettre suivante au bénéficiaire : « Monsieur, il nous est difficile de vous peindre et notre surprise d'avoir ignoré jusqu'à présent qu'il existât un neveu du grand Corneille, et notre satisfaction en apprenant cette nouvelle. Les acclamations les plus touchantes ont été d'abord les seuls interprètes de notre sensibilité. Revenus de ce premier trouble d'une joie imprévue, nous n'avons pas hésité un instant à vous accorder la représentation que vous souhaitez, et qui vous est due à tant de titres. Mais permettez-nous, Monsieur, de n'avoir aucun égard à votre généreuse discrétion. Vous vous êtes restreint à nous demander un mardi, un jeudi, ou un vendredi. Nous nous croyons obligés de vous céder un de nos beaux jours. Il a été décidé d'une voix unanime dans notre assemblée que nous représenterions lundi prochain, 10 de ce mois, à votre profit, la tragédie de Rodogune, un des chefs-d'œuvre de Pierre Corneille. Nous vous prions aussi, Monsieur, d'accepter pour toujours vos entrées à notre spectacle, d'y choisir votre place, et de l'occuper le plus souvent qu'il vous sera possible. Nous devons au grand Corneille, à la nation, à nous-mêmes, ces témoignages, bien faibles sans doute, mais les seuls que nous puissions donner de notre respect, de notre vénération, de notre gratitude pour le fondateur de la scène française. Un descendant de ce grand homme est en droit de tout exiger de notre reconnaissance. Nous vous supplions, Monsieur, de la mettre à toute épreuve; vous ne l'affaiblirez ni ne l'épuiserez

jamais; elle est aussi forte, aussi vive et aussi durable que les écrits de votre oncle immortel. »

« Nous avons l'honneur d'être, etc...

« DE BELLECOUR, LE KAIN, DUBOIS, BRIZARD, BERNAUT, BLAINVILLE, GAUSSIN, Drouin, HUS, DE BONNEVAL, DURANCY, etc. »

Paris, 3 mars 1760.

(12) Les principales souscriptions à l'édition des OEuvres de Corneille furent celles de l'impératrice de Russie pour 250 exemplaires; de l'empereur d'Autriche pour 200; de Louis XV pour 200; de Voltaire pour 100; des fermiers généraux pour 60.

Cette impression valut à la protégée de Voltaire, comme on le voit dans la lettre de Voltaire à M. d'Argental, du 14 mai 1764, 52, 000 livres, dont 12, 000 furent placées sur la tête du père de madame Dupuits, reversibles sur la sienne. Plusieurs des personnes qui avaient souscrit à un certain nombre d'exemplaires, tout en payant le prix de la totalité, n'en retirèrent qu'un certain nombre, ou firent don du surplus à J.-F. Corneille.

(13) Mémoire de M. de Malesherbes, présenté au roi Louis XVI au quartier d'avril 1785.

« Votre Majesté est supliée d'accorder une pension de trois cents livres à la demoiselle Corneille, descendante du grand Corneille. M. de Malesherbes, qui a pris soin de cette infortunée depuis son enfance, demande pour elle. »

Et en marge est écrit de la main du roi : « 300 liv. »

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J.-F. Corday Marie-Anne Corneille, élevée au couvent, à Nevers, protégée
Claude-Étien. Corneille, né le 15 avril 1727. reçu par Voltaire
d'Armans, m. par M. Lamoignon de Malesherbes, pensionnée de lui et des à Ferney, le 9 mars 1763, marié à Marie-Rose Berenger.
à Ch. Godier. Fermiers-Généraux.

Marie-Anne
CHARLOTTE
CORDAY

d'Armans, née
à St.-Saturnin,
près Seez, en
1768.

Louis-Ambroise
Corneille, né le 9 dé-
cembre 1756, marié à
Cather. Rose Fabre.

Jeanne-Marie Corneille, née le 21 juillet 1765. élevée au couvent: pupille de M. de Malesherbes, qui obtint pour elle, en 1785, une pension sur la cassette de Louis XVI, pensionnée de la Comédie Française.

Louise- Marie. MarieMadelaine Thérèse Augustine Corneille, Corneille, Corneille née le née le 7 née le 4 19 octobre septembre septembre 1786. 1787. 1790.

N. Corneille, née le 10 novembre 1771, mariée à M. Girard.

Jean-Baptiste-Antoine

Corneille, né le 17 janvier 1776, marié à Marie Chazel.

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au lycée

de Nîmes.

Pierre Joseph. Joseph- Marie- Thérèse- P. Xavier MarieCorneille, Augustin Michel Alexandrine Philippine Corneille né le 6 Corneille, Corneille, Corneille, Corneille, pé le 1er septemb. 1796, né le 4 fév. élevé élevé au lycée 1798, élevé de au lycée Versailles. de Nîmes.

Anne

Corneille.

née le messidor an 6.

née le

élevé 27 juillet

an 10.

au lycée

née le août 1809,

a pluviôse

de Caen.

1812.

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Une fille de madame Dupuits et une petite fille du second mariage de son père Jean-François Corneille, ont prétendu, en 1816 (voir le Constitutionnel des 22, 26 et 28 juillet de cette année), que cette descendance directe n'était pas établie, qu'elles seules étaient véritablement parentes de Corneille. La pupille de M. de Malesherbes, qui était particulièrement attaquée, a répondu dans le même journal (no du 27 juillet), d'une manière péremptoire, en rapportant les actes suivans:

Extrait du registre des baptêmes de l'église paroissiale de Saint-Eustache à Paris.

« L'an mil six cent quatre-vingt-quatorze, le lundi, vingtneuf mars, fut baptisé Pierre-Alexis, né d'hier, fils de Pierre de Corneille, bourgeois de Paris, et de Marie de Couchois, sa femme, demeurant rue des Prouvaires. Le parrain, Pierre Dupont, marchand vanier; la marraine, MarieAnne Cochois, fille de Philippe Cochois, marchand; le père absent. »

Signé Pierre Dupont, Marie-Anne Cochois,

Delamer prêtre.

Pierre-Alexis fut père à son tour.

« Le quinze avril 1728, fut baptisé sieur Claude-Etienne Corneille, fils à sieur Pierre-Alexis Corneille, à demoiselle Benigne Larmanat, ses père et mère, du lieu Tardy. Son parrain a été sieur Claude-Etienne Larmanat, de la paroisse de Fleury sur Loire; sa marraine, demoiselle MarieAnne Corneille, du lieu Tardy, en notre paroisse. Ledit Claude-Etienne Larmanat a signé à l'original. »

Signé Dantrer, curé de Neuville. Extrait des registres des états civils de la ville de Pernes, arrondissement de Carpentras (Vaucluse.)

« L'an 1765, et le 21 jour du mois de juillet, M. Séguin

a baptisé un enfant né aujourd'hui matin sur les minuit, de Claude-Etienne Corneille, et de Maric-Rose Berenger, mariés, auquel on a donné les prénoms de Jeanne-Marie. La marraine a été Catherine Bremont. >>

David, curé. Ainsi signé à l'original.

(14) Les hommages rendus à la mémoire de Corneille sont si peu nombreux que nous serions inexcusables de ne pas mentionner sa Centenaire fêtée au Théâtre-Français, le 1er octobre 1684, d'une manière bien indigne de lui. Onze pièces furent soumises au jugement du comité de réception, qui fit choix de Corneille aux Champs-Elysées, par M. Laurent; il était difficile d'en faire un plus mauvais. L'auteur vit siffler son ouvrage, et dut savoir peu de gré aux comédiens de la préférence qu'ils lui avaient accordée, car elle lui avait été peu favorable. Parmi ses concurrens étaient le marquis de Luchet, Artaud, auteur de la Centenaire de Molière, et Cubières qui avait envoyé deux pièces au concours et qui en fit jouer une à Rouen et sur plusieurs théâtres de province.,

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En 1816, Louis XVIII accorda à mademoiselle J.-M. Corneille une représentation à son profit sur le théâtre de l'Opéra. En 1829, la Comédie Française a acquitté la même dette envers M. P. Corneille, né le 6 septembre 1796.

En 1817, M. Le Pan a publié une édition des Chefsd'œuvre de P. Corneille avec commentaires, annoncée au profit de mademoiselle J.-M. Corneille. L'intention était bonne, mais le but ne fut pas atteint. Il l'eût été sans doute, et l'action n'eût pas été plus mauvaise, si M. Le Pan n'eût fait de son ouvrage une sorte de diatribe contre Voltaire.

(15) L'accessit fut décerné à M. Auger. Nous rapporterons la lettre que lui écrivit Ducis, pour le remercier de

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