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Juge de ton mérite, à qui rien n'est égal,
Par la confession de ton propre rival.

Enfin, pour remplir l'engagement que nous avons pris de prouver que Niceron n'avait pas lu ces pamphlets, nous dirons qu'il range au nombre de ceux qui furent publiés contre Corneille le Souhait du Cid, qui lui est au contraire tout favorable, comme on l'a vu par ce que nous en avons cité p. 90.

(12) Pelisson dit à cet endroit : « M. de Boisrobert, qui était de ses meilleurs amis.....» Corneille aurait été à plaindre s'il n'avait pas eu de meilleurs amis que Boisrobert, comme on l'a vu par la lettre de celui-ci à Mairet (p. 86), par la parodie du Cid qu'il faisait jouer devant le cardinal (pag. 70). Du reste Corneille ne crut pas devoir lui refuser un madrigal, qu'il fit imprimer en tête de la première partie de ses Épîtres, 1647, in-4, et qui a été recueilli dans les OEuvres diverses de notre auteur.

du

(13) D'autres auteurs cherchèrent à exploiter la vogue Cid. Chevreau fit jouer la Suite et le Mariage du Cid, et Desfontaines la vraie Suite du Cid. Ces deux tragicomédies furent représentées en 1637; mais, contre l'attente de leurs auteurs, avec fort peu de succès. En 1639 parut l'Ombre du comte de Gormas et la Mort du Cid, par Chillac, juge des gabelles de Sa Majesté en la ville de Beaucaire, en Languedoc; non représentée.

(14) Nous avons dit que l'Aveugle de Smyrne fut joué le 22 février 1637; quant à la Grande pastorale, qui est à peu près du même temps, on ignore la date précise de sa représentation.

(15) Les Comédiens français ont depuis long-temps changé le titre de la tragédie d'Horace contre celui

des Horaces, variante que n'a pas sanctionnée Corneille. (16) Fontenelle se trompe évidemment sur la date de cette anecdote, puisqu'il dit : « M. Corneille, encore fort jeune, se présenta, etc. » Cinna, qui fut joué en 1639, ne put l'être que vers la fin de l'année, car Horace, qui l'avait précédé, est également de 1639; or, dans une pièce de vers de Ménage, dont nous parlerons tout à l'heure, écrite à l'occasion de ce mariage, le poète nous apprend que le marié était déjà auteur de Cinna. Il était done au moins dans sa trentequatrième année.

(17) Voici l'épitaphe que fit Ménage en apprenant cette nouvelle ; elle est intitulée Cornelii Tumulus :

Hic jacet ille sui lumen Cornelius ævi;
Quem vatem agnoscit gallica scena suum.
An major fuerit socco, majorve cothurno
Ambiguum certe magnus utroque fuit.

Lorsque le bruit de sa mort fut démenti, Ménage composa à ce sujet deux autres pièces. La première est intitulée Cornelius redivivus:

Doctus ab infernis remeat Cornelius umbris

Et potuit rigidas flectere voce Deas.
Threïcium numeris vatem qui dulcibus æquat,

Debuit et numeris non potuisse minus.

La seconde, intitulée Petri Cornelii epicedium, est beaucoup plus étendue. C'est celle-ci dont nous avons voulu parler dans la note précédente. Ce passage peut lui servir de date:

Donec Apollineo gaudebit scena cothurno,
Ignes dicentur, pulchra Chimena tui....
Nec tu, crudelis Medæa, taceberis unquam;

Non Grajâ inferior, non minor, Ausoniâ.
Vos quoque Tergemini, mavortia pectora, fratres,
Et te Cinna ferox, fama loquetur anus.

(18) On a dit que le comédien de l'Hôtel de Bourgogne qui sut mieux juger Polyeucte que l'Hôtel de Rambouillet, était Hauteroche : c'est une erreur. Hauteroche ne fit partie de la troupe de l'Hôtel de Bourgogne que postérieurement à 1654, c'est-à-dire plus de quatorze ans après la première représentation de la tragédie de Corneille. Voir la Galerie historique des acteurs du Théâtre Français, par M. Lemazurier, t. 1, p. 285.

(19) Huet se trompe en plaçant ce cadeau dans l'année 1633 ou 1634; le manuscrit portait sur le titre la date de 1641. Voir la notice sur cette Guirlande, par M. de Gaignières, dans le Supplément à la première partie du Catalogue des livres rares et précieux de feu M. le duc de La Vallière, et à la tête de l'édition de la Guirlande de Julie, donnée par M. Nodier, dans la Collection des petits Classiques français.

(20) Granet, éditeur des OEuvres diverses de Pierre Corneille, 1738, in-12, n'attribue à Corneille que la Tulipe, la Fleur d'orange et l'Immortelle blanche. S'il eût lu la Guirlande de Julie attentivement, il se serait aperçu que les trois autres pièces portent la même signature, C, et il eût senti qu'il y avait les mêmes raisons pour les regarder comme sortics également de la plume de Corneille. Des éditeurs de la Guirlande, et notamment M. Nodier, sont plus conséquens dans leur erreur, en les attribuant toutes six au même auteur, Conrart.

Voici les trois madrigaux non recueillis de Corneille :

par

les éditeurs

LE LYS.

Un divin oracle autrefois

A dit que ma pompe et ma gloire,
Sur celle du plus grand des rois,
Pourrait emporter la victoire;
Mais si j'obtiens, selon mes vœux,
De pouvoir parer vos cheveux,
Je dois, ô Julie adorable,
Toute autre gloire abandonner;
Car nul honneur n'est comparable

A celui de vous couronner.

L'HYACINTHE.

D'un éternel bonheur ma disgrace est suivie;

Je n'ai plus rien en moi qui marque mon ennui.
Autrefois un soleil me fit perdre la vie;
Mais un autre soleil me la rend aujourd'hui.

LA FLEUR DE GRENADE.

Dans l'empire fameux de Flore et de Pomone Mon père a mille enfans qui portent la couronne ; Mais, préférant mon sort au leur,

J'ai mieux aimé demeurer fleur,

Avec le vif éclat dont je suis embellie,
Afin de m'offrir vierge à la chaste Julie.
O perte favorable! ô change précieux !
Je quitte une gloire mortelle

Pour l'immortel honneur de parer cette belle,
Et le destin des rois pour le destin des dieux.

(21) Domestique dans sa signification primitive voulait dire de la maison (domus.) « La Rochepot, mon cousin germain et mon ami intime, dit le cardinal de Retz, était domestique de feu M. le duc d'Orléans, et extrêmement dans sa confidence (Mémoires de Retz, liv. I.). » Mais ce qui vient plus encore à l'appui de ce que nous disions tout à l'heure, c'est que le même auteur nous apprend, peu de pages auparavant, que n'étant encore qu'abbé de Gondi, il avait à sa suite, dans un voyage d'Italie, sept on huit gentilshommes, dont quatre chevaliers de Malte. (22) Bellerose (Pierre le Meslier) entra à l'Hôtel de Bourgogne dès 1629, année où Corneille débuta lui-même par Mélite. Le talent de l'un comme le génie de l'autre les aurait bientôt placés au premier rang. Bellerose créa plusieurs premiers rôles des tragédies de Corneille. Outre des reproches d'afféterie adressés par Scarron à cet acteur, le cardinal de Retz, dans ses Mémoires, nous apprend encore que madame de Montbazon ne pouvait se résoudre à aimer M. de la Rochefoucault, parce qu'il ressemblait à Bellerose, qui avait, disait-elle, l'air trop fade. Bellerose mourut au mois de janvier 1670. (Histoire du Théatre Français, t. v. 25. - Lettre sur Molière, insérée au Mercure de France, mai, 1740.- Galerie historique du Théâtre-Français, par M. Lemazurier, t. 1, p. 149 et suivantes.)

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(23) On sait bien peu de chose sur Beauchâteau. Il paraît qu'il était gentilhomme, et qu'entraîné par un penchant irrésistible, il débuta, en 1633, à l'Hôtel de Bourgogne, dans la Comédie des Comédiens, tragi-comédie de Gougenot, qui fut jouée en cette année. On le reçut pour les seconds rôles tragiques et comiques; mais il faut que par la suite il se soit élevé jusqu'aux premiers, ou

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