Page images
PDF
EPUB

cap. 1.

7.

Plin. lib. 30, un ardent défenseur. Pline nous apprend qu'Ostane, le chef des mages et le patriarche de cette secte, qui en soutenoit les maximes et les intérêts jusqu'à la fureur, accompagna Xerxès dans son expédition contre la Grèce. Ce Arrian. lib. prince, passant par Babylone dans son retour à Suse, y détruisit aussi tous les temples, comme il avoit fait dans la Grèce et dans l'Asie mineure, par le même principe sans doute, et en haine de la secte des Sabéens, qui adoroient Dieu par des images, culte que les mages détestoient souverainement. Peut-être aussi que le désir de se dédommager des frais que lui avoit coûté son expédition contre la Grèce le porta à piller et à détruire ces temples pour profiter de leurs dépouilles; car il y trouva des richesses immenses, que la superstition des peuples et des princes y avoit amassées pendant une longue suite de siècles.

Herod. l. 9, cap.113-120.

AN. M.3525.

La flotte grecque, après la bataille de Mycale, fit voile vers l'Hellespont, pour se saisir des ponts que Xerxès avoit fait jeter sur ce détroit, les croyant encore dans leur entier; mais, les ayant trouvés rompus par la tempête, Léotychide, et ceux du Péloponèse reprirent le chemin de leur pays. Pour Xanthippe, il resta avec les Athéniens et les confédérés d'Ionie, et ils se rendirent maîtres de Seste et de la Chersonèse de Thrace, où ils firent un grand butin et un grand nombre de prisonniers. Après quoi, aux approches de l'hiver, ils retournèrent chacun dans leurs villes.

Depuis ce temps-là toutes les villes d'Ionie se révoltèrent contre les Perses; et étant entrées en confédération avec les Grecs, elles conservèrent la plupart leur liberté pendant tout le temps que cet empire subsista.

§. XI. Inhumaine et barbare vengeance d'Amestris, femme de Xerxès.

y

avoit conçu

Pendant que Xerxès étoit à Sardes, il Av.J.C.479. une violente passion pour la femme de Masiste, son frère, Herod. lib.9, cap. 107-112. prince d'un rare mérite, qui l'avoit toujours servi avec

zèle, et ne lui avoit jamais donné aucun sujet de mécontentement. La vertu de cette dame, sa fidélité et sa tendresse pour son mari l'avoient rendue inébranlable à toutes les sollicitations du roi. Il espéra la pouvoir gagner en la comblant de bienfaits; et entre autres grâces qu'il lui accorda, il fit épouser à Darius son fils aîné, qu'il destinoit pour son successeur, Artaïnte, fille de cette princesse, et dès qu'il fut arrivé à Suse, il voulut que le mariage fût consommé. Mais Xerxès, malgré toutes ces avances, ne la trouvant pas moins inaccessible à ses attaques, changea tout à coup d'objet, et devint passionné à l'excès pour la fille, qui n'imita pas la sage et vertueuse fermeté de sa mère. Pendant toutes ces intrigues, Amestris, femme de Xerxès, lui fit présent d'une riche et magnifique robe qu'elle avoit faite elle-même. Xerxès trouvant cette robe fort à son gré, la prit la première fois qu'il rendit visite à Artaïnte. Dans la conversation, il la pressa de marquer ce qu'elle désiroit de lui, avec promesse et même serment de lui accorder tout ce qu'elle voudroit. Artaïnte lui demanda la robe qu'il portoit. Xerxès, qui prévoyoit les malheurs que ce présent entraîneroit après soi, fit tout ce qu'il put pour en détourner l'effet, offrant toute autre chose en la place; mais ne pouvant la persuader, et se croyant lié par l'engagement imprudent de sa promesse et de son serment, il lui donna sa robe. Cette femme ne l'eut pas plus tôt reçue, qu'elle la porta publiquement par manière de trophée.

Cette action ayant confirmé Amestris dans ses soupçons, elle en fut irritée au dernier point; mais, au lieu de porter sa vengeance sur la fille, qui étoit la seule coupable, elle résolut de la faire tomber sur la mère, à qui elle attribuoit toute cette intrigue, quoiqu'elle en fût entièrement innocente. Elle attendit le temps de la grande fête, qui se célébroit tous les ans le jour de la naissance du roi, et qui n'étoit pas loin, dans laquelle le roi, selon la coutume établie, devoit lui accorder tout ce qu'elle demanderoit. Le jour donc étant venu, elle lui demanda que la femme de Masiste lui fût livrée. Xerxès, qui comprit le dessein 16

TOM. 11. HIST. ANC.

de la reine, et qui en frémit d'horreur, tant par considération pour son frère, qu'à cause de l'innocence de cette dame, contre laquelle il voyoit que sa femme étoit violemment irritée, lui refusa d'abord sa demande, et fit tout ce qu'il put pour l'en détourner; mais n'ayant pu ni la gagner, ni prendre sursoi d'agir avec fermeté, il céda, par une complaisance également foible et cruelle, préférant aux devoirs inviolables de la justice et de l'humanité les droits arbitraires d'une coutume établie uniquement pour donner lieu à la libéralité et à la bonté.

1

Cette dame fut donc saisie par les gardes du roi, et livrée à Amestris, qui lui fit couper les mamelles, la langue, le nez, les oreilles, et les lèvres; les fit jeter aux chiens en sa présence, et la renvoya ainsi mutilée en la maison de son mari. Cependant Xerxès l'avoit mandé, pour le préparer à cette triste nouvelle. Il lui témoigna qu'il désiroit qu'il se séparât de sa femme, et qu'il lui donneroit en sa place une de ses filles en mariage. Masiste, qui avoit un attachement extrême pour sa femme, ne put se résoudre à l'abandonner : ce qui fit que Xerxès lui dit tout en colère que, puisqu'il refusoit sa fille, il n'auroit ni elle ni sa femme, et qu'il apprendroit à ne pas rejeter les offres de son maître : et il le renvoya avec cette inhumaine réponse.

Un tel procédé ayant jeté Masiste dans un grand trouble, et lui faisant tout craindre, il se hâta de retourner chez lui pour voir ce qui s'y passoit. Il y trouva sa femme dans le déplorable état que nous venons de marquer. En étant irrité au point que l'on peut s'imaginer, il assembla toute sa famille, ses domestiques, et tous ceux qui étoient dans sa dépendance, et fit toute la diligence possible pour gagner la Bactriane, dont il étoit gouverneur, résolu, dès qu'il y seroit arrivé, de lever une armée, et de faire la guerre au roi pour se venger de ce traitement barbare. Mais Xerxès, informé de son départ précipité, et soupçonnant par là ce qu'il avoit dessein de faire, le fit suivre par un parti de cavalerie, qui, l'ayant atteint, le mit en piè ces avec ses enfans, et tous ceux qui étoient avec lui, Se

[ocr errors]

trouve-t-il un exemple plus tragique de vengeance que celui que je viens de rapporter ?

On rapporte d'Amestris une autre action non moins Herod. lib.7, cruelle ni moins impie. Elle fit brûler vifs quatorze en- cap.114. fans des meilleures maisons de Perse, en sacrifice aux

dieux infernaux, pour obéir à une coutume superstitieuse usitée chez les Perses.

par

Masiste étant mort, Xerxès donna le gouvernement de Diod. lib.11, la Bactriane à Hystaspe, son second fils, qui se trouvant P, 55. là obligé de vivre loin de la cour, fournit à Artaxerxe, son plus jeune frère, l'occasion de monter à son préjudice sur le trône après la mort de leur père, comme on le verra ci-après.

Ici finit l'histoire d'Hérodote, c'est-à-dire à la bataille de Mycale, et au siége de la ville de Seste par les Athé

niens.

§. XII. Les Athéniens rétablissent les murs de leur ville, malgré l'opposition des Lacédémoniens.

Av. J.C.478. Thucyd. lib. 1, p. 59-62.

Diod. lib.11,

p. 30-31.

cap. 15.

La guerre, appelée vulgairement la guerre de Médie, AN. M. 35,6. qui n'avoit duré que deux ans, ayant été terminée comme on l'a vu, les Athéniens, de retour dans leur patrie, y firent revenir leurs femmes et leurs enfans, qu'ils avoient mis en dépôt ailleurs pendant la guerre, et ils songèrent Justin. lib.2, à rétablir leur ville, qui avoit été presque entièrement détruite par les Perses, et à l'environner de bonnes murailles, pour la mettre hors d'insulte. Les Lacédémoniens, en ayant eu avis, entrèrent en jalousie, et commencèrent à craindre qu'Athènes, déjà trop puissante sur mer, venant à se fortifier de jour en jour, n'entreprît de leur faire la loi, et de leur enlever l'autorité et la prééminence qu'ils avoient toujours eue jusque-là dans la Grèce. Ils députèrent donc vers les Athéniens, pour leur représenter que l'intérêt commun de la Grèce demandoit qu'on ne laissât hors du Péloponèse aucune ville fortifiée, de peur qu'en cas d'une seconde irruption elle ne servît de place d'armes aux Perses, qui ne manqueroient pas de

s'y établir, comme ils avoient fait auparavant à Thèbes, et qui de là infesteroient tout le pays, et s'en rendroient bientôt maîtres. Thémistocle, qui, depuis la bataille de Salamine, avoit un grand crédit à Athènes, pénétra sans peine dans le véritable dessein des Lacédémoniens, caché sous le faux prétexte du bien public: mais comme ils étoient en état, en se joignant aux alliés, d'empêcher par la force l'ouvrage commencé, si on leur donnoit une réponse absolue et négative, il conseilla au sénat d'user de ruse aussi-bien qu'eux. La réponse fut donc qu'on enverroit des députés à Lacédémone pour satisfaire la république sur les craintes et les soupçons qu'elle avoit. Il se fit nommer parmi les députés, et avertit le sénat de ne pas faire partir ses collègues avec lui, ni tous ensemble, afin de gagner du temps, et d'avancer l'ouvrage. La chose fut ainsi exécutée. Il arriva le premier à Lacedémone, mais laissa passer plusieurs jours sans rendre visite aux magistrats, et sans se transporter au sénat. Et sur ce qu'on le pressoit de le faire, et qu'on lui demandoit les raisons d'un si long délai, il répondit qu'il attendoit que tous ses collègues fussent arrivés pour se rendre conjointement avec eux dans le sénat, et témoigna beaucoup de surprise de ce qu'ils étoient si long-temps à venir. Ils arrivoient successivement les uns après les autres. Pendant tout ce temps-là on pressoit extrêmement l'ouvrage à Athènes. Les femmes, les enfans, les étrangers, les esclaves, tous en un mot étoient occupés à ce travail, et l'on ne se donnoit de repos ni jour ni nuit. On ne l'ignoroit pas à Lacédémone, et l'on en fit de grandes plaintes à Thémistocle, qui nia absolument le fait, et pressa les Lacédémoniens d'envoyer à Athènes de nouveaux députés pour s'assurer par eux-mêmes de ce qui en étoit, et de ne point s'arrêter à des bruits vagues et confus qui étoient sans fondement. Il fit donner avis sous main à Athènes d'y retenir les députés jusqu'à leur retour comme autant d'otages, craignant avec sujet qu'on ne l'arrêtat lui et ses collègues à Lacédémone. Pour lors, quand tous ses collègues furent arrivés, il demanda audience, et dé

« PreviousContinue »