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l'efféminé de nos principes la couvre de ridicule,
pendant que l'histoire démontre que les siècles
les plus éclairés, les plus énergiques, les états
les plus formidables, furent aussi les plus fé-
conds en enthousiastes. Il ne s'est presque rien
fait de grand sur la terre que par
leur moyen,
et encore de nos jours les nations les plus mâles
sont celles qui en produisent le plus grand
nombre. Dans la vie ordinaire ils sont l'objet
des plaisanteries des âmes froides et timides;
mais dans les grandes occasions, ils reprennent
leur rang, et c'est par cette espèce de fous
se laisse conduire la foule des sages.

que

Les mêmes rapports subsistent entre les divers peuples. Ce n'est pas de nos climats tempérés que jaillissent les sources de l'opinion; c'est plus près du tropique, où l'imagination est plus ardente, que naissent ces vastes projets, ces grandes idées, qui se répandent en torrens sur le monde moral. Ces Orientaux, dont le style, les images, les vues nous paroissent si exagérées, furent cependant toujours en possession de développer nos connoissances, et de fixer nos principes sur les objets les plus importans. Il est digne d'attention, que les religions les plus répandues, comme la juive, la chrétienne et la mahometane, prirent naissance dans un district aussi rapproché que l'Égypte,

qui sera... La raison se refuse à ces consolations empruntées des souffrances d'autrui; mais le sentiment s'y prête, et l'espoir d'une existence future nous console de la présente.

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A quelqu'extrémité que nous soyons réduits, rappelons-nous qu'il est peu de malheurs assez grands pour qu'ils n'aient leurs consolations; peu de situations assez désespérées pour que courage et l'industrie ne puissent en arracher.

Indépendamment des consolations du premier ordre, les attaques de la fortune sont les triomphes du sage... Avec quel dédain il traite ses caprices, quelle roideur il supporte ses chocs! avec quelle intrépidité il s'élance à travers les obstacles! Frappe, lui dit-il; .. frappe,.. redouble encore.. Je suis au-dessus de tes coups. Tu peux m'ébranler, non m'abattre; tu peux me ployer, non me rompre:.. je me redresserai avec plus de vigueur; et si je ne puis te contraindre à m'être propice, je te forcerai du moins à paroître injuste.

mais, dans l'instant où ils s'en occupent, une fermentation machinale reporte le trouble dans leurs sens, de nouveaux fantômes frappent leur imagination, et le délire bouleverse leurs pensées.

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Je trouve dans une lettre d'un jeune ami ces mots remarquables << Maudit caractère ! » ne parviendrai-je donc jamais à t'asservir » Ne pourrai-je expulser de mon âme ces » mouvemens tumultueux, ces désirs opposés, >> qui s'entrechoquent, se combattent, et ne >>savent ni vaincre, ni être vaincus!.... Force » et foiblesse, ... amour et haine,... excès et >> tempérance,... fureur et tranquille raison,... » vous régnez et succombez tour-à-tour. » L'un tire d'un côté, l'autre de l'autre ; et » moi, misérable écartelé, je ne trouve de >> trêve à mes tourmens que lorsqu'une de »ces puissancés, victorieuse, force toutes les » autres à la soumission et au silence. - Qui » est donc ce monstre infernal, qui, au centre » de mon être, empoisonne toutes mes fa»cultés?... et qui est cet être divin, qui ensuite » me calme, me console et me fait sourire de » mes propres foiblesses? Oh! qui que tu » sois, cède ou domine,

-

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commande ou

» obeis. Mais non, me répond-il, il faut >> combattre la difficulté ajoute au mérite, les

» souffrances forment au bonheur... Souffrons » donc, combattons.... >>

Les passions les plus dangereuses sont pour la jeunesse l'inflexibilité, et l'indolence ; pour l'adolescent l'amour et la vanité; pour l'homme fait l'ambition et la vengeance; pour le vieillard, l'avarice et l'égoïsme. -La plus noble, pour tous les âges, est la COMPASSION : elle seule renferme presque toute la morale, et forme le trait le plus touchant de la perfection humaine.

On observe que la plupart des penchans nuisibles portent leur punition avec eux, et s'éloignent de leur but. Le voluptueux attire les infirmités, et se rend incapable au plaisir. L'ambitieux, pour dominer, se fait esclave. L'avare se rend pauvre, de crainte de le devenir. L'homme vain fait naître le ridicule qu'il redoute, et le colérique s'avilit par orgueil.

Chaque langue a quelques centaines de mots pour désigner les différens degrés des passions, qui se fondent les unes dans les autres par des nuances imperceptibles. Jetons un coupd'œil sur les plus tranchantes : c'est un des premiers guides pour l'étude de soi-même et la connoissance d'autrui.

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plus victorieuses. Car élevez votre imagination au plus haut degré du sublime; tracez l'image la plus adorable d'un être suprême; mettez pour base de tous ses décrets, la justice, la bonté, la clémence, le sacrifice de lui-même ou plus encore si vous le Eh bien ! pouvez. l'on peut répondre, d'après ces prétendus principes, qu'il n'y a aucun mérite à tout cela, aucun titre au respect ou à la reconnoissance; parce que cet être suprême est uniquement. guidé par son intérêt personnel qu'il a place invariablement à être ce qu'il y a de plus grand et de plus parfait dans l'univers. La Rochefoucauld, Passerano, Helvétius et tant d'autres auroient donc considéré comme une imperfection dans l'homme, ce que nous sommes forcés de supposer faire partie de l'essence d'un Dieu même, quelque parfait que nous puissions nous le représenter.

L'amour de soi isole n'est ni vice ni vertu : c'est le but qu'il se propose qui décide sous laquelle de ces deux classes il doit être rangé. Tout homme dont l'amour-propre est dirigé de manière à contribuer au bonheur de la société, est digne d'estime ; comme celui qui tend vers sa destruction, mérite notre mépris, ou plus philosophiquement notre pitié.

Un autre sophisme renouvelé par les

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