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prouver en faveur de l'innocence d'une jeune personne, déposent contr'elle : car il faut être doué de sens bien actifs, et avoir déjà bien profondément réfléchi sur la volupté, pour savoir que ces bagatelles y on rapport. Une timide réserve, une honnête décence, sont sans doute un des premiers ornemens du beau sexe, comme une des premières sauvegardes de leur vertu : mais la nature ne s'exprime pas ainsi, et son langage diffère autant de cette affectation, que la pruderie de la naïveté.

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L'homme le plus digne d'estime a besoin de se recommander par un extérieur déçent, qui en impose au vulgaire de tout état. Tant de gens vous jugent sur votre air, vos gestes, votre parure, qu'il ne faut pas refuser leur considération à si bas prix. Cela prévient en votre faveur avant de vous connoître, et peut devenir une protection réelle. Mais on peut être persuadé de cette vérité, sans pouvoir s'en donner les avantages. -On voit fréquemment des hommes du mérite le plus vrai, être embarrassés dans un cercle brillant; ne savoir où mettre leurs mains, chercher une attitude, ou balbutier une pensée qui refuse d'éclore. Cet embarras provient d'un fond de modestie, ou de l'excès du désir de plaire, sans espoir de réussir. Il y a en outre divers états, comme

les lois, le négoce, le clergé qui sont destructifs des grâces et de la vivacité d'imagination : celui des lettres ne leur est pas plus favorable. Le négligé de la vie sédentaire, l'immobile de l'attitude, le sérieux de la réflexion, la lenteur du raisonnement, donnent à la fois une roideur et un relâchement aux muscles qui leur fait perdre cette activité, qui exprime et suit le rapide du sentiment. La distraction, l'insouciance, le mépris de l'usage, et la haine de la contrainte, s'y joignent, et contribuent à former souvent, chez les hommes qui ont le plus de ressources en eux mêmes, `un 3 extérieur peu avantageux (1). Ils ne devroient point négliger de connoître les petits usages de l'étiquette: cela donne une assurance qu'on remplace difficilement et qui prête aux maladresses même un air de dignité.

Sans doute qu'un homme raisonnable se compromet en s'offensant de quelque négligence de formes; mais il doit superficiellement

(1) La plupart des savans les plus distingués de l'Europe se distinguent aussi par leur mauvaise façon. Un étranger qui va les voir, pense au premier abord : quoi! n'est-ce que cela ? 11 est presque surpris de ne leur trouver que deux yeux, un nez, uņe bouche, et souvent un corps détruit par les veilles, les chagrins et les passions fortes. Peu s'en faut qu'il ne s'étonne de ce qu'ils ne s'expriment que par des mots, et que les plus communes de leurs phrases ne surpassent pas les meilleures sentences de leurs meilleurs écrits.

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s'y asservir lui-mênie, sans y attacher plus de prix qu'elles n'en méritent. Cette foule de puérilités qui révoltent la raison, sont en partie prescrites par elle, en ce qu'elles adoucissent les mœurs du peuple, et maintiennent upe apparence de respect reciproque. Il est sans doute1 ridicule qu'un habit réglé soit plus décent qu'un frac, plus commode ét qui siet mieux. Il l'est encore davantage, que n'étant lé très-humble et le très-obéissant serviteur de personne, on le dit, l'écrit et le signe au bas de la lettre qu'on adresse à un faquin! qu'on connoît à peine; ou, pire encore, qu'on méprise sincèrement. Nos descendans riront! de bon cœur de nos arlequinades en atten-> dant, il ne vaut pas la peine de disputer sur! un son ou une grimace. Le cérémonial estį un trafic d'air dont l'achat coûte peu, et' la vente rapporte beaucoup. A "pandl ii: onit noieulis our 16inesolforge noden «

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à tout et à rien exclusivement, a moins une signification propre que relative, elle varie suivant ce qui précède ou ce qui suit: quelquefois on étend sa vaste domination à tout ce qui est du ressort du sentiment et de la. Pansée plus souvent on restreint son empire! à, la seule élégance du style, ou au scintillant du jeu de mots. Cette dernière acception est la plus commune dans le monde poli, où l'esprit est principalement l'art de dire: de, jolies choses. J'homme du siècle qui en avoit; le plus et quien, abusa davantage'), entraçe, l'image suivante: «C'est tantôt une compa >> raison nouvelle, tantôt une allusion fine: ici, » l'abus d'un mot qu'on présente dans un sens, » et qu'on laisse deviner dans l'autre : là, un >> rapport délicat entre deux idées peu com>> munes. C'est une métaphore singulière. C'est >> une recherche de ce qu'un objet ne présente >> pas d'abord; mais qui est en effet dans lui. >> C'est l'art ou de réunir deux choses éloignées, » ou de diviser deux choses qui paroissent se

»joindre, ou de les opposer l'une à l'autre, C'est celui de ne dire qu'à moitié sa pensée » pour la laisser deviner

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L'esprit n'est le plus souvent que l'abús de la raison: il se jette tout d'un côté, abandonne les autres, et le contrastant de l'image, joint à l'écart de dignité, produit le ridicule, Il en est de ses plaisirs comme de ceux des sens. On goûte d'abord le vrai, le simple avec délices; peu-à-peu ils perdent le prix de la nouveauté, la sensation s'émousse, on raffine pour se ranimer; on veut du singulier,endų piquant, on se blase de plus en plus, et tombe enfin dans les goûts les plus bizarres, ou même les plus monstrueux, ♫

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Notre ton de société le plus en vogué n'est peut-être pas aussi éloigné qu'on le pense de cette dépravation morale du moins semblet-il que notre bel esprit n'est pas le bon : il est aussi éloigné de l'honnête que du vrai il dénature tout, n'aspire qu'à l'éclat et il n'est rien de respectable qu'il ne parvienne à placer sous un jour ridicules Toutes les nations avouent indirectement que ce son léger, fleuris pointilleux n'est qu'un son subalterne.ioCe que nous, ayons dit du rire lui convient également, en ce que leurs meilleurs, auteurs, sa crés ott profanesɔ, korsqu'ils amènent un génie

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