dictionnaire, d'une grammaire, et de rédiger la Critique du Cid. Il fut question de lui pour être le précepteur de Louis XIV. C'est à lui que plus tard Colbert confia le soin d'établir la liste des écrivains et des savants français et étrangers que le roi devait honorer d'une pension. Comme Chapelain était honnête homme, il dressa honnêtement cette liste; mais, comme il était avare, il eut le tort de ne pas laisser au roi lui-même le soin de faire de lui le mieux renté de tous les beaux-esprits : « Au sieur Chapelain, le plus grand poète français qui ait jamais été, et du plus solide jugement, 3000 livres. » Littérairement parlant, Chapelain eut du moins une grande habileté celle d'avoir fait attendre vingt ans la publication de la Pucelle, son poème héroïque : on vantait partout le chef-d'œuvre à venir; il parut: ce fut un désastre; on n'en put imprimer que six chants sur douze, et de la Pucelle il ne subsiste que le souvenir, conservé par les épigrammes de Boileau (Voir à la fin du volume nos extraits de Boileau). CHARLES VII PART POUR REIMS AVEC SON ARMÉE >> « J'en accepte l'augure: allons, chère patrie 1. Leurs pas, plus sourdement, font retentir la terre: (La Pucelle d'Orléans, IV.) DIEU Loin des murs flamboyants qui renferment le monde, Dieu repose en lui-même, et, vêtu de splendeur, 1. C'est le roi qui parle. 2. La grammaire n'avait pas encore décidé que le participe présent devait rester invariable. Une triple personne en une seule essence, 1. Les martyrs. (la Pucelle d'Orléans, I.) 2. Voltaire, dans sa Henriade (X) s'est souvenu de ce tableau de Chapelain Au milieu des clartés d'un feu pur et durable La puissance, l'amour, avec l'intelligence, Ses saints, dans les douceurs d'une éternelle paix, DES BARREAUX (1599-1673) Jacques Vallée, seigneur des Barreaux, né à Châteauneuf-surLoire, fut conseiller au Parlement de Paris. Ami de Théophile et de Chapelle, il écrivit beaucoup de poésies légères, qui ne nous sont pas parvenues; c'est dans une grave maladie qu'il aurait composé le sonnet fameux que nous donnons, et que Voltaire attribue sans preuves bien sérieuses à l'abbé de Lavau. SONNET Grand Dieu, tes jugements sont remplis d'équité; Oui, Seigneur, la grandeur de mon impiété Et ta clémence même attend que je périsse. Contente ton désir puisqu'il t'est glorieux; J'adore, en périssant, la raison qui t'aigrit, LEMOYNE Pierre Lemoyne entra à dix-huit ans dans la compagnie de Jésus. Pascal, dans ses Provinciales, s'est égayé aux dépens de son ouvrage de la Dévotion aisée, et l'on trouve souvent dans les rhétoriques des vers du P. Lemoyne cités comme exemples de mauvais goût. Cependant, quelques passages de son Saint Louis, ou la Sainte Couronne reconquise sur les infidèles (1653), ont permis à Boileau de dire que, s'il était trop fou pour qu'on en dit du bien, il s'était trop élevé pour qu'on en dit du mal. LES TOMBEAUX DES ROIS D'ÉGYPTE Sous les pieds de ces monts taillés et suspendus, Des déserts spacieux, des solitudes sombres, Y sont sans mouvement, sans lumière et sans bruit. GODEAU Antoine Gudeau, né à Dreux, fut appelé à Paris et introduit à l'Hôtel de Rambouillet par Conrart, son parent. Sa petite taille (voir nos extraits de St-Evremond) le fit surnommer le Nain de la princesse Julie (Julie d'Angennes), et ses vers furent très goûtés des beaux esprits. I fit partie de l'Académie dès sa fondation, et à la lecture de son Benedicite (Cantique des trois enfants), Richelieu lui dit : « Vous me donnez Benedicite, et moi, je vous donnerai Grasse (Graces). » C'était le plus pauvre évêché de France; il fut bientôt échangé contre celui de Vence. Godeau a écrit des Vies et des Panegyriques de saints en prose et en vers, une Histoire de l'Église jusqu'à la fin du Ve siècle, des Eloges historiques des empereurs, la Morale chrétienne, et de nombreuses Poésies. PARAPHRASE DU CANTIQUE DES TROIS ENFANTS Nabuchodonosor ayant fait jeter trois jeunes hommes hébreux dans la fournaise parce qu'ils n'avaient pas voulu adorer sa statue, l'ange descendit du ciel, qui les préserva de la violence des flammes, au milieu desquelles ils chantèrent ce cantique, en Daniel, ch. III: Espoir de toute âme affligée, Que ton nom soit toujours béni, Que dans le séjour où ces Anges, Et d'où jusqu'aux enfers tu lances tes rayons. Rares et superbes ouvrages, 1. Voir Racine (Esther, I, v): O Dieu, que la gloire couronne, |