BÉRÉNICE fe levant.
Arrêtez. Arrêtez, Princes trop généreux. En quelle extrémité me jettez-vous tous deux ! Soit que je vous regarde, ou que je l'envisage, Par-tout du défefpoir je rencontre l'image: Je ne vois que des pleurs, & je n'entends parler Que de trouble, d'horreurs, de fang prêt à couler. A Titus.).
Mon cœur vous eft connu, Seigneur, & je puis dire Qu'on ne l'a jamais vu foupirer pour l'Empire. La grandeur des Romains, la pourpre des Césars, N'a point, vous le favez, attiré mes regards. J'aimois, Seigneur, j'aimois; je voulois être aimée. Ce jour, je l'avouerai, je me fuis allarmée. J'ai cru que votre amour alloit finir fon cours. Je connois mon erreur, & vous m'aimez toujours. Votre cœur s'eft troublé, j'ai vu couler vos larmes. Bérénice, Seigneur, ne vaut pas tant d'allarmes ;
que par votre amour l'Univers malheureux, Dans le tems que Titus attire tous fes vœux, Et que de vos vertus il goûte les prémices, Se voie en un moment enlever fes délices. Je crois, depuis cinq ans jufqu'à ce dernier jour, Vous avoir affuré d'un véritable amour.
Ce n'est pas tout, je veux, en ce moment funefte, Par un dernier effort couronner tout le refte. Je vivrai, je fuivrai vos ordres abfolus.
Adieu, Seigneur, régnez ; je ne vous verrai plus.
Prince, après cet adieu, vous jugeż bien vous-même, Que je ne confens pas de quitter ce que j'aime, Pour aller, loin de Rome, écouter d'autres vœux. Vivez, & faites-vous un effort généreux, 90 mb 1201 Sur Titus & fur moi réglez votre conduite.
Je l'aime, je le fuis. Titus m'aime, il me quitte. bef Portez loin de mes yeux, vos foupirs & vos fers: Adieu. Servons tous trois d'exemple à l'Univers, De l'amour la plus tendre & la plus malheureuse Dont il puiffe garder l'hiftoire douloureufe. Tout eft prêt. On m'attend. Ne fuivez point mes pas. (A Titus.)
Pour la dernière fois, adieu, Seigneur.
Sc. II. v. 297. Au lieu de s'offenfer,
a repris pour vous
Hé bien, il a repris.
V. 49. Que craignez-vous Au nom des Dieux!
v. 78. de, d'y.
Sc. V. v. 15. Il verra,
v. 28. Ciel! Dieux!
Les vers 37. & 38. étoient ainsi :
Je prétends quelque part à des fouhaits fi doux, Phénice, allons nous joindre aux voeux qu'on fait pour
Sc. II. v.. 33. Soit caprice, ou caprice.
v. 101. malgré, avec.
v. 177. On vit de toutes parts mes bontés fe, Ma main avec plaifir apprit à le.
Après la Scène VIII. il y avoit celle qui fuit, qui a été fupprimée, & qui étoit la dernière de cet Acte.
ARSACE, que dis-tu de toute ma conduite?
Rien ne pouvoit tantôt s'oppofer à ma fuite. Bérénice & Titus offenfoient mes regards. Je partois pour jamais. Voilà comme je pars. Je rentre, & dans les pleurs je retrouve la Reine. J'oublie en même tems ma vengeance & sa haine. Je m'attendris aux pleurs qu'un rival fait couler; Moi-même, à fon fecours, je le viens appeller: Et, fi fa diligence eût fecondé mon zèle, J'allois, victorieux, le conduire auprès d'elle. Malheureux que je fuis! Avec quelle chaleur Je travaille fans cesse à mon propre malheur ! C'en eft trop. De Titus porte-lui les promeffes, Arface. Je rougis de toutes mes foiblesses. Défefpéré, confus, à moi-même odieux, Laiffe-moi ; je me veux cacher même à tes yeux. Fin des Variantes de Bérénice.
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