A défendre du joug & nous & nos Etats,
Qu'à contraindre des cœurs qui ne fe donnent pas.
Il fait vos fentimens. Me trompois-je, Madame?
Voilà cet intérêt fi puiffant fur votre ame.
Ce père, ces Romains que vous me reprochez.
J'ignore de fon cœur les fentimens cachés;
Mais je m'y foumettrois fans vouloir rien prétendre,
Sí, comme vous, Seigneur, je croyois les entendre.
Vous feriez bien; & moi, je fais ce que je doi.
Votre exemple n'eft pas une règle pour moi.
Toutefois, en ces lieux je ne connois perfonne,
Qui ne doive imiter l'exemple que je donne.
Vous pourriez à Colchos vous expliquer ainfi.
Je le puis à Colchos, & je le puis ici.
PHARNA CÉ.
Ici, vous y pourriez rencontrer, votre perte...
RINCES, toute la mer eft de vaiffeaux couverte ; Et bientôt démentant le faux bruit de fa mort, Mithridate lui-même arrive dans le port.
PHARNA CE.
Ah, que viens-je d'entendre?
PHED IM E.
Quelques vaiffeaux légers font venus nous l'apprendre,
C'est lui-même; & déja, preffé de fon devoir,
Arbate, loin du bord, l'eft allé recevoir.
XIPHARÈS à Monime.
MONI ME à Xipharès.
Adieu, Prince, Quelle nouvelle !
PHARNA CE à part.
ITHRIDATE revient! Ah, fortune cruelle!
Ma vie & mon amour tous deux courent hafard.
Les Romains, que j'attends, arriveront trop tard.
(A Xipharès.)
Comment faire? J'entends que votre cœur foupire,
Et j'ai conçu l'adieu qu'elle vient de vous dire,
Prince. Mais ce difcours demande un autre tems.
Nous avons aujourd'hui des foins plus importans.
Mithridate revient peut-être inexorable.
Plus il eft malheureux, plus il eft redoutable.
Le péril eft preffant plus que vous ne pensez.
Nous fommes criminels, & vous le connoiffez.
Rarement l'amitié défarme fa colère.
Ses propres fils n'ont point de Juge plus févère;
Et nous l'avons vu même, à fes cruels foupçons,
Sacrifier deux fils pour de moindres raisons.
Craignons pour vous, pour moi, pour la Reine elle-même;
Je la plains d'autant plus, que Mithridate l'aime.
Amant avec tranfport, mais jaloux fans retour,
Sa haine va toujours plus loin que fon amour.
Ne vous affurez point fur l'amour qu'il vous porte.
Sa jaloufe fureur n'en fera que plus forte.
Songez-y. Vous avez la faveur des foldats,
Et j'aurai des fecours que je n'explique pas.
M'en croirez-vous? Courons affurer notre grace.
Rendons-nous, vous & moi, maîtres de cette Place;
Et faifons qu'à fes fils il ne puiffe dicter
Que les conditions qu'ils voudront accepter.
Je fais quel eft mon crime, & je connois mon père;
Et j'ai par-deffus vous le crime de ma mère.
Mais quelque amour encor qui me pût éblouir,
Quand mon père paroît je ne fais qu'obéir.
Soyons-nous donc, au moins, fidèles l'un à l'autre.
Vous favez mon fecret, j'ai pénétré le vôtre.
Le Roi, toujours fertile en dangereux détours,
S'armera contre nous de nos moindres difcours.
Vous favez fa coutume, & fous quelles tendresses
Sa haine fait cacher fes trompeufes adreffes.
Allons. Puifqu'il le faut, je marche fur vos pas:
Mais, en obéiffant, ne nous trahiffons pas.
UOI, vous êtes ici quand Mithridate arrive!
Quand, pour le recevoir, chacun court fur la rive!
Que faites-vous, Madame ? & quel ressouvenir
Tout-à-coup vous arrête, & vous fait revenir?
N'offenferez-vous point un Roi qui vous adore,
Qui, prefque votre époux?...
Phædime; &, jafques-là, je crois que mon devoir
Eft de l'attendre ici, fans l'aller recevoir.
Mais ce n'est point, Madame, un amant ordinaire.
Songez qu'à ce grand Roi promife par un père,
Vous avez de fes feux un gage folemnel,
Qu'il peut, quand il voudra, confirmer à l'Autel.
Croyez-moi, montrez-vous, venez à sa rencontre.
Regarde en quel état tu veux que je me montre.
Vois ce vifage en pleurs ; &, loin de le chercher,
Dis-moi plutôt, dis-moi que je m'aille cacher.
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