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CHEZ LEFEVRE, LIBRAIRE,

RUE DE L'ÉPERON, No 6.

M DCCC XXV.

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la poésie, et parvint à contenter l'oreille, ce juge délicat et sévère. Il inventa l'art d'écrire avec pureté et bienséance, montra que l'éloquence prend sa source dans le choix des pensées et des paroles, et prouva que souvent l'heureux arrangement des choses et des mots est préférable aux choses et aux mots eux-mêmes. J'avoue que Philippe Desportes laisse apercevoir quelques unes des intentions et, pour ainsi dire, quelques uns des traits du dessin de Malherbe ; que son style vieilli est soumis à un rhythme moderne, et renferme un agrément et une délicatesse qui ne peuvent appartenir qu'à notre siècle ou à celui qui l'a précédé; mais ses beautés, en petit nombre, étouffées d'ailleurs par la multitude de ses défauts, ne doivent être regardées que comme l'effet du hasard; et l'art n'existe pas où règne l'arbitraire. Malherbe, au contraire, toujours égal, n'a pu s'élever si haut sans s'être imposé des règles certaines. Doué d'un

goût pur et délicat, difficile pour lui-même, un peu trop sévère peut-être pour les autres, il réforma et dirigea l'esprit de ses contemporains avec tant de bonheur, qu'on peut le regarder comme le maître de cette foule d'auteurs distingués qui font aujourd'hui la gloire de la France. A considérer la beauté de ses ouvrages, et non leur étendue, personne n'a rendu plus de services que lui aux lettres françoises; et tandis que les grands écrivains de l'antiquité n'ont brillé que dans un genre, puisque Virgile est abandonné de son heureux génie lorsqu'il écrit en prose, et Cicéron de son éloquence lorsqu'il fait des vers, Malherbe a obtenu le double titre d'excellent poëte, et d'habile prosateur."

Ce jugement, prononcé par Balzac', adopté par ses contemporains, confirmé par Boileau, respecté par la postérité, nous dispense de tout autre éloge. Il ne nous reste qu'à rendre compte du matériel de l'édition que nous offrons aujourd'hui au public.

Elle ne contient pas toutes les OEuvres de Malherbe, et cependant elle est plus compléte qu'aucune de celles qui ont paru jusqu'à ce jour.

La première, publiée en 1630, deux ans après

Nous l'avons extrait et traduit d'une de ses lettres latines à Silhon. Tome II, p. 65, col. 1', in-folio (Paris, 1665).

sa mort, par son cousin François d'Arbaud, sieur de Porchères, à qui il avoit confié ses manuscrits', renferme la traduction du Traité des Bienfaits de Sénéque, celle du XXXIII livre de Tite-Live, les lettres diverses 3, et les poésies.

L'année suivante vit paroître la seconde édition dans le même format que la première 4.

Ménage fit imprimer les œuvres de Malherbe en 1666 et en 1689, avec un commentaire fort étendu sur les poésies. Ce commentaire, surchargé quelquefois d'érudition, nous a fourni un très grand nombre de notes propres à faire ressortir les beautés du texte, ou nécessaires à son intelligence; il fut réimprimé en 1723 par les frères

Le préambule du privilège renferme quelques détails que nous croyons devoir conserver. Il est ainsi conçu : « Notre bienaimé François d'Arbaud, écuyer, sieur de Porchères, nous a très humblement remontré que le feu sieur de Malherbe, gentilhomme ordinaire de notre chambre, son cousin, lui auroit, peu auparavant son décès, recommandé et mis entre les mains toutes les œuvres par lui faites, composées, corrigées, et augmentées, tant en prose qu'en poésie, pour les faire imprimer toutes en un volume, sans être mêlées ni accommodées avec aucunes autres œuvres, comme auroient fait ci-devant quelques imprimeurs et libraires, qui auroient imprimé ou fait imprimer quelques pièces séparément, sous privilège particulier. »

3

Malherbe a encore traduit ses épîtres; et cette traduction a été publiée à Paris chez Antoine de Sommaville, 1658, petit in-12.

3 Elles y sont divisées en trois livres.

4 In-4°.

a.

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