ANCIENNE DES EGYPTIENS, DES ASSYRIENS, DES GRECS. Par M. ROLLIN, ancien Recteur de l'Univer- M DCC. LXIV. Avec Approbation & Privilège du Roi, iij AVERTISSEMENT L de l'Auteur. I En 1732. Quand je ne serois pas porté par moi-même à profiter des avis qu'on me donne, il me semble que l'indulgence, je pourrois presque dire la complaifance, que le Public témoigne pour mon Ouvrage, devroit m'engager à faire tous mes efforts pour le rendre le moins défectueux qu'il me feroit poffible. Il est bien aifé de prendre fon parti, lorsque la critique tombe fur des fautes marquées & sensibles: il ne s'agit alors que de reconnoîtte qu'on s'est trompé, & de corriger ses fautes. Mais il est une autre forte de critique qui embarraffe & laisse dans l'incertitude, parce qu'elle ne porte pas avec elle une pareille évidence: & c'est le cas où je me trouve. J'en apporterai un exemple entre plusieurs autres. Quelques perfonnes croyent que dans mon Histoire, les réflexions font trop longues & trop fréquentes. Je sens bien que cette critique n'est point fans fondement, & qu'en cela je me fuis un peu écarté de la régle que les Hiftoriens ont coûtume de fuivre, qui est de laiffer pour l'ordinaire au Lecteur le foin, & en même tems le plaifir de faire lui-même ses réfléxions fur les faits qu'on lui présente; au lieu qu'en les lui suggérant, il paroît qu'on se défie de ses lumiéres, & de la pénétration. Ce qui m'a déterminé à en ufer ainsi, c'est que mon premier & principal dessein, quand j'ai entrepris cet Ouvrage, a été de travailler pour les jeunes gens, & de ne rien négliger de ce qui me paroîtroit propre à leur former l'esprit & le cœur. Or c'est l'effet que produisent naturellement les réflexions; & l'on sçait que la Jeunesse en est moins capable par elle-même qu'un âge plus avancé, & que pour lui faire tirer de l'étude de l'Histoire tout le fruit qu'on a lieu d'en attendre, it n'est pas inutile, quand les faits font finguliers & remarquables, de lui mettre devant les yeux le jugement qu'en ont porté les Auteurs de l'antiquité les plus sensés & les plus sages, afin de lui apprendre à faire par elle-même dans la suite de pareilles réfléxions, & à juger sainement de tout. L'usage que que j'ai vû faire de mon Histoire à des enfans de neuf à dix ans de l'un & de l'autre sexe qui la lisent avec plaisir, & le compte exact que je leur ai entendu rendre, non-seulement des plus beaux événemens, mais de ce qu'il y a de plus folide dans les réfléxions, |