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les Romains, eft le fiége de Veies, la prife de Rome par les Gaulois, les victoires de M. Furius Camillus, ce qui s'étend à peu près depuis l'année de la fondation de Rome 350. jufqu'à 380.

CHAPITRE PREMIER.

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E Chapitre, qui eft la fuite du Livre DARIUS précédent, renferme l'hiftoire des huit NOTHUS. dernieres années de la guerre du Péloponnéfe, pendant autant d'années de Darius Nothus, Roi de Perfe.

§. I.

Suite de la défaite des Athéniens en Sicile. Révolte des alliés. Alcibiade devient puiffant auprès de Tiffapherne.

XIX. & XX. années de la guerre.

8. pag. 553.

LA défaite des Athéniens devant Syra- A.M.3591. cufe caufa de grands mouvemens dans Av.J.C.413. toute la Gréce. Les peuples qui n'avoient Thucyd.lib. point encore pris parti, & qui attendoient que l'événement les déterminât, réfolu, rent de fe déclarer contre eux. Les alliés des Lacédémoniens crurent que le tems étoit venu de fe délivrer pour toujours des dépenfes d'une guerre qui leur étoit fort à charge, en achevant promptement la ruïne d'Athénes. Ceux des Athéniens, qui ne les fuivoient que par contrainte, n'envifageant dans l'avenir aucune reffource pour cette République après le terrible échec

DARIUS qu'elle venoit de recevoir, crurent devoir profiter d'une conjoncture fi favorable pour fecouer le joug de la dépendance, & fe mettre en liberté. Ces difpofitions infpiroient aux Lacédémoniens de grandes vûës, qui étoient encore foutenues par l'efpérance dont ils fe flattoient que leurs alliés ́ de Sicile arriveroient au printems avec une armée navale, augmentée des débris de celle d'Athénes.

12. pag. 553.

558

En effet, les peuples de l'Eubée, ceux de Chio & de Lefbos, & plufieurs autres firent fçavoir aux Lacédémoniens qu'ils étoient prêts à quitter le parti d'Athénes, s'ils vouloient les prendre fous leur protection. Il arriva en même tems des députés de la part de Tiffapherne & de Pharnabaze. Le premier étoit Gouverneur de la Lydie & de l'Ionie, l'autre de l'Hellefpont. Ces deux Vicerois de Darius ne manquoient ni d'application ni de zéle pour les intérêts de leur maître commun. Tiffapherne, promettant aux Lacédémoniens de fournir à leurs troupes toute la dépense néceffaire les preffoit d'armer au plûtôt, & de fe joindre à lui, parce que la flotte des Athéniens l'empêchoit de lever dans fon département les contributions ordinaires, & il s'étoit vû hors d'état d'envoyer au Roi celles des années précédentes. D'ailleurs il efpéroit avec ce puiffant fecours fe rendre maître plus aifément d'un Seigneur qui s'étoit révolté vers la Carie, & qu'il avoit ordre du Roi d'amener vif ou mort: c'é

toit Amorgès, bâtard de Piffuthne. Phar-NoTHUS nabaze, en même tems, demandoit des vaiffeaux, afin de détacher les villes de l'Hellefpont de l'obéiffance des Athéniens, qui l'empêchoient auffi de lever les tributs de fa Province.

millions..

On crut, à Lacédémone, devoir commencer par fatisfaire Tiffapherne, & le crédit d'Alcibiade contribua beaucoup à faire prendre cette réfolution. Il partit avec Calcidée pour Chio, qui fe fouleva à leur arrivée, & fe déclara pour les Lacédémoniens. Sur la nouvelle de cette révolte, il fut réfolu à Athénes qu'on tireroit du tréfor les mille talens qui y étoient en réserve Trois depuis le commencement de la guerre, après avoir caffé l'arrêt qui le défendoit. Milet fe révolta auffi peu de tems après. Tiffapherne, ayant joint fes troupes à celles de Lacédémone, attaqua & prit la ville d'lafe, où s'étoit renfermé Amorgès, qui fut pris vif & envoyé en Perfe. Ce Satrape Thucyd.lib. donna un mois de paye à toute l'armée fur le pied d'une dragine, c'est-à-dire, de dix fols à chaque Soldat par jour, marquant qu'il avoit ordre de n'en donner à l'avenir que la moitié.

8. pag. 568.

8. pag. 561.

Ce fut alors que Calcidée, au nom de Thucyd.lib. Lacédémone, fit un traité avec Tiffapher-571 $72. ne, dont un des principaux articles étoit, $76. que tout le pays qui avoit appartenu au Roi ou à fes prédéceffeurs, lui demeureroit. Il fut renouvellé quelque tems après par Théraméne, autre Général des Lacédémoniens,

DARIUS avec quelques légers changemens. Mais quand on vint à examiner ce traité à Lacédémone, on trouva que l'on avoit trop accordé au Roi de Perfe, en lui cédant tous les lieux qui avoient été tenus par fes ancêtres, ce qui étoit le rendre maître de la plus grande partie de la Gréce, de la Theffalie, de la Locride, de tout le pays jufqu'à la Béotie, fans parler des ifles; & qu'il fe trouveroit par-là que les Lacédémoniens, au lieu de mettre la Gréce en liberté, l'auroient affervie. Il fallut donc y faire encore des changemens. Tiffapherne, & les autres Satrapes, eurent bien de la peine à y confentir. On fit un nouveau traité comme je le marquerai dans la fuite.

Thucyd.lib.

$79.

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Cependant plufieurs villes d'Ionie fe dé8. pag. 577 clarerent pour Lacédémone, & Alcibiade cib. p. 204. y contribuoit beaucoup. Agis, qui étoit Diod. pag. déja fon ennemi à caufe de l'injure qu'il en

Plut. in Al

164.165.

avoit reçûë, ne pouvoit fouffrir la gloire qu il acquéroit. Car rien ne fe faifoit que par l'avis d'Alcibiade, & on difoit communé ment que c'étoit lui qui faifoit réuffir tout ce qu'on entreprenoit. Les plus puiffans & les plus ambitieux des Spartiates, animés des mêmes fentimens de jaloufie, le regardoient de mauvais oil; & enfin ils firent. tant par leurs menées, qu'ils obligerent les principaux Magiftrats d'écrire en Ionie qu'on le fit mourir. Alcibiade, fecrettement informé de cet ordre, ne laiffa pas de rendre encore de bons fervices aux Lacé

démoniens; mais il fe tint fi bien fur fes NOTHUS gardes, qu'il évita tous les piéges qu'on'

lui tendoit.

Av.J.C.411.

Pour plus grande sûreté, il fe jetta en- AN M-3593. tre les bras de Tiffapherne, Satrape du' grand Roi à Sardes; & il ne fut pas longtems fans fe voir au premier dégré de crédit & d'autorité à la Cour de ce barbare. Car ce Perfan, plein de fraude & de rufe, grand ami des fourbes & des méchans, & qui ne faifoit nul cas de la fimplicité & de la fincérité, ne fe laffoit point d'admirer la foupleffe d'Alcibiade, la facilité avec laquelle il prenoit toute forte de moeurs & de caractères, & fa grande habileté dans le manîment des affaires. Auffi n'y avoitil point de cœur fi dur, ni de naturel fi fauvage, qui pût tenir contre les graces & les charmes de fa converfation & de fon commerce. Ceux même qui le craignoient le plus, & qui lui portoient le plus d'envie, enchantés en quelque forte par fon air affable & fes manieres prévénantes, ne pouvoient diffimuler le plaifir infini qu'ils fentoient à le voir & à le fréquenter.

Tiffapherne donc, quoique d'ailleurs très-féroce, & celui de tous les Perfes qui haïffoit le plus les Grecs, fut tellement féduit par les complaifances & par les flâteries d'Alcibiade, qu'il fe livra entiérement à lui, ne cherchant qu'à lui plaire, & le flâtant encore plus qu'il n'en étoit flâté : jufques-là qu'il donna le nom d'Alcibiade à celui de fes jardins qui étoit le plus beau

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