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ARTA- gez-vous, Socrate? Vous dérober ainfi à la Juftice, eft-ce autre chose que ruiner entiérement les Loix & la République? Croyez-vous qu'une ville fubfifte après ,, que la Juftice non-feulement n'y a plus de force, mais qu'elle a été même cor,, rompuë, renverfée, & foulée aux pieds », par des particuliers ? Mais, dira-t'on, la République nous a fait injustice, & n'a ,, pas bien jugé. Avez-vous oublié, me répliqueroient les Loix, que vous êtes con» venu avec nous de vous foumettre au ju"gement de la République ? Vous pou"viez, fi notre police & nos réglemens ,, ne vous accommodoient pas, vous retirer ailleurs, & vous y établir. Mais » un féjour de foixante & dix ans dans no» tre ville marque affez que fes réglemens », ne vous ont point déplu, & que vous les avez acceptés en connoiffance de caufe & avec liberté. En effet vous leur ,, devez tout ce que vous êtes, & tout ce » que vous poffédez, naiffance, nourriture, éducation, établffement; car tout cela eft fous la fauve-garde & sous la protection de la République. Vous croyez-vous maître de rompre l'engagement que vous », avez pris avec elle, & que vous avez >> fcellé par plus d'un ferment? Quand elle fongeroit à vous perdre, pouvez-vous lui ,, rendre mal pour mal, injure pour injure? ,, Etes-vous en droit d'en user ainfi à l'égard ,, de pere & de mere? & ignorez-vous que », la patrie eft plus confidérable, plus di

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gne de refpect & de vénération devant MNEMON Dieu & devant les hommes, que ni pere, ,, ni mere, ni tous les parens enfemble. Qu'il faut honorer fa patrie, lui céder , dans fes emportemens, la ménager avec douceur dans le tems de fa plus grande colére ? En un mot, qu'il faut ou la ra» mener par de fages confeils & de refpectueufes remontrances, ou obéir à fes commandemens, & fouffrir fans mur,, murer tout ce qu'elle vous ordonnera ? Pour ce qui eft de vos enfans, Socrate, ,, vos amis leur rendront tous les fervices ,, dont ils feront capables; & en tout cas ,, la providence ne leur manquera pas. ,, Rendez-vous donc à nos raifons, & fui,, vez les confeils de celles qui vous ont fait

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naître, nourri, élevé. Ne faites point ,, tant d'état de vos enfans, de votre vie, », ni de quelque chofe que ce puiffe être, ,, que de la Juftice; afin que quand vous ferez arrivé devant le tribunal de Plu»ton, vous ayez de quoi vous défendre ,, devant vos Juges. Autrement, nous fe,, rons toujours vos ennemis tant que vous vivrez, fans vous donner jamais ni relâche, ni repos : & quand vous ferez ,, mort, nos Sœurs,les Loix qui font dans les enfers, ne vous feront pas plus favo,,rables, fachant que vous aurez fait tous », vos efforts pour nous perdre.

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Socrate dit à Criton qu'il lui fembloit entendre réellement tout ce qu'il venoit de lui dire, & que le fon de ces paroles retenTome IV.

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ARTA-tilloit fi fortement & fi continuellement à XERXE fes oreilles, qu'il étouffoit en lui toute autre pensée & toute autre voix. Criton, convenant de bonne foi qu'il n'avoit rien à répliquer, demeura en repos, & y laiffa fon ami.

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Fhadon. P.

Enfin le funefte vaiffeau revint à Athé59. c. nes : c'étoit comme le signal de la mort de Socrate. Le lendemain fes amis, à l'exception de Platon qui étoit malade, fe rendirent à la prison dès le matin. Le géolier les pria d'attendre un peu, parce que les Onze Magiftrats (c'étoient ceux qui avoient l'intendance des prisons) annonçoient au prifonnier qu'il devoit mourir ce jour-là. Ils entrerent un moment après, & trouverent Socrate qu'on venoit de délier, & Xanthippe fa femme affise auprès de lui, & tenant un de fes enfans entre fes bras. Dès qu'elle les apperçut, jettant des cris & des fanglots, & fe meurtriffant le vifage, elle fit retentir la prifon de fes plaintes: O mon cher Socrate, vos amis vous voyent aujourdhui pour la derniére fois. Il donna ordre qu'on la fît retirer; & dans le moment même on l'emmena chez elle.

Socrate paffa le refte de la journée avec fes amis, & s'entretint tranquillement & gayement avec eux felon fa coûtume ordinaire. Le fujet de la converfation fut des

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plus intéreffans, & des plus convenables MNÉMON au moment où il fe trouvoit ; je veux dire, l'immortalité de l'ame. Ce qui donna lieu à cet entretien, c'eft une propofition avancée en quelque forte au hazard véritable Philofophe doit fouhaiter de mourir, & travailler à mourir. Cela, pris trop à la lettre, menoit à croire qu'un Philofophe pouvoit fe tuer lui-même. Socrate fait voir qu'il n'y a rien de plus injuste que ce fentiment, & que l'homme appartenant à Dieu qui l'a formé, & ayant été placé par fa main dans le pofte qu'il occupe, il ne doit point le quitter fans fa permiffion, ni fortir de la vie fans fon ordre. Qu'eft-ce donc qui peut donner à un Philofophe cet amour pour la mort ? Ce ne peut être que l'efpérance des biens qu'il attend dans l'autre vie, & cette espérance ne peut être fondée que fur l'opinion de l'immortalité de l'ame.

Socrate employe le dernier jour de fa vie à entretenir fes amis fur ce grand & important fujet, & c'eft ce qui fait la matiére de l'admirable Dialogue de Platon qui a pour titre, Le Phédon. Il développe à fes amis toutes les raifons qu'on a de croire que l'ame eft immortelle, & il réfute toutes les objections qu'on lui fait qui font à peu près les mêmes qu'on fait aujourdhui. Ce traité eft trop long, pour que j'entreprenne d'en faire l'extrait. Avant que de répondre à quelques-unes Plat. p. 90% de ces objections, il déplore un malheur

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ARTA-allez commun aux hommes, qui à force XERXEd'entendre difputer des ignorans qui contredifent tout & doutent de tout fe perfuadent qu'il n'y a rien de certain." N'eft», ce pas un malheur très - déplorable ,, mon cher Phédon, qu'y ayant des raifons ,, qui font vrayes, certaines certaines, & très-capables d'être comprises, il fe trouve » pourtant des gens qui n'en foient point ,, dù tout frappés, pour avoir entendu de ,, ces difputes frivoles où tout paroît tantôt vrai & tantôt faux ? Ces hommes ,, injuftes & déraisonnables, au lieu de s'accufer eux-mêmes de ces doutes, ou d'en accufer leur manque de lumiére, ,, en rejettent la faute fur les raifons mê», mes, qu'ils. viennent à bout enfin de » prendre en haine pour toujours, fe cro,, yant plus habiles & plus éclairés que ,, tous les autres, parce qu'ils s'imaginent être les feuls qui ayent compris que dans toutes ces matiéres il n'y a rien de vrai ni d'affuré.

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Socrate démontre l'injuftice de ce procédé. Il fait voir que dans deux partis même également incertains, la fageffe voudroit qu'on choisît celui qui eft le plus avantageux avec le moins de rifque. Si », ce que je dis fe trouve vrai, dit Socrate, il est très-bon de le croire: & fi après ,, ma mort il ne fe trouve pas vrai, j'en aurai toûjours tiré cet avantage dans cette vie, que j'aurai été moins fenfible aux , maux qui l'accompagnent ordinaire

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