Page images
PDF
EPUB

دو

DARIUS, s'engageoit de faire conduire en toute sûreté leurs Ambaffadeurs au grand Roi.,, Byzance, & plufieurs autres villes, fe foumirent aux Athéniens.

Av. J.C.407.

AN.M.3597. Alcibiade, qui fouhaitoit avec une paffion démefurée de revoir fa patrie, ou plûtôt, de fe faire voir à fes Citoyens après tant de victoires qu'il avoit remportées fur leurs ennemis, reprit le chemin d'Athénes. Tous fes vaiffeaux étoient bordés de boucliers & de toutes fortes de dépouilles en forme de trophées; & traînant après lui, comme en triomphe, un grand nombre de navires qu'il avoit pris, il étaloit encore les enfeignes & les ornemens de ceux qu'il avoit brûlés, & qui étoient en plus grand nombre, car les uns & les autres faifoient environ deux cens vaiffeaux. On remarque, que dans le fouvenir de tout ce qui avoit été fait contre lui, en s'approchant du port il fut faifi de quelque mouvement de crainte, & qu'il n'ofa débarquer qu'après qu'il eut vû du haut du tillac un grand nombre de fes parens & de ses amis, qui étoient venus fur le rivage pour le recevoir, & qui le preffoient de defcendre.

Le Peuple étoit forti en foule de la ville pour aller à fa rencontre. Dès qu'il parut, ce furent de tous côtés des cris de joye incroyables. Au milieu de ce nombre infini d'Officiers & de foldats, tous les yeux étoient uniquement arrêtés fur lui comme s'il eût été feul, & on le regardoit comme defcendu du ciel, & comme la victoire

même. Tous, s'empreffant autour de lui, NOTHUS. le careffoient, le béniffoient, & le couronnoient à l'envi. Ceux qui ne pouvoient l'approcher, ne fe laffoient point de le contempler de loin ; & les vieillards le montroient à leurs enfans. On rapportoit avec éloge toutes les belles actions qu'il avoit faites pour fa patrie, & l'on ne pouvoit refufer fon admiration à celles-même qu'il avoit faites contre elle pendant fon exil, dont ils s'imputoient la faute à eux feuls. Cette allégreffe publique étoit mêlée de regrets & de larmes, qu'arrachoit le fouvenir de leurs maux paffés, qu'ils ne pouvoient s'empêcher de comparer avec leur félicité préfente. "Jamais, difoient-ils, ils ,, n'auroient manqué la conquête de la Si>>cile ; jamais toutes les autres espérances qu'ils avoient conçues n'auroient avorté, », s'ils avoient remis toutes leurs affaires & ,, toutes leurs forces entre les mains d'Al,, cibiade feul. En quel état fe trouvoit » Athénes, quand il en avoit pris la protection & la défense! Non-feulement elle avoit perdu la domination prefque entiére de la mer, mais elle étoit à peine demeurée maîtreffe de fes Fauxbourgs; », &, pour furcroît de malheur, elle fe vo» yoit encore déchirée par une horrible » guerre civile. Il l'avoit pourtant relevée & tirée de fes ruïnes; & non content de l'avoir remife en poffeffion de l'empire ,, de la mer, il l'avoit auffi rendu par-tout victorieufe fur la terre ferme, comme fi

دو

رو

[ocr errors]

دو

"

دو

دو

دو

[ocr errors]

دو

دو

[ocr errors]
[ocr errors]

DARIUS,, le fort d'Athénes eût été entre les mains ,, de cet homme feul, foit pour fa ruïne, foit pour fon rétabliffement, & que la victoire fût attachée à fa perfonne & prît fes ordres.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Ce favorable accueil qu'on venoit de faire à Alcibiade, ne l'empêcha pas de demander une affemblée du Peuple, afin qu'on l'entendît dans fes juftifications, fentant bien la néceffité qu'il y avoit pour fa sûreté, qu'il fût abfous dans les formes. I comparut donc, & après avoir déploré fes malheurs, dont il n'accufa que fort légé rement le peuple, & qu'il rejetta entiérement fur fa mauvaife fortune, & fur quelque démon envieux de fa profpérité, il les entretint des deffeins de leurs ennemis, & les exhorta à ne concevoir que de grandes efpérances. Les Athéniens, ravis de l'entendre, lui décernerent des couronnes d'or, le nommerent Général fur terre & fur mer fans donner de bornes à fa puiffance, lui rendirent tous fes biens, & ordonnerent aux Eumolpides & aux Ceryces de l'abfoudre des malédictions qu'ils avoient pro noncées contre lui par ordre du peuple, s'efforçant de réparer l'injure & la honte de fon exil par la gloire de fon rappel, & d'effacer le fouvenir des anathêmes qu'eux

*

* Les Eumolpides & les Ceryces étoient deux familles à Athénes, employées à différentes fonctions dans les myftères de Cérès. Ces noms veaient d'Eumolpus & de Cé

ryx, les premiers qui avoient exercé ces fonctions. Peut-être que le ministère des derniers avoit quelque rapport à celu des Hérants Kupuxes,

mêmes avoient ordonnés, par les vœux & NoTHUS les priéres qu'ils faifoient en fa faveur. Tous les Eumolpides & les Céryces étant occupés à révoquer leurs imprécations, le principal d'entre eux, nommé Théodore, eut le courage de dire, Mais moi, je ne l'ai point maudit, s'il n'a point fait de mal à la ville, infinuant par cette parole hardie, que les malédictions, étant conditionnelles, ne pouvoient ni tomber fur la tête des innocens, ni être détournées de celle des coupables.

Au milieu de cette gloire & de cette profpérité brillante d'Alcibiade, la plus grande partie du Peuple ne laiffoit pas d'être troublée quand on confidéroit le tems de fon retour. Car il étoit arrivé justement le jour où les Athéniens célébroient une fête en l'honneur de Minerve, adorée fous le nom d'Agraule. Les Prêtres ôtoient à la ftatue de la Déeffe tous fes ornemens pour la laver, ce qui fit appeller cette fête Plunteria, & la couvroient enfuite ; & ce jour étoit regardé comme un des plus funeftes & des plus malheureux. C'étoit le vingtcinq du mois Thargélion, qui répond au fecond jour de notre mois de Juillet. Cette circonftance déplut à ce Peuple fuperftitieux, parce qu'il fembloit que la Déeffe patrone & protectrice d'Athénes ne recevoit pas Alcibiade agréablement & avec un vifage ferein, puifqu'elle fe couvroit & fe cachoit, comme pour le repouffer & l'éloigner d'elle.

DARIUS

tie. p. 210.

Toutes chofes lui ayant pourtant réuffi felon fes defirs, & les cent vaiffeaux qu'il Plut. in Al- devoit commander étant prêts, il différa fon départ par une louable ambition de célébrer les grands Myftères: car depuis le jour que les Lacédémoniens avoient fortifié Décélie, & occupé tous les chemins qui menent d'Athénes à Eleufine, la fête n'avoit pas été célébrée avec toute fa pompe & on avoit été obligé de conduire la proceffion par mer. On peut voir au commencement du Volume fuivant toutes les cérémonies particuliéres de cette folemnité.

[ocr errors]

Alcibiade crut que ce feroit une trèsbelle action, qui lui attireroit les bénédictions des Dieux & les louanges des hommes, s'il rendoit à cette fête tout fon luftre & toute fa folemnité en conduifant la proceffion par terre, & en la faifant escorter par fes troupes pour la défendre contre les attaques de leurs ennemis. Car ou Agis la laifferoit paffer tranquillement malgré les nombreuses troupes qu'il avoit à Décélie, ce qui diminuëroit confidérablement la réputation de ce Roi, & terniroit fa gloire ; ou, s'il prenoit le parti de l'attaquer, & de s'opposer à fa marche, il auroit alors la fatisfaction de livrer un faint combat, un combat agréable aux Dieux pour le plus grand & le plus vénérable de tous leurs mystères, fous les yeux de fa parrie & de fes

propres Citoyens, qui feroient les témoins de fon courage, & de fon respect pour les Dieux. Il y a beaucoup d'apparen

« PreviousContinue »