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fecerit, id effe falvum velis, quibus landibus efferemus? quibus ftudiis profequequa benevolentia comple&temur? Parietes medius fidius, C. Cafar, ut miki videtur, hujus curia tibi gratias agere. geftiunt, quòd brevi tempore futura fit illa auctoritas in his majorum fuorum & fuis fedibus. MATIERE de Compofition françoife donnée par écrit.

IL S'AGIT de faire voir combien M. de Turenne faifoit paroitre de pieté & de religion au milieu même des combats & des victoires...

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L'Orateur commencera par un lieu commun, où il montrera combien il il eft difficile à un Général qui fe trouve à la tête d'une armée nombreuse, dene. pas s'élever par l'orgueil, & de ne se pas croire infiniment au-deffus des autres. Les dehors même de la guerre, le bruit des armes, les cris, &c. contribuent à lui faire oublier ce qu'il eft, &' ce qu'eft Dieu. C'eft pour lors que les Salmonées, les Antiochus, les Pharaons, ont l'audace & l'impieté de fe regarder comme des divinités. Mais auffi la religion & l'humilité ne paroiflent jamais avec plus d'éclat que lorfque dans ces occafions elles ren

dent l'homme foumis à Dieu.
C'est dans ces occafions que M. de
Turenne faifoit paroitre plus de pieté...
On l'a vû fouvent s'écarter dans les

bois, & malgré la pluie & la boue se profterner par terre pour adorer Dieu. Il faifoit dire la Meffe tous les jours dans fon camp, & y affiftoit avec une finguliére devotion.

Dans le feu même du combat, dans.. le tems où le fuccès paroifloit infailli-. ble, & où de toutes parts on lui annon-. çoit une victoire affurée, il réprimoit la joie des Officiers, en leur disant : >> Si Dieu ne nous foutient, & s'il n'a» theve fon ouvrage, il y a encore affez. a de tems pour être battus.

En faifant relire cette matiére, on avertit les jeunes gens des endroits. qu'il faut étendre, & on leur donne des ouvertures pour les aider à trou-, ver des pensées.

MATIERE précédente traitée par M. Mafcaron dans l'oraifon funebre de M. de Turenne.

NE PENSEZ PAS, Meffieurs, que, notre Heros perdît à la tête des ar»mées, & au milieu des victoires, ces. » sentimens de religion. Certes, s'il ya,

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→ une occafion au monde où l'ame plei»ne d'elle-même foit en danger d'ou» blier fon Dieu, c'eft dans ces poftes » éclatans, où un homme par la fagefle » de fa conduite,par la grandeur de fon "courage, par la force de fon bras, & » par le nombre de fes foldats, devient » comme le Dieu des autres hommes; » & rempli de gloire en lui-même

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remplit tout le reste du monde d'a» mour, d'admiration, ou de fraieur. » Les dehors même de la guerre, le fon » des inftrumens, l'éclat des armes » l'ordre des troupes, le filence des fol» dats, l'ardeur de la mélée, le com» mencement, le progrès, & la con»fommation de la victoire, les cris » différens des vaincus & des vain» queurs,attaquent l'ame par tant d'en» droits, qu'enlevée à tout ce qu'elle a » de fageffe & de modération, elle ne >> connoit ni Dieu, ni elle-même. C'est » alors que les impies Salmonées ofent » imiter le tonnerre de Dieu, & répondre par les foudres de la terre aux fou» dres du ciel. C'eft alors que les facri. léges Antiochus n'adorent que leurs » bras & leurs cœurs; & que les info→ lens Pharaons, enflés de leur puiffan»ce, s'écrient: C'eft moi qui me fuis

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fait moi-même. Mais auffi la religion » & l'humilité paroiffent-elles jamais plus majestueuses, que lorfque dans

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ce point de gloire & de grandeur elles » retiennent le cœur de l'homme dans » la foumiffion & la dépendance où la » créature doit être à l'égard de fon » Dieu ?

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» M.de Turenne n'a jamais plus vive"ment fenti qu'il y avoit un Dieu au» deffus de fa tête, que dans ces occa» fions éclatantes, où prefque tous les » autres l'oublient. C'étoit alors qu'il » redoubloit fes prières. On l'a vû mê» me s'écarter dans les bois, où la pluie » fur la tête,& les genoux dans la boue, >> il adoroit en cette humble posture ce » Dieu, devant qui les légions des an»ges tremblent & s'humilient. Les » Ifraélites , pour s'affurer la victoire, » faifoient porter l'Arche d'alliance » dans leur camp : & M. de Turenne "croioit que le fien feroit fans force & » fans défense, s'il n'étoit tous les jours » fortifié par l'oblation de la divine » victime qui a triomphé de toutes les » forces de l'enfer. Il y affiftoit avec » une devotion & une modeftie capable d'inspirer du refpect à ces ames du»res, à qui la vûe des terribles mystéres n'en infpiroit pas.

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» Dans le progrès même de la victoire,& dans ces momens d'amour pro pre,où un Général voit qu'elle fe dé» clare pour fon parti, fa religion étoit »en garde, pour l'empêcher d'irriter »tant foit peu le Dieu jaloux par une » confiance trop précipitée de vaincre. » En vain tout retentiffoit des cris de. victoire autour de lui: en vain les » Officiers se flatoient, & le flatoient » lui-même de l'affurance d'un heureux

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fuccès. Il arrétoit tous ces emporte» mens de joie, où l'orgueil humain a » tant de part, par ces paroles fi dignes. de fa pieté:fi Dieu ne nous foutient, » & s'il macheve fon ouvrage, il y a en» core affez de tems pour être battus.

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MEME MATIERE tirée de M. Flechier.

L'ORATEUR Commencera par dire, que M. de Turenne a montré par fon exemple que la pieté attire les bons fuccès, & qu'un guerrier eft invincible, quand il a beaucoup de foi. Il raportoit à Dieu feul la gloire de fes victoires, & ne mettoit la confiance. qu'en lui.

Il citera un fait. Ce grand homme avec peu de troupes avoit attaqué tou

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