Page images
PDF
EPUB

tes les forces de l'Allemagne. Le.combat fut rude & douteux. Enfin l'enne mi commençoit à plier. Les François trient que la victoire eft affurée. M. de Turenne alors leur dit: Arrétez,notre fort n'eft pas en nos mains, & nous ferons nous-mêmes vaincus, fi le Seigneur ne nous favorife: & levant les yeux vers le ciel, il attend la victoire de Dieu feul.

L'Orateur ajoutera ici un petit fieù commun, pour montrer combien il eft. difficile d'être victorieux, & d'être humble tout ensemble. Deux pensées, dont chacune fera tournée en diffé rentes maniéres, & montrée sous dif férentes faces, formeront ce lieu commun. Il est ordinaire que le vainqueur s'attribue à lui-même le gain de la bataille, & s'en regarde comme l'au teur. Et quand même il en rend à Dieu, de publiques actions de graces, il eft. à craindre qu'il ne retienne en secret pour lui-même une partie de la gloire qui n'eft dûe qu'à Dieu..

M. de Turenne n'agiffoit pas ainfi. S'il marche, s'il défend des places, s'il fe retranche, s'il combat, s'il triomphe, il attend tout de Dieu, & lui raporte tout. Il faudra à cha-.

Combat

cune des parties mettre une pensée par

ticuliére.

"M.DE TURENNE a fait voir » que le courage devient plus ferme » quand il eft foutenu par des princi» pes de religion; qu'il y a une pieuse » magnanimité,qui attire les bons fuc» cès malgré les périls & les obftacles; » & qu'un guerrier eft invincible » quand il combat avec foi, & quand » il préte des mains pures au Dieu des » batailles qui les conduit.

» Comme il tient de Dieu toute fa gloire, auffi la lui raporte-t-il toute » entiére, & ne conçoit autre con»fiance que celle qui eft fondée fur » le nom du Seigneur. Que ne puisEin » je vous représenter ici une de ces » importantes occafions où il attaque » avec peu de troupes toutes les forces » de l'Allemagne! Il marche trois jours, paffe trois rivieres, joint les enne»mis, les combat, & les charge. Le » nombre d'un côté, la valeur de l'au» tre, la fortune eft lontems dou» teuse. Enfin le courage arréte la mul» titude, l'ennemi s'ébranle, & com» mence à plier. Il s'éleve une voix » qui crie: Victoire. Alors ce Général fufpend toute l'émotion que donne

»

»l'ardeur du combat ; & d'un ton » févére: Arrétez, dit-il, notre for » n'est pas en nos mains; & nous ferons »nous-mêmes vaincus, fi le Seigneur ne "nous favorife. A ces mots il leve les » yeux au ciel, d'où lui vient fon » fecours; & continuant à donner fes » ordres, il attend avec foumiffion » entre l'efpérance & la crainte, que » les ordres du ciel s'exécutent.

» Qu'il eft difficile Meffieurs » d'être victorieux, & d'être humble >> tout ensemble! Les profpérités mili» taires laillent dans l'ame je ne fai

دو

[ocr errors]

quel plaifir touchant, qui la rem→ »plit & l'occupe toute entiére. On » s'attribue une fupériorité de puif» fance & de force: on fe couronne » de fes propres maîns: on fe dreffe » un triomphe fecret à foi-même : on regarde comme fon propre bien ces » lauriers qu'on cueille avec peine » & qu'on arrose fouvent de fon fang. » Et fors même qu'on rend à Dieu de » folennelles actions de graces, & qu'on pend aux voutes facrées de » fes temples des drapeaux déchirés » & fanglans qu'on a pris fur les enne»mis, qu'il eft dangereux que la va»nité n'étouffe une partie de la re

acviribus debilitari frangique poffit. Ve rùm animum vincere, iracundiam cohibere,victoriam temperare, adverfarium nobilitate, ingenio, virtute praftantem, non modò extollere jacentem, fed etiam amplificare ejus priftinam dignitatem : bec qui faciat, non ego eum cum fummis viris compare, fed fimillimum Deo judico. 3. RAISON. Il y a dans les comya bats quelque chofe de tumultueux, qui, même dans le récit qu'on en entend faire, cause je ne fai quel trouble au lieu que les actions de bonté & de clémence flatent agréablement l'efprit & gagnent le cœur de tous ceux qui en entendent parler.

*Itaque, C. Cafar, bellica tua laudes, celebrabuntur illa quidem non folùm noAris, fed penè omnium gentium literis at

[ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors]

que linguis; neque ulla unquam atas de tuis laudibus conticefcet: fed tamen ejufmodi res, etiam dum audiuntur aut dum leguntur, obftrepi clamore militum videntur & tubarum fono. At verò cùm aliquid clementer, manfuetè, juftè, moderatè, fapienter factum, in iracundia prafertim que eft inimica confilio, & in vitoria qua naturâ infolens & fuperba eft, aut audimus aut legimus: quo ftudio incendimur, non modò in geftis rebus, fed etiam in fictis, ut eos fape, quos nuaquam vidimus, diligamus?

* Te verò, quem prafentem intuemur, cujus mentem fenfufque & os cernimus,ut, quicquid belli fortuna reliquum reipublica

رو

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

res qui font feintes République tout ce que produit en nous une fila fureur de la guerre douce & fi vive impref-a épargnés : par quelles fion d'eftime & d'a- louanges, par quelles mour pour ceux qui en démonftrations de zêle “ font les auteurs & de refpe&t pourrons, que ,, nous ne pouvons nous nous vous témoigner ,, empécher de les cherir notre reconnoiffance ? ,, quand bien même nous Oui Céfar, tout eft" ,, ne les aurions jamais fenfible ici à une telle" génerofité même ces muralles qui vou. droient

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small]

connus.

*

[ocr errors]

que

Vous donc
nous avons le bonheur
de voir de nos yeux,
dont nous connoiffons
les difpofitions & les
fentimens les plus inti-
mes; vous,
dont tous
les defleins ne tendent
qu'à conferver à la

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors][merged small]

ce femble marquer leur allégreffe de ce que vous allez leur rendre leur ancien éclat & rétablir le " Sénat dans fon anciennes autorité,

« PreviousContinue »