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jeunes gens la route qu'ils doivent tenir, l'orateur femble les prendre par la main, & les y faire entrer.

Comme donc le but qu'on fe propofe dans la claffe de rhétorique eft de leur apprendre à mettre eux-mêmes en œuvre les régles qu'on leur a données, & à imiter les modéles qu'on leur a mis devant les yeux : tout le foin des maîtres, par raport à l'éloquence, se réduit à trois choses, aux préceptes de rhétorique, à la lecture des auteurs, & à la compofition.

Quintilien nous apprend que de fon tems la feconde de ces trois parties étoit abfolument négligée, & que les rhéteurs donnoient tout leur tems aux deux autres. Pour ne point parler ici du genre de compofition qui régnoit alors, qu'on appelloit déclamation & qui fut une des principales caufes de la corruption d

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fervir de guides en lui donnant des régles fures, qui apprennent à difcerner le bon du mauvais, foit pour cultiver & perfectionner les avantages qu'il a reçus de la nature.

d'habiles

a Ces préceptes, fondés fur les principes du bon fens & de la droite raison, ne font autre chofe que des obfervations judicieuses, faites par gens fur les difcours des meilleurs orateurs, qu'on a enfuite rédigées par ordre, & réunies fous de certains chefs: ce qui a donné lieu de dire que l'éloquence n'étoit pas née de l'art, mais que l'art étoit né de l'éloquence.

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Il eft aifé par là de comprendre que la rhétorique fans la lecture des bons écrivains eft une science stérile & muette & qu'ici, comme dans tout le refte, b les exemples ont infiniment plus de force que les préceptes. En effet, au lieu que le rhéteur fe contente de montrer comme de loin aux

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jeunes gens la route qu'ils doivent tenir, l'orateur femble les prendre par la main, & les y faire entrer. Comme donc le but qu'on fe pofe dans la claffe de rhétorique eft de leur apprendre à mettre eux-mêmes en œuvre les régles qu'on leur a données, & à imiter les modéles qu'on leur a mis devant les yeux tout le foin des maîtres, par raport à l'éloquence, fe réduit à trois chofes, aux préceptes de rhétorique, à la lecture des auteurs, & à la compofition.

Quintilien nous apprend que de fon tems la feconde de ces trois parties étoit abfolument négligée, & que les rhéteurs donnoient tout leur tems aux deux autres. Pour ne point parler ici du genre de compofition qui régnoit alors, qu'on appelloit déclamation & qui fut une des principales caufes de la corruption de l'éloquence, ils entroient dans un détail de préceptes très long, & dans des questions très épineufes, & fouvent aflez inutiles: & c'eft ce qui fait que la rhétorique même de Quintilien, fi excellente d'ailleurs, paroit en plufieurs endroits fort ennuieufe. Il avoit le goût trop bon pour ne pas fentir que la lecture

dés a auteurs eft une des parties les plus effentielles de la rhétorique, & la plus capable de former l'efprit des jeunes gens. Mais quelque bonne volonté qu'il eût, il ne lui fut pas poffible de réfifter au torrent, & il fe vit obligé malgré lui de fe conformer en public à une coutume qu'il avoit trouvé généralement établie, fe réfervant à fuivre en particulier la méthode qu'il jugeoit la meilleure.

C'eft celle qui domine maintenant dans l'Univerfité de Paris, & à laquelle on n'est parvenu que par degrés. Je m'arréterai principalement fur cette partie, qui regarde la lecture & l'explication des auteurs, après que j'aurai traité en peu de mots les deux autres qu'on peut dire en un certain fens être renfermées dans celle-ci,

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a Ceterùm fentienti- confuetudo aliter docenbus jam tum optima di fecerat legem, &c.

duæ res impedimento | Quintil. l. a. c. 5. fuerunt: quòd & longa

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RHETORIQUE

A BON NE maniére d'apprendre la rhétorique, feroit de la puifer dans les fources mêmes, je veux dire dans Ariftote, Denys d'Halicarnaffe, Longin, Cicéron, & Quintilien. Mais comme la lecture de ces Auteurs, furtout des Grecs, eft beaucoup au-deffus de la portée des écoliers, tels qu'on les reçoit maintenant en rhétorique, les profeffeurs peuvent fe réferver le foin de leur expliquer de vive voix les folides principes qui fe trouvent dans ces grands maîtres d'éloquence, dont ils doivent avoir fait une étude particuliére, & fe contenter de leur indiquer les plus beaux endroits de Cicéron & de Quintilien, où feront traitées les matiéres qu'ils leur expliqueront. Car il feroit ce me femble honteux, qu'on fortît de rhétorique

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